Moon Dogs
Michael et son beau frère Thor, musicien renfermé sur lui-même, vivent sur une petite île des Shetland perdue au nord de l’Ecosse. Même s’ils se parlent à peine, Michael accepte d’aider Thor pour son premier concert qui se solde par un franc échec. A cause de Thor, Michael rate ses examens et se retrouve piégé sur l’île tandis que sa petite amie part à Glasgow vivre sa vie d’étudiante. Mais Michael ne supporte pas son boulot à l’usine de poisson et l’idée que Suzy soit séduite par d’autres hommes, aussi embarque-t-il Thor dans un road trip impulsif mais également initiatique pour les deux jeunes gens. À travers la pétillante et imprévisible Caitlin qu’ils croisent en route et dont ils tombent chacun à leur tour amoureux, Thor et Michael vont devoir grandir, mûrir et se séparer définitivement de leur peau d’adolescent mal dégrossi.
Philip John, bassiste punk, scénariste et réalisateur plusieurs fois récompensé est connu pour WEDDING BELLS, la série BEING HUMAN et plus récemment la série OUTLANDER. MOON DOGS est son premier long métrage. Sa passion pour la musique se ressent fortement dans le film, évidemment à travers le personnage de Thor qui fait de la musique expérimentale avec des sons de la nature, mais aussi celui de Caitlin qui chante des vieilles chansons en gaélique tout en arborant un look très punk.
La musique au cœur du film a été écrite et produite par Anton Newcombe, un artiste reconnu pour son travail notamment dans son groupe The Brian Jonestown Massacre que le documentaire DIG ! a rendu culte. Anton, présent également sur le tournage, prête sa voix au personnage de Thor lors du concert final. Pour le personnage de Caitlin, incarné par Tara Lee, c’est en revanche bel et bien l’actrice, également chanteuse, dont on entend le joli brin de voix.
Avant toute chose, MOON DOGS est un road trip initiatique. Par ses personnages très jeunes encore dans leur peau enfantine, par la thématique choisie, le film s’impose comme une espèce d’odyssée musicale et sexy où nos jeunes acteurs brillants de talent crèvent l’écran devant d’immenses paysages aussi magnifiques que sauvages.
Si Michael apparaît comme le héros du film car il est celui qui agit, qui est le moteur du film, et fait avancer l’intrigue, il apparaît clairement que MOON DOGS est plutôt basé sur l’opposition entre la musique organique de Thor et la musique plus classique mais plus électrique de Caitlin.
Ainsi les longs plans sur la nature où le réalisateur cherche à nous faire ressentir ce qu’écoute Thor, ce qu’il cherche en recueillant tout ces sons, nous plongent littéralement dans son monde. Qui, en comparaison de celui terriblement banal de Michael, est forcément attirant, intriguant, mystérieux. Caitlin s’oppose au monolithe qu’est Thor par son côté impulsif, capricieux, volontaire, joyeux.
Elle est la sexualité, qu’elle incarne sans guère de subtilité d’ailleurs, elle est la vie, aussi cruelle qu’imprévisible, aussi dangereuse que séduisante. Et au milieu de tout ça, Michael apporte l’altérité.
Entre sa verve, son humour, sa maladresse touchante, et le mélange entre son hyper sociabilité et sa susceptibilité, il paraît symboliser l’humanité, cette société que Caitlin provoque, et que Thor fuit.
MOON DOGS est donc un récit initiatique, somme toute plutôt joyeux, dynamique, plein de vitalité, avec de l’humour, et des moments qui paraissent parfois terriblement crédibles et d’autres plus poétiques et métaphoriques. Le film semble parfois danser, virevolter entre les genres comme s’il ne parvenait à choisir. Ce qu’on lui reprochera certainement, avec son côté provocateur, mais c’est ce qui constitue toute sa saveur.