Nati Morti – Alex Visani – 2021
Luna est une jeune embaumeuse obsédée par la mort. Elle consacre son temps à la taxidermie chez elle, dans la maison où elle a grandi. Lors d’une promenade bucolique, elle trouve le cadavre d’une femme et un homme inconscient fortement blessé, une aubaine pour sa passion !
Cela fait une vingtaine d’années qu’Alex Visani officie dans le cinéma d’horreur italien. Il écrit et réalise depuis la fin des années 90 des films longs et courts dont certains sont visibles gratuitement en ligne. Peu connu en France, un de ses derniers films, NATI MORTI, est l’histoire d’une taxidermiste solitaire dont l’attraction nécrophile va jusqu’au désir charnel.
Pendant qu’elle se promène en forêt à la recherche de cadavres d’animaux pour ses travaux, un homme prénommé Tony agresse violemment une femme puis, alors qu’il est blessé, il la tue. On peut penser que ce Tony sera le méchant d’un film s’annonçant comme un rape & revenge. Il sera en réalité à la merci de l’héroïne a priori bien sous tous rapports. Ces deux corps trouvés vont permettre à cette dernière de s’adonner à une œuvre magnifiquement glaciale dans son laboratoire personnel.
Sans cynisme ni humour, NATI MORTI est un bel étalage d’horreurs, un véritable buffet froid de sang et de souffrance. Avec un budget très léger, tout se déroule quasi-intégralement dans la maison, le film a réussi à se faire malgré de grosses difficultés de production. L’équipe est également réduite, Alex Visani a lui-même occupé les postes de chef-opérateur et de monteur. Pour la direction artistique généreuse en détails divers, il a pu compter sur l’aide de Stefano Panfili, célèbre taxidermiste italien dont le savoir-faire a contribué à la création du laboratoire de Luna. Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, il le fait connaître à travers des vidéos en ligne et est assez actif sur les réseaux sociaux. Quant aux maquillages et effets spéciaux, le gore est abondant et les différentes violences sont filmées frontalement avec beaucoup de soin. Plus généralement, l’éclairage crue ne cache aucune des blessures et secrétions corporelles. Tony sue si abondamment qu’il en mouillerait l’écran !
À l’instar des personnages d’ODIO, court-métrage de 2005 réalisé par Visani, les deux héros de NATI MORTI ne peuvent s’apprécier sainement. Leur rapport est basé sur la violence et la méfiance. Ils ne sont pas forcément ennemis, mais chaque coup et chaque crainte font avancer leur relation ainsi que la narration, une des raisons pour laquelle les sévices physiques sont légion tout au long du récit. Le corps maltraité est au centre du film, celui-ci ne peut aller qu’en dégénérant. La seule façon de le mettre en valeur est par l’embaumement une fois mort. Pas forcément dans la violence physique, les autres personnages sont également abordés par rapport à Luna qui est toujours aux aguets. Son antre cache toute sa passion et ses pratiques. Quiconque essaie d’une façon ou d’une autre de le pénétrer représente forcément une menace.
NATI MORTI raconte la rencontre ambigüe entre deux individus, à la fois hostile et attractive. Alors que les pistes sont sans cesse brouillées, le film pose surtout le portrait d’une femme qui vit une passionnante histoire d’amour avec la Mort, son unique partenaire.