Parasites
Venu de la musique, Gabriel Cowan, le réalisateur, a plus d’une dizaine d’albums à son palmarès. En 2003, son amour du cinéma prend le pas et il co-réalise un premier opus, BREATHING ROOM. Plutôt bien accueilli, ce thriller qui lui ouvre la voix de PARASITES mais, touche à tout, Cowan en profite également pour signer un documentaire dont le sujet est à mille lieux de ces films puisqu’il y est question du génocide rwandais. Mais à y regarder de plus près, bien que PARASITES soit une série B fantastique, certains thèmes ne sont pas si éloignés de ce qui est une des plus grandes tragédies du siècle dernier.
Sur l’île Cuttyhunk, un savant étudie une race de parasites et son impact sur l’homme, se rendant compte que ceux-ci peuvent lui permettre de gagner en force et résistance. Malheureusement, l’expérience tourne court et, suite à un incident impliquant ces fameux parasites, l’île perd les trois quarts de sa population. Vingt ans plus tard, Jamie Akerman, une des rares survivantes qui a pu quitter l’île alors que le reste de sa famille n’a pas survécu, reviens sur les lieux du drame, accompagnées de quelques amis. Mal lui en a pris car certains parasites ont survécu, muté, et s’apprêtent à repasser à l’attaque.
Très classique dans sa narration et l’évolution de ses personnages, le film de Gabriel Cowan est un plaisir à l’ancienne, tourné sans prendre en compte les méthodes actuelles pour faire sursauter le public…et c’est tant mieux. Présentant de manière pertinente des personnages qui ne sont pas tous des têtes à claques, le réalisateur prend son temps sans ennuyer, permettant ainsi un attachement qui impliquera d’autant plus le spectateur lorsque les choses vont se dégrader. Mélange de climat paranoïaque façon L’INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURE et de secrets à la TWIN PEAKS le tout orienté survival dans sa dernière partie, PARASITES cite sans jamais s’enfermer dans le catalogue-hommage, trouvant sa propre voix en sabordant de manière intelligente les passages obligés de ce type de films. Ici, la violence physique n’est jamais gratuite et c’est plus la tension psychologique qui est privilégiée, avec notamment un secret de famille qui taraude l’héroïne et la pousse à se mettre en danger dans sa quête de vérité. Les effets gore sont rares mais utilisés au bon moment et le dégout inspiré par les parasites incroyablement bien géré (à voir notamment lorsque quelques-uns des spécimens s’échappent par le coin de l’œil d’une petite fille). Sous couvert de petit film fantastique, c’est un discours sur certaines dérives scientifiques actuelles (les parasites comme métaphore de la nanotechnologie qui nous envahit à notre insu) qui est délivré, sans pour autant s’appesantir sur une morale. Bien plus trouble, le discours du film finit par mettre en perspective une humanité qui est toujours prête au mal, rejoignant ainsi une thématique chère à son auteur. Si le dénouement s’avère conventionnel et n’échappe pas au diktat du frisson final totalement prévisible, il n’en demeure pas moins que PARASITES s’impose comme une petite friandise pour lecteur DVD avide de sucreries plus fines que l’emballage ne le laissait supposer.