PIFFF 2022 – Bilan
La nouvelle édition du Paris International Fantastic Film Festival s’est déroulée comme les années précédentes au Max Linder, en plein Paris, juste en face du grand Rex. L’unique mais grande salle du Max Linder permet d’enchaîner les séances et le rythme était parfois intense puisque pas moins de 7 films étaient proposés le vendredi ! Ce qui n’a nullement rebuté les amateurs qui sont toujours aussi nombreux à répondre présent. La salle était bien remplie lors des séances du soir, prouvant que les festivals participent aussi au retour des spectateurs dans les salles de cinéma !
Le festival s’ouvrait sur SHIN ULTRAMAN, une exclusivité du festival puisqu’il ne sera pas diffusé en salle, c’était donc l’occasion ou jamais de le découvrir sur un grand écran ! L’article consacré au film est disponible sur le site.
Par la suite, nous avons eu l’occasion de découvrir les films en compétitions : GLORIOUS qui nous proposait une version caustique du gloryhole revisité à la sauce Lovecraftienne avec un petit côté LA QUATRIÈME DIMENSION et une bonne dose de flux sanguin.
C’est pendant une forte canicule que se passe THE ELDERLY. Le film traite de la condition des personnes âgées, en reprenant les codes du film de possession et zieute fortement du côté des cinémas de Carpenter et de Shyamalan, mais souffre hélas de vides de scénario et de ficelles un peu trop usées pour convaincre vraiment.
Plus léger au milieu de cette sélection sanglante, LINOLEUM oscille entre Gondry et Araki, une sorte de DONNIE DARKO lumineux sur la crise de la cinquantaine. Rien ne va plus dans la vie de Cameron, avec un divorce qui se profile, un père atteint de démence et son émission scientifique pour enfants qui s’apprête à être remplacée par une émission “sérieuse” animée par un homme qui semble être une meilleure version de lui-même. Devant une vie qu’on lui renvoie comme médiocre, Cameron décide de faire “quelque chose de fantastique”. Le film de Colin West est accompagné par une esthétique pastel et mélancolique qui reflète des questionnements et angoisses existentiels de milieu de vie. La douceur apparente de LINOLEUM le classe un peu à part dans la sélection, à l’instar de LA MONTAGNE de Thomas Salvador.
Plutôt classique dans sa forme, HUESERA a le mérite de l’efficacité et se tient d’un bout à l’autre du récit. Valeria et son compagnon désirent un enfant par-dessus tout mais quand l’heureux événement advient, la réalité d’un corps qui se transforme frappe de plein fouet la future mère. Soulignée par un travail de son très évocateur, Michelle Garza Cervera met en scène une vision très réussie de la scission intérieure de son héroïne.
CANDY LAND de John Swab nous plonge dans le quotidien des prostitués d’un relai routier. Remy, une jeune femme rejetée par sa communauté religieuse conservatrice, les rejoint bientôt, tandis qu’une série de meurtres violents inquiète le groupe. Le film éveille la curiosité mais s’avère finalement assez traditionnel au genre. La qualité principale tient à la représentation de ce lieu organisé par quartier et par compétence professionnelle, sans être misérabiliste ou sordide.
Pour INFLUENCER, FIXATION, EARWIG, DEMIGOD, LA MONTAGNE vous pourrez lire nos avis sur le site.
Bien sûr il y avait aussi des longs-métrages en avant-première, tel que GOOD BOY ou encore V/H/S 99 que nous avons chroniqué sur le site, mais aussi PROJECT WOLF HUNTING, deux heures d’explosion de mâchoires et de cervelles de toutes les manières imaginables dans un bateau rempli de prisonniers fous dangereux et d’une créature mi-humaine mi-autre chose particulièrement hostile.
Le réalisateur Neil Marshall est venu présenter son film THE LAIR, un retour à la série B qu’il affectionne. Hélas, le film qui promettait d’être un moment de pure action décomplexée et réjouissante manque de solidité scénaristique et d’ampleur visuelle. Comme si le réalisateur s’était désengagé de son film et le regardait se dérouler à distance, tout semble un artificiel : la composition de ce groupe de soldats qui ne dépasse jamais le cliché, le rythme des punchlines qui tombent systématiquement à plat, l’engagement injustifié de l’héroïne dans ce bourbier. Le dernier plan est d’ailleurs assez ironique de ce point de vue.
Durant le week-end étaient projetés les courts-métrages français et internationaux en compétition. Le choix était difficile, nous vous avons fait un petit résumé en fin d’article et chacune des sélections est abordée indépendamment sur le site.
Evidemment, il y avait aussi les séances cultes permettant de découvrir ou redécouvrir des classiques comme HAUTE TENSION d’Alexandre Aja, le sulfureux CALIGULA de Tinto Brass et le malheureux STRANGE DAYS qui n’a jamais vraiment eu la chance de rencontrer son public malgré ses qualités évidentes que nous évoquons dans la chronique dédiée. Il y avait aussi le toujours très dérangeant et éprouvant SCHIZOPHRENIA qui mettra fin à la carrière cinématographique de son réalisateur Gerard Kargl.
Nous avons également eu la chance de voir ELECTRIC DRAGON 80.000 V, une curiosité au ton punk de Sogo Ishii. Dragon Eye Morrison, victime d’électrocution dans sa jeunesse, est désormais en proie à des crises de violence qui ne s’apaisent que lorsque son corps est chargé électriquement. Adulte, il s’emploie à retrouver les reptiles perdus, mais son ennemi Thunderbolt Buddha détruit son refuge et le provoque dans un intense duel. Le récit très concentré et finalement peu développé laisse la place à des expérimentations visuelles, à une image très travaillée et au son des guitares saturées, de quoi faire surchauffer vos facultés sensorielles. Les qualificatifs ne peuvent être qu’hyperboliques pour ce film où tout est exacerbé.
Enfin, la soirée de clôture annonçait les gagnants, LA MONTAGNE de Thomas Salvador a incontestablement plu puisque le film a tout raflé ou presque ! De leur côté, le jury des lecteurs de Mad Movie a consacré EARWIG le dernier Lucile Hadzihalilovic. Et puis, côté courts, GNOMES de Ruwan Heggelman a gagné le prix des courts-métrages internationaux choisi par le public, mais c’est surtout COLONIE de Romain Daudet-Jahan qui remporte le prix ciné + frisson en plus du prix public. Enfin, LES RACINES SAUVAGES de Nicolas Millot a été récompensé par le jury des courts-métrages.
Le festival se terminait avec VÉNUS le dernier film de Jaume Balaguero avec une bonne dose d’adrénaline, parfaite pour terminer en beauté !