Popcorn
Réalisé en 1991, POPCORN appartient à la vague du slasher dont il constitue un des derniers représentant notables (comprenez qu’il eut droit à une sortie cinéma et non pas aux étagères poussiéreuses du fond des video-clubs) avant le revival humoristique de la fin des années 90. Le scénario était signé Alan Ormsby, lequel avait rédigé trois classiques de l’épouvante: LE MORT VIVANT, CHILDREN SHOULDN’T PLAY WITH DEAD THINGS et DERANGED. Ensuite, Ormsby s’orienta davantage vers le grand public en écrivant le premier SUBSTITUTE (qui donna lieu à trois séquelles) ou encore PORKY’s 2. C’est justement Mark Herrier, un acteur qui incarnait le jeune Billy dans la trilogie PORKY’s que l’on retrouve ici derrière la caméra, aux côtés d’Ormsby lui-même (mais non crédité).
L’intrigue tourne autour d’une bande d’étudiants qui décident d’organiser une nuit du cinéma d’horreur pour trouver les fonds nécessaires à la réalisation de leurs propres œuvres. Ils décident de projeter trois vieux machins. Le premier, “Mosquito” a été filmé en relief et le clou du spectacle est l’attaque du public pas un moustique géant mécanique. Le second “La puanteur” est en odorama et le dernier, “L’attaque de l’incroyable homme électrique” permet d’envoyer de petites décharges via les sièges des spectateurs. La nuit s’annonce donc mouvementée et chahutée d’autant qu’un tueur en série (le fantôme d’un réalisateur fou?) vient se mêler au public bruyant et costumé.
POPCORN constitue surtout un bel hommage à la fois respectueux et parodique aux gimmicks popularisés par certains réalisateurs bateleurs des années 50, comme William Castle. Les trois films dans le film qui nous sont présentés s’avèrent donc amusants et se regardent avec le sourire. Malheureusement POPCORN proprement dit n’est qu’un banal slasher de plus, sorti sans beaucoup d’éclat à une époque où le public commençait sérieusement à se lasser de ces sempiternelles intrigues à base de tueurs revanchards et d’étudiants embarqués pour une nuit d’amusement. POPCORN tente de varier un tant soit peu la recette mais, excepté le cadre original, le tout tombe très vite dans les pièges coutumiers des slasher de série.
La vraisemblance ne semble pas non plus fort recherchée par le scénariste tant il paraît évident que l’organisation d’une telle nuit, avec toutes les machineries nécessaires, coûterait une véritable fortune. Les spectateurs, par ailleurs, sont quasiment tous costumés et maquillés et lancent à bon escient l’une ou l’autre vannes comme si ils venaient d’une projection du ROCKY HORROR PICTURE SHOW.
Néanmoins cet aspect nostalgique et décontracté offre une plus-value certaine à un métrage sinon très routinier. Les meurtres, assez peu nombreux et sans doute trop gentil pour les amateurs du genre, se succèdent à intervalles réguliers. Si ils manquent de mordant, les assassinats compensent en partie leur frilosité dans le gore par une certaine originalité. Le métrage tente aussi, à mi-parcours, de se rapprocher de titres comme L’ABOMINABLE Dr PHIBES ou LE FANTOME DE L’OPERA plutôt que de copie inutilement les succédanés de VENDREDI 13.
Les acteurs, hélas ne sont pas franchement convaincants. On note quand même la présence dans le rôle principal de Jill Schoenen, une scream-queen également vue dans THE STEPFATHER, PHANTOM OF THE OPERA 99, CUTTING CLASS ou TERREUR SUR LA LIGNE 2. A ses côtés, Tony Roberts, coutumier de Woody Allen ayant également joué dans SERPICO et AMITYVILLE 3-D, apparaît brièvement, de même que Dee Wallace Stone (E.T., CRITTERS, CUJO mais aussi les beaucoup plus embarrassants ALLIGATOR 2, I’M DANGEROUS TONIGHT ou TEMPTRESS) ici totalement inexploitée.
En définitive, POPCORN n’est pas un mauvais film mais l’impression générale est celle d’un grand potentiel gâché. Ce qui s’annonçait comme un hommage aux classiques de grand-papa se relève en définitive n’être qu’un slasher de plus, ni pire ni meilleur que bien d’autre sortis dans les années 80. L’ensemble mérite une petite vision pour les nostalgiques mais, dans l’ensemble, POPCORN se révèle plus ennuyeux que divertissant.
Un coup dans l’eau!