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Trois ans après sa première réalisation, DEATHMASTER (1972), l’acteur Ray Danton retourne derrière la caméra pour nous livrer ce PSYCHIC KILLER, film étrange qui, tel un apprenti funambule perché sur un très haut fil, avance parfois dangereusement, perdant son équilibre et manquant souvent de se planter complètement, pour cependant, à chaque fois, se ressaisir et au final terminer son chaotique parcours avec les honneurs.
Arnold Masters a été condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis et purge actuellement sa peine au sein d’un établissement psychiatrique. Durant son incarcération, sa mère bien-aimée est morte, victime de mauvais soins. Emilio, un autre détenu, après avoir écouté l’injuste histoire du malheureux innocent, lui promet son aide. Quelques temps plus tard il se suicide, léguant à Arnold un mystérieux médaillon. Rapidement, le jeune homme est libéré et se retrouve à nouveau chez lui, mais désespérément seul. Il décide de venger sa mère en éliminant tous ceux qu’il juge responsables de sa mort. Doté d’un pouvoir de télékinésie, grâce au médaillon d’Emilio, il peut également entrer dans un état catatonique et permettre à son corps astral de se détacher de son enveloppe charnelle afin de voyager dans l’espace et d’aller rendre sa propre justice. Les lieutenants Morgan et Anderson, chargés des enquêtes sur ces morts étranges, sont persuadés de la culpabilité d’Arnold, mais ne peuvent rien prouver puisqu’il n’était jamais présent sur le lieu des drames. De son côté, la gentille psychiatre Laura Scott renoue le contact avec son ancien patient puis, à la demande de la police, essaie d’obtenir des aveux d’Arnold qui, conscient du fait qu’il est sous surveillance et fort de son pouvoir, joue maintenant au chat et à la souris avec les inspecteurs…
Le film s’ouvre sur un séquence forte et magistralement mise en scène où l’on découvre Arnold Masters (Jim Hutton, le père de Timothy) en pleine crise d’angoisse, tentant de s’échapper de son unité psychiatrique tout en appelant sa mère, avant d’être brutalement maîtrisé et sédaté par ses geôliers sous l’œil impuissant et désolé du Dr. Scott (Julie Adams, rescapée de L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR en 1954 et épouse de Raymond Danton à l’époque). Terriblement efficace, cette introduction plonge le spectateur directement au cœur du récit et laisse présager une œuvre aussi intéressante qu’inédite. Mais la suite ne sera pas d’une aussi bonne tenue et le film, fourmillant d’idées sympathiques, n’arrive hélas jamais à s’élever au-dessus de sa modeste condition de série B horrifique. La faute à un budget trop réduit dont Danton ne sait pas toujours tirer parti, donnant à la plupart des scènes dialoguées, dans des décors quasi vides, un aspect fauché assez risible. De plus, l’acteur Paul Burke, un habitué des séries télévisées, qui joue le rôle du lieutenant Morgan, donne plus l’impression de réciter son texte que de vivre son personnage.
Par contre, à côté de toutes ces maladresses, le film offre quelques bons moments, notamment lors des scènes où Arnold, ou plutôt son esprit, car son corps reste toujours allongé dans son fauteuil, bien en vue des policiers, élimine ceux qui ont contribué au décès de sa chère maman. Ainsi une sexy mais mauvaise infirmière (Mary Wilcox, l’insatiable nécrophile de LOVE ME DEADLY (1972) sera ébouillantée sous sa douche avant de passer à travers la porte vitrée de la cabine, non sans nous avoir auparavant gratifié d’un petit strip-tease aussi gratuit que charmant. Egalement au rayon des morts stupides mais jouissives, celle du boucher (Neville Brand, le cinglé du CROCODILE DE LA MORT (1977) qu’il est toujours plaisant de retrouver dans un film d’horreur) qui va finir débité en quartier de viande suite à une improbable et malencontreuse chute dans son établissement.
Bien au-delà de toutes ces réjouissances, transparaît la déviante thématique de l’auto-justice. Arnold Masters peut s’abriter derrière le lien très fort qui l’unissait à sa mère, pouvant relever d’une pathologie psychiatrique, pour justifier ses actes. Par contre la conduite de Morgan est plus ambiguë et discutable. Sachant pertinemment qu’il ne pourra jamais prouver la culpabilité de Masters, il décide, comme de nombreux autres policiers de cinéma d’ailleurs, d’utiliser une voie plus expéditive pour rendre la justice. Par contre, le moyen utilisé se révèle particulièrement cruel, et bien plus horrible que ceux employés par Masters, qui finit par (re)devenir la victime d’un système dont il était exclu.
Ecrit à six mains, le scénario de ce petit film assez intriguant est le fruit de la collaboration de Ray Danton avec Mike Angel et Greydon Clark. Mike Angel est, entre autres, responsable des scripts de FEMALE FEVER (1977) et GROTESQUE (1988). Quant à Greydon Clark, qui joue un petit rôle de flic dans le film, il est surtout connu des amateurs pour être le réalisateur de quelques perles telles que SATAN’S CHEERLEADERS (1977), SKINHEADS (1989) ou encore LAMBADA, LA DANSE INTERDITE (1990). Si ces deux acolytes poursuivront leur carrière dans l’écriture et la réalisation pour le cinéma, Ray Danton par contre ne travaillera plus que pour la télévision, mettant en scène toute une flopée d’épisodes pour des séries aussi populaires que L’Incroyable Hulk, Dallas et Magnum.
Proposant un amusant plan final, PSYCHIC KILLER, en dépit de ses maladresses et de son absence de cohérence globale, se laisse voir assez facilement, sans provoquer ni passion, ni ennui, ce qui n’est déjà pas si mal.
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Article rédigé par Éric Peretti
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