Revenge
Richard et Jennifer passent un moment idyllique dans le désert américain lorsque l’arrivée de ses deux associés transforme le week-end en amoureux en fête gigantesque. Mais le lendemain, Jennifer se retrouve seule avec les deux associés de son amant. L’un d’eux la coince dans la chambre et la viole tandis que l’autre ignore les cris de Jennifer en augmentant le volume de la télévision. Quand Richard revient, au lieu de l’aider, il essaie de la faire taire en la poussant d’un mont rocheux non loin de la villa. Mais Jennifer survit à sa chute et, traquée par les trois hommes, décide de se venger.
REVENGE est ce qu’on appelle un « rape and revenge » genre de film plutôt perçu comme machiste bien qu’il offre à la femme violée et abusée, l’occasion de faire payer aux hommes l’ayant bafoué la monnaie de leur pièce. Réalisé par une femme, Coralie Fargeat, française qui plus est, REVENGE prend une teinte très féministe entre ses mains où Jennifer paraît être une jolie jeune femme naïve et idéaliste qui se transforme en ange vengeur assumant sa féminité, mais aussi sa rage et sa férocité.
Coralie Fargeat est l’une des rares réalisatrices françaises à s’intéresser aux films de genre. Précédemment, elle avait fait un long métrage de science-fiction REALITY aux inspirations Dickiennes. Membre du collectif la SQUADRA qui réunit sept jeunes cinéastes s’intéressant au cinéma de genre, elle fait parti d’un même mouvement féminin s’intéressant au cinéma de genre, biberonné au cinéma américain et de genre plus généralement, qui a porté aux nues Julia Ducournau qui a réalisé l’année dernière GRAVE.
Adoptant pleinement la vague de films de genre français portés jusqu’aux Etats-Unis par Alexandre Aja, REVENGE est violent, gore, généreux parfois même outrancier, baignant dans des litres de sang, mais avec une touche de pop et de coloré, porté par une esthétique léchée qui lorgne carrément du côté du cinéma américain ne serait-ce que par le choix du désert américain ou des archétypes des personnages entre le gros rigolo et le beau garçon qui réussit tout dans la vie et surtout, la belle blonde superficielle. Mais assez vite, les masques tombent et les codes du genre donnent naissance à une véritable mue des personnages qui laissent libre cours à leur animalité et leur nature profonde.
Son héroïne subit une véritable mue, passant de la femme sexy, drôle et peu farouche à la guerrière venant prendre sa vengeance dans une flaque de sang, retournant face aux hommes leurs armes et leur violence. Par son trajet, elle ressemble au personnage de Daenerys Targaryen dans la série GAME OF THRONE qui est d’abord une princesse, poupée délicate, consciente de son statut de femme objet et voulant s’en défaire, mais sans savoir comment, à femme guerrière et vengeresse qui veut faire ployer le monde comme ce dernier a essayé de la faire plier. Mais ce féminisme n’est jamais construit aux dépens du fun du spectateur, au contraire, cette transformation s’opère dans cette esthétique très hollywoodienne.
Jusqu’au boutiste, quasi un film de fantasme, entre les figures iconiques invoquées (MAD MAX, TOMB RAIDER et KILL BILL) et le caractère super héroïque de son héroïne, REVENGE est pop, acidulé, mais aussi violent et sans concession. Spectacle jouissif pour ceux ayant le cœur bien accroché et aux amateurs du film de genre.