Ruines – recueil de 17 nouvelles dédiées aux vestiges
Ruines, c’est un recueil composé de 17 nouvelles écrites par 17 auteurs… Dont une de notre rédactrice Sophie Schweitzer.
On ne va pas dire depuis combien de temps Sophie écrit pour Sueurs Froides, disons juste que cela fait très, très longtemps.
Et plutôt que de faire une news pour vanter les mérites du recueil, nous avons opté pour une petite interview de Sophie…
Tu es rédactrice à Sueurs Froides, et tu as décidé d’aller voir d’autres horizons. Tu as écrit une nouvelle pour un recueil. Peux-tu nous dire pourquoi ? Le travail d’écriture pour Sueurs Froides n’était pas assez… ?
Techniquement, j’écrivais des nouvelles avant même d’écrire la moindre chronique. Je crois même avoir commencé à écrire avant de comprendre ce qu’était le cinéma. Mes premiers souvenirs d’écriture remontent au collège, où on écrivait à plusieurs sur un cahier. Même si, depuis toute petite j’imagine des histoires. D’ailleurs, c’est l’envie de voir ces histoires illustrées et mises en scène qui m’a poussée vers des études de cinéma qui m’ont ouverte à l’analyse des films et ainsi la boucle est bouclée !
Pour la petite histoire, j’ai réalisé deux courts-métrages, dont un était l’adaptation d’une nouvelle de Lovecraft. Mais je n’ai jamais adapté mes propres textes. Je ne suis pas certaine qu’un auteur soit le mieux placé pour mettre en images ses propres histoires, comme en témoigne la courte carrière de réalisateur de Stephen King. Ceci dit, j’adore la réalisation de Clive Barker alors peut-être qu’en fait on peut être l’auteur et le réalisateur dans le même temps de la même histoire ? Mais je m’égare.
Donc j’écrivais depuis très longtemps, mais je n’avais pas vraiment pensé à chercher à éditer mes histoires, je pensais qu’elles n’étaient pas assez intéressantes. Ce sont des amies avec lesquelles je fais du jeu de rôle textuel qui m’y ont poussé. Après plusieurs envois, j’ai reçu une réponse positive. Il y a d’abord eu La Chasse publiée dans l’anthologie Exsangue chez les éditions Les Tourments en 2020 et puis en ce début d’année, Au Bal Vauvert dans l’anthologie Ruines par les éditions bretonnes du Grand Chien Noir sur un Dolmen.
Comment cela s’est-il passé ?
Je vais rarement sur Facebook, étant plus présente sur Instagram et Tiktok. Mais quand j’ai vu passer l’annonce des éditions du Grand Chien Noir sur un Dolmen, j’ai eu envie de leur envoyer ma nouvelle. Ils sont basés en Bretagne et j’ai un lien très fort avec cette région. Je n’y suis plus actuellement, du fait du travail, mais j’y reviens dès que je peux. C’est vraiment une terre de légende, qui a conservé fièrement son passé, contrairement à d’autres régions qui malheureusement semblent avoir perdu leurs racines.
J’ai aussi des origines lorraines et là, le seul passé qu’on évoque est celui des deux guerres mondiales, ce qui fait moins rêver que les légendes arthuriennes et la mythologie celte ! Ces dernières font pleinement partie de mon imaginaire. Et je suis très heureuse que ma nouvelle soit publiée chez eux aux côtés d’autres auteurs bretons !
D’ailleurs, petit message, on a des auteurs qui font vivre nos régions et leurs légendes mais le cinéma de genre se cantonne un peu trop à mon goût aux métropoles et aux villes modernes. J’aime bien Paris et sa banlieue, mais c’est un peu trop convenu au cinéma. J’aimerais voir des films de genre qui se passent dans une petite ville de Bretagne ! Bon je dis ça, mais ma nouvelle se déroule à Paris. Ceci dit, dans un Paris un peu ancien, celui de Émile Zola et de l’absinthe !
Ben mince, comment on va faire pour trouver quelqu’un qui a envie d’écrire sur le cinéma des années 80 si d’aventure tu souhaites continuer l’écriture littéraire ?
Oh j’aurais toujours envie de parler des années… 70. C’est pour la blague, mais en fait j’adore toutes les décennies. Bon les années 2000 n’étaient pas terribles en matière d’horreur. Surtout en cinéma français de genre (et je ne parle même pas du cinéma italien de ces années-là). Mais je pense que je reviendrai toujours à la chronique. Parce qu’un artiste a besoin de se nourrir d’autres œuvres. Le cinéma m’a toujours inspirée, tout autant que la littérature. Et je vais vous dire un secret : mais je trouve que rien ne me donne plus envie d’écrire qu’une œuvre ratée. On apprend tellement de nos échecs, mais aussi de celui des autres ! Il y a toujours quelque chose à apprendre du travail des autres et puis cela nourrit notre imaginaire !
Ceci dit, j’ai compris que l’idée de la question était de me demander quels sont mes projets. Alors ils sont assez nombreux, mais j’ai envie de parler du dernier texte sur lequel j’ai travaillé, il s’agit d’une novela (nouvelle un peu grande) qui se passe en Bretagne et qui s’inspire de l’univers de Lovecraft tout autant que de la mythologie celte. C’est un texte assez personnel également, qui parle d’une ville où ont vécu deux générations de femmes de ma famille, trois si je compte ma mère qui s’y est trouvée brièvement, le temps d’un mariage.
Et cette ville est actuellement quasi morte, à l’abandon. J’ai trouvé ça tellement triste et à la fois, ça m’a immédiatement inspiré un texte. J’y dénonce un peu l’abandon des campagnes, il est vrai, la disparition d’une certaine ruralité vivante telle qu’on l’a connue, mais aussi la friction de plus en plus épaisse entre citadins et ruralité. Bref, j’espère que ce texte sortira un jour car il m’est cher. Sinon j’ai aussi des romans sur le feu, dont un qui met en scène un Roi-Soleil faisant face à des fées pas contentes qu’il bâtisse Versailles sur leur marécage !