Un texte signé Mazel Quentin


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Sadique-master Festival

Sadique-master Festival

Le 6 et 7 Mars avait lieu, au cinéma Les 3 Luxembourg (Paris), la première édition du Sadique-Master Festival. Après une campagne Ulule couronnée de succès, deux éditions virtuelles (2013 et 2014), diffusées sur internet via une plateforme de streaming, cette année 2015 était celle d’un évènement réel.
Dédié au cinéma extrême et underground, le Sadique-Master Festival a proposé une sélection, de six longs et quatre courts-métrages éclectiques et souvent inédits. La compétition long-métrage fut encadrée par un jury haut en couleur. On y retrouve Quarxx, auteur du très remarqué moyen-métrage NUIT NOIRE, Dejan Ilic réalisateur du très attendu BUBBLE GUM CRYSIS et Alan Deprez réalisateur et rédacteur chez Cinéma Fantastique et Hot Vidéo entre autres. Un très joli jury donc, pour cette première édition.

C’est le court-métrage métrage brésilien PRAY de Claudio Ellovitch qui ouvrit les hostilités. Une œuvre psychédélique d’une grande qualité formelle, qui n’est pas sans rappeler le travail du sieur Jodorowsky. On y suit une figure christique arpentant un monde militarisé et décadent, où se côtoient des représentations chamaniques et ésotériques. Une très belle découverte à la folie hypnotique.
PIECES OF TALENT, est le premier long métrage de la sélection. Réalisé par Joe Stauffer, le film raconte l’histoire d’un vidéaste amateur assassinant ses acteurs face caméra. Lors d’une soirée il rencontre une jeune et apprentie actrice pour laquelle il éprouvera un amour peu conventionnel. Touchant, malgré un rythme inégal, le film propose de très beaux moments. Étonnement organisé autour des dialogues, le film propose peu de scènes réellement violentes. Joe Stauffer arrive, par un habile travail de réalisation à créer une identité personnelle très appréciable à son métrage, le tout baignant dans une générosité et un enthousiasme communicatif.

LEURRE de Pierre Reynard nous plonge pendant les quelques minutes que dure ce court-métrage dans la tête d’un tueur en série. L’image est enlacée par une voix off froide exprimant les désirs sadiques d’un personnage dont on verra les méfaits à travers ses yeux.
CARCINOMA d’Art Doran, fut la petite perle du festival, très attendu par le public et récompensé par le Jury, le métrage raconte la longue décrépitude physique et morale de Dorian, atteint d’un carcinome. Radical et percutant le film est rempli d’idée de réalisations étonnantes et efficaces. Plaçant le spectateur dans la tête de son personnage principal, CARCINOMA peut s’assimiler à une expérience vers la mort. Beau et viscéral, le film est une proposition cinématographique honnête et pertinente qui sort des sentiers battus.

WOUND de David Blyth, le film qui a le moins convaincu les spectateurs du festival, raconte une histoire de dominations conjugales sur fond de sexualité « bestiale ». Il fut précédé par le superbe court-métrage d’Alan Deprez EROTOMANIA, réalisé à l’occasion des trente ans du BIFFF. Un hommage au Pinku Eiga Japonais, dévergondée et spontanée, cette petite capsule est un vrai plaisir pour les yeux.

Billy Pon nous offre avec son CIRCUS OF THE DEAD un métrage rythmé et débridé où une bande de clowns font du kidnapping le clou de leurs spectacles. Festif comme un spectacle de Grand Guignol, le film est particulièrement savoureux. On retiendra un méchant emblématique et charismatique, Papa Corn, loufoque et survolté, qui apporte une vivacité nerveuse au film. Il semblerait qu’une suite soit d’ailleurs en préparation. Le film de Billy Pon fut précédé du court-métrage métrage DO de Marc Lahore, produit par Julien Savès (Broken Productions), une fable satirique et amusante qui prend pour sujet les laissés-pour-compte de la société.

AMATEUR PORN STAR KILLER de Shane Ryan est un film étrange qui n’a malheureusement pas rencontré son public. Une histoire simple comme une blague carambar ; un jeune homme rencontre une jeune fille, l’emmène dans un hôtel, la viole puis la tue. Dans un style found footage, le film joue la carte de l’imagerie du snuff movie. Un rythme très lent, des dialogues creux et répétitifs, une mise en scène inexistante sont les arguments principaux de ce rejet par le public. Cependant, le film nous semble être une excellente idée de programmation, voire le film le plus pertinent à découvrir en salle. Emprisonné dans les sièges rouges (ou bleus…) du cinéma, le film est une expérience étrange et déconcertante. Les dialogues répétitifs en creux façonnent parfois une ambiance dérangeante qu’il aurait été bien difficile à mettre en place sur un écran de télévision, où la télécommande n’est jamais trop loin pour arrêter un film. Dans cette configuration, l’on y éprouve le temps et le manque, le film laisse finalement place à des sensations déroutantes. Si cet AMATEUR PORN STAR KILLER souffre de lacunes, il propose pourtant un moment avec deux personnages borderlines dont la « psychologie » (un bien grand mot tout de même) se développe petit à petit grâce à des dialogues évidés, mais étonnamment très signifiant. Film insolite où les « erreurs » sont aussi ce qui font de lui un OFNI mystérieux et donc pas si inintéressant qu’on pourrait le croire.

CROSS BEARER, d’Adam Ahlbrandt clôtura le festival par un moment généreux en hémoglobine et poitrine dénudée. Ce slasher décomplexé raconte l’histoire d’un tueur en série habité par les voix du seigneur qui s’est donné pour mission de tuer les prostitués à l’aide d’un marteau. Graphique et spéculaire le film est un petit moment de plaisir coupable. Au fond, que demande le peuple? Du pain et des jeux. Qui, dans une formulation moderne se rapprocherait de : « des seins et du sang ». Il y a des films qui réussissent à contenter ce fait, avec fougue et humilité.

Cette première édition festival Sadique-Master est une belle réussite, faisant quasi salle comble avec une sélection atypique et étonnante le tout, dans une ambiance familiale très appréciable. Un moment de rencontre et de découverte dont on attend avec impatience la suite.






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Article rédigé par : Mazel Quentin

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