Surfer Killer
Jordan Kazinetz est un homme courageux. Non content de se faire plaisir en réalisant des courts métrages amateurs totalement fous, il se débrouille également pour en assurer la diffusion au plus grand nombre. Et à la vision de ces bandes potaches, il faut bien reconnaître que le bonhomme n’a vraiment peur de rien. En effet, réalisés sans le sou, ses films souffrent de toutes les tares techniques possibles, et les capacités de jeu limitées qu’offrent les amis et les membres de la famille ne viennent guère rehausser le niveau. Malgré tout, le résultat parvient à être sympathique, à défaut d’être réussi, et la vision d’un titre tel que GOREDORAK LE FLESHMAKER CONTRE LES ZOMBIDONS se révèle assez plaisante tant le mince filet scénaristique n’est qu’un prétexte à une débauche d’effets sanglants. Kazinetz tentera quelque chose de plus ambitieux avec EVISCERATION D’UN RÊVE, mais la complexité du scénario et sa structure narrative seront victimes, une fois de plus, de la faiblesse du jeu des acteurs et des moyens techniques dont il disposait.
Le temps passe et Jordan Kazinetz persiste à tourner pour nous livrer à présent le délirant et très efficace SURFER KILLER, qu’il signera du pseudo Cathy Splatter. Si les conditions de production ne changent pas de ses premiers films, on ressent toujours l’urgence du tournage, le travail sur la mise en scène et le montage témoigne d’une amélioration certaine, toujours dans une moindre mesure, de son style. Quant au scénario, digne d’une production Troma, il décrit les aventures d’un surfer blondinet qui, après avoir reçu un seau de plutonium sur le visage de la part de deux minettes qu’il matait sur la plage, se transforme en un mutant assoiffé de vengeance et commence à décimer les jolies plagistes…
En délaissant les effets spéciaux très gore au profit d’artifices sans doute plus économiques et plus facilement utilisables sur une plage avec du public, le film gagne en humour ce qu’il perd en crédibilité. Car SURFER KILLER est drôle, que ce soit dans ses dialogues, souvent rajoutés après le tournage, totalement crétins, ou que ce soit dans les situations qu’il met en scène, comme l’hilarant entraînement de l’équipe de volley par exemple. Alors qu’importe si les acteurs ne sont toujours pas bons, ils s’éclatent un max, et nous aussi par la même occasion. Cet humour absurde permet de ne pas décrocher et, bien conscient qu’il ne faut pas en faire trop, Kazinetz limite son film à 15 minutes, évitant ainsi de gaver son public. Fort de son sujet, le film se paie même le luxe de s’offrir en guest star, bien malgré lui, le grand Clint Eastwood en personne.
Recommandé à tous ceux qui ont l’esprit ouvert, SURFER KILLER est le court idéal qui remplira parfaitement le quart d’heure de pause entre deux grands classiques du cinéma, histoire de susciter des vocations de terroristes visuels, car en toute finalité, ce film ne possède qu’un seul défaut, qui est paradoxalement son unique qualité, il existe.