Teenage Hitchhikers
Mouse et Bird (Souris et Pinson dans la VF) sont deux jeunes filles dévergondées éprises d’amour et de liberté. L’une, blonde, et l’autre, brune, quittent un jour le giron familial pour tenter l’aventure en auto-stop. Elles vont successivement rencontrer un groupe de musiciens avec ses groupies, un serveur timide dans un relais routier, un représentant en lingerie féminine, un violeur tourmenté, une bourgeoise lesbienne, un shérif libidineux et un excentrique collectionnant les épaves de voitures. Durant leur périple, elles font également la connaissance de Jennie, ayant fugué après un chagrin d’amour. Le trio va finalement échouer dans un repaire de hippies partouzeurs…
TEENAGE HITCHHIKERS (à ne pas confondre avec SCHOOLGIRL HITCHHIKERS, titre d’exploitation anglo-saxon du film JEUNES FILLES IMPUDIQUES de Jean Rollin) fait partie de ces nombreuses productions indépendantes qui furent tournées dans les années 1960/70, le plus souvent avec un budget restreint, et dans un créneau spécifique : celui de la sexploitation. L’abolition de nombreux tabous et l’adoucissement de la censure permirent à ces œuvres « licencieuses » de voir le jour, et furent l’un des symboles de la libération sexuelle. TEENAGE HITCHHIKERS, réalisé par Gerri Sedley (une parfaite inconnue dont ce sera l’unique film), peut se définir comme un road-movie sexy dans lequel les trois héroïnes vont pouvoir tester leur pouvoir de séduction à travers leurs différentes rencontres. A un détail prêt : Mouse et Bird ne sont pas des anges, et elles essaieront la plupart du temps de voler de l’argent à leurs victimes, souvent pour manger ou acheter des vêtements, mais surtout être en mesure de poursuivre leur route (à cause de différents familiaux, elles ne veulent pas rentrer chez elles).
Pour soutirer du fric, de la nourriture ou des fringues, nos demoiselles ne manquent pas d’imagination. Sûres de leurs charmes, sans le moindre complexe, elles vont se lancer dans des numéros de striptease, s’exhiber pour être prises en stop et séduire tous les hommes possibles (et même une femme en manque d’amours saphiques). A voir leurs différents effeuillages, on constate à quel point les canons de beauté ont évolué en l’espace d’une trentaine d’années. Les trois actrices principales partagent le point commun d’avoir de petits seins, ce qui contraste avec les poitrines opulentes, souvent siliconées, d’aujourd’hui. L’érotisme demeure soft dans l’ensemble, avec toutefois comme point d’orgue une longue scène de partouze de près d’un quart d’heure dans la dernière partie. Agrémentée d’une bande musicale rock’n’roll fort sympathique, le spectateur s’amusera de voir les acteurs s’activer sur leurs partenaires au rythme de la musique.
L’humour est d’ailleurs une constante de ce TEENAGE HITCHHIKERS. Un humour très slapstick, avec entre autres des personnages se poursuivant en accéléré, dans l’esprit des films muets d’autrefois. Reconnaissons que tout ceci n’est pas très subtil ; mais l’œuvre est parfaitement ancrée dans une époque où l’insouciance, la recherche de l’épanouissement sexuel et un besoin de liberté auront marqué les esprits de toute une génération.
A propos du casting, on retiendra que la brune Pinson est incarnée par Sandra Peabody, l’infortunée héroïne de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE, de Wes Craven. Chris Jordan endosse quant à elle le rôle de la blonde Souris. Cette actrice filiforme fera carrière dans des productions érotiques et hardcore, et tournera en plusieurs occasions avec l’un des maîtres incontestés de la sexploitation : Joseph W. Sarno. Ainsi la verra-t-on notamment dans DEEP THROAT II, CONFESSIONS OF A YOUNG AMERICAN HOUSEWIFE ou encore ABIGAIL LESLEY IS BACK IN TOWN. Dans la vie, la jeune femme eut une liaison avec Eric Edwards, l’un des grands hardeurs américains de l’époque, et qui fait d’ailleurs un caméo dans le film. A noter enfin la présence de Claire Wilbur, qui aura une carrière éclair dans le cinéma, mais restera inoubliable pour sa prestation dans SCORE, tourné par un autre réalisateur de génie dans le domaine de l’érotisme : Radley Metzger.
En résumé, sans être mémorable, TEENAGE HITCHHIKERS est une honnête production, avec un trio d’actrices charmantes, dont l’enthousiasme parvient à compenser la lourdeur de certains gags. Et puis, tous ceux qui restent nostalgiques des années 70 apprécieront certainement l’ambiance très « Woodstock » qui se dégage du film.