Un texte signé Tom Flener

Japon - 2005 - Takaaki Hashiguchi
Titres alternatifs : Kannô byôtô: nureta akai kuchibiru
Interprètes : Minami Aoyama, Mayu Asada, Lemon Hanazawa…


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The Slit-Mouthed Woman

Yoko travaille dans la rédaction d’un journal japonais. Après que son collègue Kato a disparu, elle se voit confier l’écriture d’un article sur la femme à la bouche fendue par son rédacteur en chef. D’après la légende, cette femme défigurée hante un hôpital et tue tous ceux qui croisent son chemin. Tandis que Yoko s’approche de la vérité, elle ignore que sa sœur invite la malédiction dans sa famille.
La légende de la femme à la bouche fendue fait partie de la mythologie nippone. Ainsi, la femme à l’origine de cette légende aurait été la femme, peut-être la concubine, d’un samouraï. D’une grande beauté, mais infidèle, elle aurait été mutilée par son époux, qui lui fendit la bouche d’une oreille à l’autre, en criant, « Qui va te trouver belle maintenant ? » D’après la légende urbaine basée sur ce conte, une femme mutilée erre les rues la nuit, s’attaquant surtout aux enfants et aux lycéens. Le visage caché par un masque chirurgical, elle demande à ses victimes si elle était belle. Si on lui répond dans l’affirmative, elle enlève le masque, et demande, « Même maintenant ? » La fin de cette rencontre varie de légende en légende, mais le plus sûr reste de répondre « Vous êtes ordinaire », ou « Comme ci, comme ça » afin de distraire la femme, ou de lui poser la même question, ce qui la perturbera.
Cette légende revient de temps à autre, connaîtra des périodes de popularité, et est à l’origine de plusieurs adaptations à l’écran (KUCHISAKE-ONNA en 1996 ; CARVED en 2007…) et sur papier (un manga de Kanako Inuki est sorti en France sous le titre La Femme Défigurée). Dans la version proposée par THE SLIT-MOUTHED WOMAN, la femme mutilée était folle amoureuse d’un homme marié, et fut défigurée lors d’un accident. Quand les médecins n’arrivent pas à lui rétablir sa beauté, elle devient folle et se fend la bouche elle-même, avant de se suicider.
Le pinku eiga était depuis longtemps un genre établi et très populaire au Japon. Après le succès de RING et la vague de J-Horror qui inonda le globe entier, il n’en fallu pas plus pour que quelqu’un mélange les deux genres en pondant un ‘pinku kaidan’.
Malheureusement, ce n’est pas le succès qu’on aurait aimé voir. Le côté érotique risque de décevoir les mâles avides de voir du sexe japonais. Après les deux premières scènes, on se rend compte que le sexe risque inévitablement d’attirer la femme mutilée, qui interrompre sans faille le couple en train de faire l’amour. Et rien ne tue le plaisir plus certainement qu’un fantôme à la bouche fendue. D’un autre côté, les adeptes du cinéma érotique japonais s’attendent à quelque chose de plus épicé par rapport à l’érotique occident. Ici, les scènes sont plutôt fonctionnelles, et n’arrivent pas se démarquer.
Le côté horreur de THE SLIT-MOUTHED WOMAN ne convainc pas non plus. Si les scènes avec la femme sont raisonnablement bien gérées (sans par contre être très efficaces), l’arrivée de celle-ci ne constitue plus une surprise après la deuxième fois, tellement ces scènes sont répétitives. Si ce film était sorti dix ans plus tôt, l’impact aurait été plus grand. En 2005, après des années de saturation par des clones de RING et JU-ON, et après avoir vu des réalisateurs plus compétents comme Hideo Nakata et Takashi Shimizu terroriser leur public, un film moyen comme THE SLIT-MOUTHED WOMAN ne surprend plus personne.
Il faut néanmoins admettre que les acteurs sont assez sûrement supérieurs à leurs homologues contemporains dans le cinéma érotique américain. Les filles sont plutôt mignonnes, et si les scènes de sexe n’arrivent pas à s’élever au-dessus du reste du métrage, la faute est à chercher surtout sur le plan scénaristique.
Takaaki Hashiguchi fait de son mieux avec ce qu’il a sous les mains, et l’hôpital abandonné est bien filmé. Néanmoins, le film ne dure qu’un peu plus d’une heure, et les raisons de la malédiction ne sont jamais réellement élaborées. Les miroirs, ainsi que les actes sexuels et les infidélités semblent jouer un rôle dans la propagation de cette malédiction, mais ceci n’est jamais expliqué.
Ainsi, il n’en reste qu’un film tout à fait regardable, mais qui n’arrive jamais vraiment à convaincre, ni en tant que film d’horreur ni sur le front érotique.






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Article rédigé par : Tom Flener

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