The XXXorcist
Après une quasi-décennie de SCARY MOVIE et quelques films du tandem Aaron Seltzer/Jason Friedberg, qu’en est-il de la parodie de film de genre ?
Ils sont bien loin les FRANKENSTEIN JUNIOR, HOT SHOTS et même le relativement drôle DRACULA, MORT ET HEUREUX DE L’ETRE qui reste à ce jour le dernier film de l’immense et éternel Mel Brooks.
Alors où chercher du pastiche savoureux et croustillant ? Il faut croire que les petits malins de I’am an evil carrot/Burning Angel ont trouvé la parade : faire de la parodie porno !
Non, le principe n’est pas nouveau, loin de là et les vigoureux érotomanes connaissent par cœur des titres tels que BLANCHE FESSE ET LES SEPT MAINS ou, plus prés de nous, les derniers films X de Joe D’amato.
Quoi de neuf, donc ? En quoi XXXORCIST se démarque-t-il de ses ancêtres et du tout venant de la florissante production pornographique nord-américaine ?
Appelé en urgence par Mme MacFeel, le père Merkin doit procéder à l’exorcisme de Regan MacFeel. Mais après que toutes les techniques et prières possibles pour chasser le démon ont échoués, l’homme d’église ne voit plus qu’une solution : pousser le démon hors du corps de la jeune femme à grands coups de boutoir !
Eh oui, c’est donc sans conteste la scène la plus emblématique du film de Friedkin qui est ici passée à la moulinette porno. Car de parodie, il n’a y a qu’une scène, longue de quarante-cinq minutes, soit la durée totale du film. En effet, il s’agit là d’un moyen métrage emballé par le jeune et prolifique Doug Sakmann qui avait déjà œuvré dans le genre avec son RE-PENETRATOR, parodie sexuelle du film de Stuart Gordon.
XXXORCIST est donc d’abord un porno au look travaillé, tourné en HD avec un certain soucis du cadre et de la lumière. Fidel à son illustre modèle dont il reprend quelques cadrages, il est évident que malgré l’étroitesse du budget d’une telle entreprise, tout a été soigné, à commencer par les effets spéciaux. Ingénieusement bricolés, ils font croire sans problème à la possession de la jeune femme et assurent quand il s’agit de lui faire faire un tour de tête à 360°.
Mais quid du reste ? Si le hardcore arrive très vite et non sans humour blasphématoire-jubilatoire, la suite du film est bien plus banale : il ne s’agit ni plus ni moins que d’un film X qui se contente d’enchaîner les positions et les passages obligés (fellation interminable, sexe à deux, à trois, saphisme et sodomie) avec plus ou moins de bonheur. « L’originalité » est à mettre au compte de L’EXORCISTE et sa jouissance à faire vomir la petite possédée. Ici, la volonté affichée est à la fois d’exciter et de repousser le spectateur. Ainsi, durant toute la-longue-scène, Regan n’aura de cesse de vomir sur ses partenaires un immonde résidu vert bile. C’est l’esthétique générale du film qui en pâti alors, la photographie glissant vers des teintes violettes donnant l’impression d’assister à une mini partouze dans un centre d’accueil pour toxicomanes en phase terminale.
Il semble néanmoins qu’il s’agit là de la volonté du réalisateur qui a l’air d’obtenir les effets désirés et se permet de boucler XXXORCIST par une autre séquence clé (mais sans sexe) du film de Friedkin.
Au final, l’expérience peut s’avérer drôle et intrigante au début mais fini vite par lasser…un peu comme la série des SCARY MOVIE. Mais à l’inverse des frères Wayans, Sakmann est un vrai geek, un illuminé du genre, déjà responsable du remarqué PUNK ROCK HOLOCAUST qui a l’air de se chercher en tant qu’auteur et qui affine petit à petit son art et sa vision des choses.
Un futur grand de l’underground ?