Trench 11
Dans une première guerre mondiale finissante, le tunnelier Berton est chargé par le commandement britanico-canadien de mettre son expertise au service d’une mission top secrète d’exploration de la tranchée 11 abandonnée par les allemands en déroute. Il semblerait que l’armée allemande y ait conduit des expériences et recherches pour de nouvelles armes, ce que les alliés voudraient de toute urgence récupérer. Berton n’est pas chaud mais le capitaine à la tête de l’escouade de reconnaissance ne lui laisse pas trop le choix. Et il va s’en mordre les doigts le capitaine. A moins que d’autres ne s’en chargent… de lui mordre ses doigts !
Le mariage entre film de guerre et film d’horreur revient sporadiquement sur nos écrans, sans bizarrement vraiment s’imposer comme un genre en soi. Et pourtant, quoi de plus logique à première vue que ce mariage, qui traduit l’angoisse de l’Homme, exacerbée par la propension de ses semblables au massacre, et par l’ampleur que la guerre confère à l’horreur. Dès lors, on est toujours curieux de ce que peut apporter une nouvelle production en la matière.
Mais à y regarder de plus près, il faut bien avouer que l’horreur de la guerre a toujours été mieux traduite par des drames plutôt que par le fantastique. La seule peinture du comportement humain se suffit à elle-même et le fantastique n’arrive que rarement à ajouter quelque chose. En la matière, la réalité se suffit à elle-même et semble indépassable. Et pourtant, les tentatives se succèdent.
Les deux guerres mondiales, par leur ampleur mais aussi par leurs innovations dans la cruauté, offrent un terrain fertile aux productions d’horreur.
On se souvient ainsi de LA TRANCHEE réalisé par Michael J. Bassett et présenté vers 2002 au BIFFF. C’est à l’édition 2018 de ce même festival qu’on découvre TRENCH 11.
La guerre n’y est qu’un élément de contexte puisque l’essentiel de l’action se déroule dans les souterrains d’un labo allemand en arrière-ligne. Le film de guerre s’efface au profit du film de couloir et TRENCH 11 investit les codes du jeu vidéo, eux-mêmes inspirés de la structure des premiers jeux de rôle : l’exploration par un groupe du donjon/souterrain peuplé de monstres.
Mais avec cette escouade d’avant-garde chargée de découvrir ce qui se trame dans la tranchée 11, on retrouve la trace d’une autre péloche présentée elle aussi jadis au BIFFF : FRANKENSTEIN ARMY située, elle, à la fin de la seconde guerre mondiale. Il y a des affinités même si TRENCH 11 reste plus conventionnel dans ses monstres [ATTENTION : ON SPOILE UN PEU… EN MEME TEMPS CE N’EST PAS VRAIMENT UN SECRET] : des infectés rendus violents par un virus créé en laboratoire. Le virus comme arme et la transformation des soldats en surhommes, voilà une idée qui a été traitée à plusieurs reprises au cinéma… et qui repose finalement sur un substrat historique : les deux guerres mondiales (et même bien d’autres) ont offert un champ d’expérimentation aux militaires pour la guerre bactériologique et chimique, que ce soit pour affaiblir l’ennemi ou pour renforcer ses troupes. Comment ne pas évoquer le sinistre Camp 731 qui au cinéma livra des œuvres pour le moins dérangeantes (du MEN BEHIND THE SUN à PHILOSOPHY OF A KNIFE, champion toute catégorie du nombre de vues sur Sueurs Froides).
Avec TRENCH 11, on reste dans un cinéma plus mainstream… et en terrain connu avec ce savant fou, par ailleurs officier allemand préfigurant parfaitement les nazis et Josef Mengele : nous sommes à la première guerre mondiale…mais on évoque déjà l’extermination des juifs. Certes, les pogroms existent déjà mais on sent comme une confusion !
Au final, TRENCH 11 offre un divertissement correct mais manque un peu de corps et d’inventivité pour rester durablement dans nos esprits.