Le Mystère Andromède
Pendant une patrouille, deux militaires trouvent tous les habitants d’une petite ville, morts, comme foudroyés. Les soldats succombant à leur tour, l’armée décide de réunir un groupe de scientifiques pour comprendre et éradiquer l’épidémie avant qu’elle ne se propage.
Pour le grand public, le nom de Michael Crichton évoque avant tout le romancier qui a connu une collaboration très fructueuse avec Steven Spielberg lors de l’adaptation au cinéma de son roman JURASSIC PARK. Pourtant, ce n’est pas la première œuvre de l’auteur à avoir été adapté, comme l’atteste LE MYSTERE ANDROMEDE (THE ANDROMEDA STRAIN), réalisé par le talentueux Robert Wise. Ce dernier est un réalisateur incontournable du cinéma américain des années 40 à 70. Il a collaboré à bon nombre de longs-métrages qui ont marqué l’inconscient collectif (CITIZEN KANE ? WEST SIDE STORY ? cela vous évoque-t-il quelque chose ?) et a aussi mis en scène un nombre conséquent de classiques du cinéma fantastique et de la science-fiction : la première version du JOUR OU LA TERRE S’ARRETA (THE DAY THE EARTH STOOD STILL, 1958), LA MAISON DU DIABLE (THE HAUNTING, 1963) et les fans de la série télé « Star Trek » le remercie encore pour STAR TREK, LE FILM (STAR TREK, THE MOTION PICTURE, 1979).
Ici, le metteur en scène doit relever le défi de filmer une menace… que l’on ne peut pas voir. En ce sens, le travail de Robert Wise se rapproche beaucoup de celui de Wolfgang Petersen pour le film ALERTE (1994) qui raconte les efforts d’une équipe de savants pour éradiquer un virus semblable à Ebola. Cependant, là où Petersen privilégie une approche spectaculaire en se focalisant sur les rapports conflictuels entre les scientifiques et l’armée, Wise, lui, se contente de l’analyse scientifique qui aboutit à un suspense plus intense. En somme, une tendance assez proche de l’esprit de Crichton, puisque c’est aussi le cas dans son roman sur le parc jurassique.
Souvenez-vous, dans le film de Spielberg, si ce dernier choisit la forme du film d’aventure (des dinosaures ressuscités pour un parc d’attractions sèment la panique en sortant de leur enclos), le récit prenait pour point de départ le clonage de ces animaux disparus et bon nombre d’intrigues étaient esquissé pour crédibiliser le monde dans lequel évoluer les personnages : si les théories mises en scène sont vulgarisées, elles n’en étaient pas moins scientifiquement valables, et surtout, bon nombre d’hypothèses d’ordre pragmatique sur les effets de leur application étaient émises.
Mais, à la différence du long-métrage avec le T-Rex, Wise choisit de se focaliser sur ses personnages, sur leur réflexion et les petits détails (des ennuis mécaniques a priori anodins prennent des proportions inattendues) qui parsèment les recherches des scientifiques, évoquant des enquêteurs. En effet, LE MYSTERE ANDROMEDE se rapproche davantage d’un huis clos policier avec cette quête pour découvrir les spécificités du virus que d’un film spectaculaire qui mise sur la surenchère pyrotechnique, bien que le dernier acte nous offre des péripéties mouvementées.
Enfin, même si beaucoup lui reprocheront un visuel désuet (les décors ont une forte connotation sixties), cela n’empêche pas au film de Wise, grâce à sa mise en scène inventive, de rester palpitant. Encore de nos jours, LE MYSTERE ANDROMEDE est considéré comme un classique de la science-fiction. Un statut largement mérité.
