MKS 118
Italie - 1976 - Michele Massimo Tarantini
Titres alternatifs : Poliziotti violenti, Blutiger Schweiss, La violence appelle la violence
Interprètes : Henry Silva, Antonio Sabato, Silvia Dionisio, Ettore Manni, Daniele Dublino
Pour avoir mis son nez là où il ne fallait pas, le major Paolo Altieri, un officier parachutiste, est muté à Rome au ministère de la défense. Dans le train qui le conduit à la capitale, il fait la connaissance d’Anna, une institutrice. Dans le même temps, le commissaire Tosi parvient à se sortir d’un sale pétrin, après s’être infiltré au sein d’un réseau de trafiquants d’armes.
Homme de terrain avant tout, Altieri a du mal à imaginer qu’il va désormais passer le reste de son temps dans un bureau. Mais son destin va en décider autrement, d’une part en entretenant une liaison avec Anna ; et d’autre part en collaborant avec Tosi dans sa lutte contre les trafiquants.
Connu avant tout pour être l’auteur de bon nombre de sexy-comédies, Michele Massimo Tarantini débuta néanmoins sa carrière de réalisateur par un polar, 7 HEURES DE VIOLENCE, avec pour héros Georges Hilton dans le rôle surprenant d’un expert en arts martiaux. En 1977, on doit également à Tarantini CALIBRE MAGNUM POUR L’INSPECTEUR, avec cette fois Luc Merenda dans la peau d’un flic de choc. Un an auparavant, le metteur en scène signait donc ce MKS 118, titre français d’exploitation, dont le nom correspond à un modèle de pistolet mitrailleur (qui n’existe pas dans la réalité, mais que l’on pourrait comparer à un Uzi).
Il s’agit d’ailleurs, dans le film, d’une arme dévastatrice utilisée exclusivement par les militaires. Comment se fait-il alors que les fameux MKS 118 se retrouvent dans les mains de dangereux criminels ? C’est la question que se pose Altieri. Allié à un commissaire de police, le duo va se trouver confronté à des adversaires nombreux et sans scrupules qui n’hésiteront pas une seconde à mettre Rome à feu et à sang pour concrétiser leurs projets. En cela, le réalisateur ne lésine pas sur les moyens, livrant un poliziottesco particulièrement musclé, enchaînant à un rythme impressionnant scènes d’actions, rapts, fusillades, poursuites à deux et quatre roues, cascades et braquages spectaculaires. Tarantini se montre efficace, et aussi original (notamment lors d’un passage où la foule lynche deux motards ayant volé et tabassé une jeune mère de famille). Le seul défaut que l’on pourrait reprocher à MKS 118 est son manque de crédibilité dans le déroulement de l’intrigue, des failles scénaristiques et quelques grosses ficelles (un général d’état major qui ne s’inquiète pas que des armes militaires se retrouvent en possession d’un syndicat du crime). Malgré ces quelques réserves, MKS 118 est à ranger dans la catégorie des bons polars, comme l’Italie a su en produire durant les moments sombres des Brigades Rouges.
Dans le rôle du militaire, le souvent monolithique Henry Silva compose cette fois un personnage attachant, l’acteur se montre inspiré, au niveau de sa composition dans LA RANCON DE LA PEUR, par exemple. Le flic est quant à lui incarné par Antonio Sabato, vu dans pas mal de polars et LE TUEUR A L’ORCHIDEE, un giallo d’Umberto Lenzi. Enfin, le seul personnage féminin de premier plan est dévolu à Silvia Dionisio (UNE JEUNE FILLE NOMMEE JULIEN, TERREUR EXPRESS), qui fut aussi, durant les années 70, l’épouse du réalisateur Ruggero Deodato. On peut souligner également une partition musicale de très bonne facture, composée par les frères Maurizio et Guido De Angelis, proposant un rock nerveux, agressif, en totale adéquation avec les nombreuses scènes spectaculaires émaillant le film. Si l’on peut estimer à juste titre que Tarantini en fait un peu trop dans la surenchère (kidnapping d’enfant, viol, tabassages, passants mitraillés ou écrasés par une voiture…), il a indéniablement un savoir faire, et pas mal de bonnes idées (comme les caméras embarquées sur les véhicules, ajoutant au réalisme des poursuites).
Par conséquent, MKS 118 s’affirme comme un polar recommandable pour les amateurs de films d’action en général, et de poliziottesco en particulier. Dans ce registre, Michele Massimo Tarantini, même sans atteindre le niveau de ses compatriotes Fernando Di Leo, Sergio Martino ou encore Mario Caiano, s’en tire honorablement. Il s’agit là, de plus, d’une œuvre plutôt sombre, très pessimiste, et ce jusqu’à son dénouement. En évitant le « happy end », le cinéaste s’inscrit dans les codes du polar italien de cette époque. On ne lui en tiendra pas rigueur, bien au contraire.
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- Article rédigé par : Philippe Chouvel
- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois