Hurler de peur
Réalisé en 1961, cette production de la Hammer est la première à clairement marcher dans les traces de PSYCHOSE, donnant naissance à un éphémère courant de thriller horrifique dénommé « psycho-thriller ». Plus encore qu’au film d’Hitchcock, HURLER DE PEUR paie tribut au classique français LES DIABOLIQUES et déroule un improbable et complexe stratagème criminel. Des recettes ensuite reprises en Italie pour le filon du « giallo machination » populaire dans la seconde moitié des sixties.
Une jeune femme en fauteuil roulant, Penny, revient dans la maison de son père, sur la Riviera française, après dix ans d’absence. La nouvelle épouse de son paternel l’accueille mais Penny soupçonne quelque chose de louche. Au cours de sa première nuit dans la maison, Penny aperçoit son père, apparemment décédé. Au fil des jours, elle revoit le corps dans différentes pièces de la demeure et commence à penser que sa belle-mère cherche à la rendre folle afin d’hériter de sa fortune.
On le voit, l’intrigue est classique et propose au spectateur une suite de retournements de situation aujourd’hui quelque peu attendus. En effet, le « giallo machination » ultérieur usera à l’excès des idées développées ici (cadavre en ballade, usurpation d’identité, double twist, complice inattendu,…)…des clichés qui, en réalité, proviennent tout droit des romans policiers d’énigme des années ’30.
Le casting place en tête d’affiche Susan Strasberg, alors âgée de 23 ans, et que l’on reverra par la suite dans THE TRIP, LE FAISEUR D’EPOUVANTES, la grosse production « catastrophe » LE TOBOGGAN DE LA MORT, le slasher SWEET SIXTEEN et le bourrin DELTA FORCE. A ses côtés, on remarque Ann Todd, vue dans le PROCES PARADINE d’Hitchcock et dans trois films de son époux David Lean (LES AMANTS PASSIONNES, MADELEINE et LE MUR DU SON). A l’époque d’HURLER DE PEUR, l’actrice s’était déjà majoritairement tournée vers la télévision qui sera son principal fonds de commerce jusqu’à son décès en 1993. Robert Lewis (LES 4 PLUMES BLANCHES, HELENE DE TROIE) complète une distribution dans laquelle on retrouve également en guest star l’inévitable Christopher Lee dans le rôle d’un médecin tentant d’aider l’héroïne. Comme souvent, le scénario est signé par le toujours excellent Jimmy Sangster, responsable de la plupart des grands succès de la Hammer.
Le réalisateur Seth Holt, de son côté, revint au thriller d’angoisse avec le plaisant CONFESSION A UN CADAVRE mettant en vedette Bette Davis. Il disparut brusquement durant le tournage de LA MOMIE SANGLANTE en 1971, laissant Michael Carreras terminer cette adaptation assez moyenne de Bram Stoker.
Le succès d’HURLER DE PEUR amena la Hammer à produire plusieurs titres similaires comme PARANOIAC, MEURTRE PAR PROCURATION et HYSTERIA de Freddie Francis, MANIAC de Michael Carreras, DIE DIE MY DARLING ! (ou FANATIC) de Silvio Narrizano sans oublier le plus tardif MANNEQUIN DEFIGURE de Alan Gibson.
Avec sa durée adéquatement réduite à 78 minutes, HURLER DE PEUR assure un divertissement plaisant pour les nostalgiques des machinations tordues. Sans être un incontournable de la Hammer, ce psycho-thriller s’avère donc suffisamment efficace pour remplir son contrat : du suspense agréable.