Hell Night (Une nuit infernale)
Petite production routinière, HELL NIGHT a acquis, au fil des années, une certaine notoriété et s’est élevé au rang d’oeuvrette culte des années ’80, probablement grâce à la présence de Linda Blair et à une affiche particulièrement réussie. La vision du métrage atténue cependant l’enthousiasme : il s’agit d’un mélange de slasher et d’éléments fantastiques le rapprochant des histoires de maisons hantées à l’ancienne.
L’intrigue de HELL NIGHT s’avère, par conséquent, très classique et typique du cinéma d’épouvante de son époque, présentant, une fois de plus, quatre étudiants forcés de participer au rite d’initiation d’une confrérie universitaire. La timide Marty (Linda Blair), la chaudasse Denise, le dragueur Seth et son pote Jeff doivent ainsi passer la nuit dans le manoir abandonné d’un certain Raymond Garth, lequel, douze ans auparavant, a assassiné son épouse Lillian et son enfant difforme. Cependant, le fils cadet des Garth, Andrew, a lui aussi disparu après le massacre et la rumeur prétend, bien sûr, qu’il hante encore la demeure familiale. Des prémices déjà vus et revus depuis les origines du cinéma d’épouvante. La suite, hélas, n’innove guère non plus puisque les quatre bizuts, enfermés derrière les grilles du Garth Manor, vont être soumis aux blagues des membres de la fraternité, lesquels sont rapidement décimés par un mystérieux assassin.
Comme nombre de long-métrages similaires sortis à la même époque, HELL NIGHT souffre surtout d’une exposition excessivement longue censée nous intéresser aux personnages. Le film offre donc l’un ou l’autre « twists » par rapport aux conventions attendues et réussit à caractériser ses protagonistes de manière plus réussie que de coutume.
Ainsi, l’obsédé rigolard qui se définit comme complètement futile fait preuve, dans une situation périlleuse, d’un véritable héroïsme envers ses compagnons d’infortune. On salue sa manière, après avoir vainement tenté de convaincre la police, de s’emparer d’un fusil et de retourner dans la maison maudite pour essayer de résoudre le problème à la manière…forte.
Quelques touches bienvenues qui ne permettent pas de crier au chef d’œuvre oublié des années ’80 mais qui confèrent cependant à HELL NIGHT une certaine identité.
A l’exception de Linda Blair (L’EXORCISTE), les interprètes ne se montrent pas vraiment concernés par les péripéties attendues du scénario. Ils accomplissent toutefois un travail honnête, en tout cas supérieur à la (faible) moyenne des slashers du début des eighties. Heureusement, Mac Ahlberg, réalisateur réputé d’oeuvrettes érotiques (FLOSSIE, BEL AMI, FANNY HILL) reconverti directeur de la photographie (il travailla sur d’innombrables séries B mais aussi sur des blockbusters comme LE FLIC DE BEVERLY HILLS 3) assure la bonne tenue visuelle de HELL NIGHT, un apport crucial vu le grand nombre de scènes se déroulant dans la pénombre. La mise en scène est, pour sa part, assurée par Tom DeSimone, prolifique pourvoyeur de porno gay durant les années ’70, reconverti dans l’exploitation durant les années ’80 (REFORM SCHOOL GIRLS, QUARTIER DE FEMMES, ANGEL 3) et dans les séries télévisées par la suite. DeSimone, pour sa première incursion hors du carcan X, fait son possible mais ne peut compenser la relative routine d’un scénario sans surprise, signé par Randy Feldman, futur auteur de TANGO & CASH. Enfin, Irwin Yablans (HALLOWEEN), bien décidé à capitaliser sur la vague du slasher qu’il a lui-même initiée quelques années auparavant, assure la production aux côtés de Chuck Russell, futur réalisateur de FREDDY 3 et THE BLOB.
Si quelques dialogues bien écrits étonnent dans un film de ce style, il faut hélas attendre près d’une heure de projection pour que HELL NIGHT commence, enfin, à s’animer un peu. Bien trop long (une heure quarante pour une intrigue linéaire à laquelle il aurait été opportun de retrancher vingt bonnes minutes), le long-métrage se révèle quelque peu languissant et son rythme assoupi risque de décourager les impatients. Toutefois, si la première heure se révèle longuette, la seconde partie de HELL NIGHT s’avère, à contrario, plus nerveuse avec un cinéaste suivant une Linda Blair hurlante qui fuit les habitants du manoir lancés à sa poursuite.
La véritable nature de ces derniers reste, d’ailleurs, obscure et si Tom DeSimone ménage le suspense en ne dévoilant les créatures que durant les dernières minutes, il néglige d’expliquer leur nature exacte. Fantômes ? Revenants ? Psychopathes ? Difficile de trancher, d’autant que le scénario n’évite pas certaines incohérences comme la présence, après une douzaine d’années, des corps d’anciennes victimes apparemment laissés dans la demeure maudite. Niveau gore, HELL NIGHT propose une poignée de meurtres raisonnablement sanglants mais l’érotisme, pour sa part, reste tristement absent.
L’ensemble constitue, au final, une curiosité sympathique qu’apprécieront les nostalgiques et qui se situe un peu au-dessus de la moyenne du slasher des années ‘80. Pas indispensable mais plaisant.