Un texte signé Patryck Ficini

France - 1950 - Frédéric Dard (sous le pseudonyme de Frédéric Charles)


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Dernière Mission

Courageux Frédéric Dard qui, en 1950, n’hésite pas à faire d’un réseau d’agents secrets nazis les héros de son premier roman d’espionnage, DERNIERE MISSION. Ce livre au titre certes un peu bateau narre en effet les aventures violentes de Mik et Lucia, deux espions nazis qui tentent de s’emparer de la formule d’un formidable rayon de la mort (O.K c’est un vrai cliché du genre). L’intrigue se déroule quelques années après la seconde guerre mondiale, les nazis survivants sont prêts à tout pour redorer le blason de la vieille Allemagne. Une invention pareille pourrait effectivement inverser le cours apparemment inéluctable des choses. Dard, qui est aussi le père de SAN-ANTONIO, n’a pas peur de décrire les agissements de héros aussi politiquement incorrects. Le choix d’un pseudonyme n’a sans doute rien à y voir : il était plutôt là pour préserver une carrière littéraire à venir.
Les moralistes, qui confondent souvent réalité et littérature ou cinéma, lui en feraient aujourd’hui le reproche. Il est vrai que la littérature populaire n’a jamais, pendant très longtemps en tout cas, hésité à profiter de la folle liberté qui fut la sienne. C’est peut-être moins vrai aujourd’hui… Pourquoi n’ aurait-elle pas conté les “exploits” négatifs de méchants impitoyables ?
Bien sûr et fort heureusement, Frédéric Dard n’épouse pas la cause nazie dans ce roman ! Non, il se contente de décrire des hommes et des femmes qui luttent pour un idéal, fût-il au service de la terrifiante idéologie que l’on sait.
Le seul agent- secret (le seul ?) allié de DERNIERE MISSION est un as des services britanniques (enfin un as quand même moins doué que Mik), aussi salaud que les nazis qu’il traque, prêt par exemple à crever le tympan d’un “gars d’en face” qu’il interroge. La lutte, dans les deux camps, est sans pitié. La fin semble justifier les moyens. Horrifiant, mais sans doute aussi réaliste.
Les espions ne sont pas des saints. Loin de là.
DERNIERE MISSION est un polar (un roman d’espionnage ?) noirissime, violent et sans concession. On n’oubliera pas de sitôt la mort presque gore d’un personnage capital, littéralement dévoré par un doberman. CUJO de King ? AUX CHIENS ECRASES de Pierre Pelot ? On n’en est pas loin en tout cas. Ce qui nous rappelle aussi que Dard fut l’auteur des brutaux KAPUT. La geste d’un tueur implacable qui dessoude tout ce qui le gêne dans ses projets.
Il est intéressant aussi de remarquer que DERNIERE MISSION se déroule sur un certain temps, on est loin du manque de réalisme des romans ou des films où tout se déroule plus rapidement que dans la réalité. L’espionnage est souvent un travail de longue haleine. L’anti-héros nazi est en effet capturé alors qu’il vient d’apprendre la fameuse formule par cœur (mémoire prodigieuse à la S.A.S première manière). Deux années de prison (tortures à l’appui) passent avant son évasion avec un compagnon d’infortune. Un compagnon qui pourrait être une taupe. Ou pas. Dans cette fuite éperdue, les deux hommes tuent plus qu’à leur tour…, ce qui voudrait en ce cas signifier que les services secrets français et britanniques sont eux aussi prêts au pire pour écraser les nazis. Même au meurtre d’innocents. On n’en sort pas.
DERNIERE MISSION, c’est aussi une sensualité exacerbée, le mariage terrible d’Eros et Thanatos. Au-delà de la belle histoire d’amour passionnée entre Mik et Lucia (qui ne passe jamais cependant au-dessus des priorités de leur mission), tous les personnages sont portés par leurs sens. Le sexe est au premier plan de leurs préoccupations. Rien de gratuit là-dedans, les espions font l’amour, ici comme dans d’autres œuvres populaires, pour se sentir vivants. Parce qu’ils risquent leur peau à chaque instant quand ils ne tuent pas eux-mêmes. A la différence d’un Gérard de Villiers trop souvent porno, Dard nous fait violemment, sensuellement, ressentir les désirs troubles qui animent ses personnages qui ne sont en aucune façon des marionnettes.
DERNIERE MISSION est assurément un roman majeur de l’espionnage populaire, qui apporte autant de sensations fortes qu’il se lit vite. Et, remarquablement écrit par un jeune écrivain déjà très sûr de sa plume, il se lit très vite.






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Article rédigé par : Patryck Ficini

Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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