Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Italie - 2012 - Dario Argento
Interprètes : Asia Argento,


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BIFFF 2013review

Dracula 3D

Accueilli par une volée de bois vert, cette nouvelle version du roman de Bram Stocker se révèle pourtant largement moins mauvais que sa réputation le laisse craindre. Souffrant certes d’un manque de budget rédhibitoire et d’une poignée de scènes inabouties, voir ratées, DRACULA 3D se montre cependant plaisant et, surtout, bien plus divertissant que le tristounet GIALLO.
Jonathan Harker se rend au château du comte Dracula, dans les Carpates, afin d’ordonner son immense bibliothèque. En dépit des manières policées de l’aristocrate, étrangement absent durant la journée, Harker éprouve rapidement l’impression d’être prisonnier entre les murs du castel. Une nuit, le jeune homme est attaqué par une femme vampire avant d’être sauvé in extremis par Dracula lui-même. Ce-dernier est en effet tombé amoureux de Mina, la fiancée d’Harker, dont l’apparence rappelle au comte son défunt amour de jeunesse…
Difficile d’innover en ce qui concerne un personnage déjà porté à l’écran une bonne centaine de fois, notamment dans une poignée sont de purs classiques signés Tod Browning, Terence Fisher, John Badham ou Francis Ford Coppola. Quelle nouveauté Argento pouvait-il proposer avec cette énième relecture, excepté un très en vogue et opportuniste 3D ? A vrai dire…rien ! Le cinéaste, loin de chercher à renouveler l’intrigue ou à innover se contente, modestement, de rendre hommage au mythe. Il propose, par conséquent, une mise en images humble et sincère sans jamais porter de véritable regard novateur sur le seigneur des vampires. Adaptation forcément écourtée et ramassée du roman de Bram Stocker, son DRACULA reprend néanmoins les péripéties attendues : l’arrive d’Harker au château, les villageois superstitieux tapis derrière leurs gousses d’ail, le prêtre peureux, les nymphettes vampirisées, la « musique des enfants de la nuit », la séduction des innocentes Mina et Lucy, etc.
Au niveau des effets spéciaux, ceux-ci sont souvent perfectibles, voire franchement ratés mais les maquillages, pour leur part, possèdent un authentique charme nostalgique et les nombreux passages gore rendent l’entreprise sympathique. Quelques scènes sont, malheureusement, médiocrement réalisées, comme celle, déjà largement débattue, de la mante religieuse. Une idée folle pas plus mauvaise qu’une autre mais dont l’exécution (et les trucages) rappelle, hélas, un téléfilm de Syfy. Une faute de goût dommageable mais point inexcusable pour autant qui ne nécessite nullement le rejet global d’une oeuvrette plaisante à maints égard.
Les comédiens, de leur côté, proposent des prestations contrastées : l’Allemand Thomas Kretschmann, pourtant un vétéran ayant une centaine de films à son actif, parait particulièrement mal choisi et son incarnation du prince de la nuit parait, malheureusement, à côté de la plaque. Les dialogues, de leur côté, sont rarement inspirés, entre reprises de moments bien connus (la tirade sur « les enfants de la nuit ») et variations référentielles (« je ne mange jamais ») qui n’aident guère à accepter le jeu pataud de Kretshmann. Autre vétéran, Rutger Hauer s’en sort un peu mieux, à condition d’accepter son interprétation très cabotine, mais doit se contenter d’un rôle réduit puisqu’il apparait seulement dans le derniers tiers du long-métrage. Asia Argento et Miriam Giovanelli, de leur côté, sont correctes mais visiblement peu concernées. Toutefois, elles se dénudent régulièrement et là réside, sans doute, l’essentiel.
Les costumes et décors, eux, relèvent du pur cliché gothique avec ces châteaux imposants, ces villages aux rues sinistres et ces demoiselles aux tenues aguichantes et fortement sexualisées. Si l’entreprise frôle parfois la parodie ou l’exploitation sans recul des conventions, DRACULA 3D marque néanmoins des points pour cet hommage honorable aux grandes heures de l’épouvante.
Handicapé par son manque de moyens et des effets spéciaux visuels défaillants, DRACULA 3D reste agréable à suivre et bénéficie d’un parfum rétro prononcé qui devraient satisfaire les nostalgiques. C’est d’ailleurs essentiellement à ceux-ci que s’adresse ce curieux long-métrage rappelant à la fois la Hammer, le gothique italien et le cinéma de Jean Rollin ou Jésus Franco. Dans cette optique et malgré ses évidents défauts, DRACULA 3D, tout anachronique qu’il puisse sembler, se suit sans ennui et avec un sourire complice.
Malgré des critiques agressives et souvent orientées, pour ne pas dire puériles (les rires ont, parait-il, débuté, à Cannes, dès les premières lignes du générique), DRACULA 3D demeure un divertissement horrifique à savourer après avoir mis au vestiaire son cynisme, véritable plaie du cinéma actuel. DRACULA 3D constitue donc une ode gothique à la beauté de ses actrices parsemée d’effets gore d’un autre temps. Mineur, certes, décevant en regard des attentes mais, au final, bien plus réussi qu’on ne le craignait, ce nouvel opus d’Argento demande, simplement, de rejeter le réalisme et d’oublier le quotidien pour se laisser bercer par le merveilleux horrifique de l’imaginaire.

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).






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Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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