Dying God
Après quelques années de bons et loyaux services rendus au fandom hexagonal (ATOMOVISION, LE VOYEUR), Fabrice Lambot réalise, en 2001, son premier court métrage en Argentine : INSANITY. Ce qui caractérise cette première pelloche, c’est une ambiance particulièrement poisseuse et dérangeante, et cela, malgré une fin peu originale. En 2005, Fabrice Lambot récidive avec LE SANG DU CHATIMENT, une variation habile autour du thème très à la mode des experts criminologues. En 2008, il revient, avec DYING GOD.
DYING GOD ou l’histoire d’un flic peu recommandable, paumé et alcoolo, un certain Sean Fallon, qui est confronté à une vague de crimes plutôt singuliers. En effet, les victimes, de charmantes demoiselles aux mensurations de rêve, se font exploser par… le vagin. Fallon s’engage alors dans une enquête qui va l’emmener vers des territoires inconnus, aux frontières du réel…
Voilà un film fauché qu’il est sympathique, tourné à l’arrache, parfois sans autorisation, pour un budget misérable de 500.000 dollars, DYING GOD vole plus haut que pas mal de daubes pétées de fric. Dès le début, une intro au rythme trépidant vient rassurer le spectateur, ça a le parfum d’un Hollywood Night mais c’est troussé avec un amour du cinéma populaire qui force le respect. D’ailleurs, question cadence, le scénario aligne les intrigues et les sous intrigues avec une vitalité étonnante, c’en est même parfois trop, but avoué : que le spectateur ne s’ennuie pas une seule seconde.
Une fois de plus, le sieur Lambot soigne son produit en entretenant une ambiance poisseuse grâce à une photographie très soignée. On repère, comme dans ses courts, de nombreuses allusions au cinéma de Sergio Martino lors des scènes de crime à l’arme blanche. Abel Ferrara et William Lustig sont aussi de la partie, on retrouve de multiples références à leurs polars les plus poisseux, la plus évidente étant celle à BAD LIEUTENANT (1992). Incontestablement, le personnage de Fallon fait écho à celui incarné par Harvey Keitel dans l’un des chefs d’œuvre du cinéaste le plus cocaïné de l’univers.
Malheureusement, et c’est là que le film pêche, James Horan n’est pas vraiment à la hauteur. Il a un jeu très stéréotypé, voire, à ce sujet, sa première apparition qui est assez caricaturale. Toutefois, on peut arguer que cela concourre au charme de cette série B. Et puis c’est dur de jouer au plus viril quand on affronte un ennemi doté d’une verge de deux mètres de long ! Peut être aussi que James Horan pâtit de la comparaison avec les autres interprètes.
Lance Henriksen, camarade de jeu de Ripley dans la série ALIEN, que l’on ne présente plus, est égal à lui-même, c’est-à-dire, excellent. Il est accompagné par un étrange garde du corps, la belle Agathe De La Boulaye, celle là même qui jouait dans l’inepte MICHEL VAILLANT (filmé avec les pieds par Louis-Pascal Couvelaire en 2003) compose un personnage ambigu à la beauté troublante. La bonne surprise vient, sans conteste, de Misty Mundae, qui joue ici sous son vrai nom, Erin Brown. Loin de ses compositions de bimbo poumonnée elle se révèle très juste, en particulier lors des scènes intimistes (qui font, et c’est plutôt drôle, très nouvelle vague, on n’est pas loin, au niveau du cadre, du MEPRIS de Jean-Luc Godard-1963).
Autre bonne raison de se précipiter sur cette bobine, les effets spéciaux. Une fois de plus, malgré un budget misérable, les scènes de bravoure bien gore se multiplient (ah, cette explosion de boîte crânienne). Le seul petit problème vient de la musique, pas toujours extraordinaire, mais bon, la maigreur des moyens explique peut être cela… Sinon, franchement, il existe peu de film avec un budget digne des pires séries série Z aussi fun et agréable à regarder ! Malgré tout, on attend encore de Fabrice Lambot qu’il s’aventure vers un univers moins référentiel et plus personnel, ça pourrait certainement donner quelque chose de bien glauque, dans la lignée des travaux de Mitch Davis (DIVIDE INTO ZERO-1999) et Douglas Buck (CUTTING MOMENTS-1997)… d’ailleurs, ne serait-ce pas Metaluna Productions qui finance le prochain Douglas Buck ?
Cliquez ici pour lire l’entretien avec Fabrice Lambot et Jean-Pierre Putters