Sueurs Froides en version papier

Au sommaire du numéro 37 : Dossier Val Lewton, Nancy Drew, Biographie de Ulli Lommel, la saga Flower and Snake, la franchise Leprechaun, entretien avec Patrice Herr Sang, Entretien avec Marian Dora.
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Un texte signé Alexandre Lecouffe

Entretien avec Frank Lafond

Pourriez-vous tout d’abord expliquer ce qui a présidé à votre choix d’écrire sur un thème aussi vaste et sous une forme plutôt atypique, celle d’un dictionnaire ?

Je dirais que cela provient à la fois d’une coïncidence et d’une envie personnelle. En effet, j’ai appris à l’époque par une connaissance commune que les Editions Vendémiaire recherchaient un auteur pour l’élaboration d’un dictionnaire consacré au cinéma fantastique ; de mon côté, après mon essai sur l’œuvre de Joe Dante, j’avais envie d’écrire des textes courts, parallèlement à un projet de plus longue haleine !
J’ai suggéré de traiter à la fois le fantastique et la science-fiction tout en laissant volontairement de côté certaines catégories comme la « fantasy », en partie pour des questions de goût personnel…

Etant donné la somme de travail que vous avez dû consacrer à cet ouvrage, pourriez-vous en retracer quelques étapes essentielles ?

C’est un projet qui représente plus de deux ans de travail et qui a débuté à la fin de l’année 2011. Après l’accord avec l’éditeur concernant la nomenclature du livre, j’ai commencé à prendre des notes et à revoir de très nombreux films. J’en ai découvert certains ; pour d’autres que je connaissais bien, je me suis contenté parfois d’en revoir des extraits. J’ai passé ces deux années en immersion totale dans le fantastique et la science-fiction, et je n’ai pas fait grand-chose d’autre durant cette période d’écriture quotidienne. Au final, le manuscrit était plus long d’environ trente pour cent par rapport à ce qui était convenu à la base avec l’éditeur : à un moment donné, nous avions décidé d’un commun accord qu’il était préférable de revoir notre ambition un peu à la hausse…

Quelle place et quelle portée aimeriez-vous que votre « Dictionnaire… » ait parmi les publications récentes sur le thème ?

J’aimerais qu’il soit une référence utile à l’amateur de cinéma fantastique et de science-fiction, qu’il lui permette de reconsidérer peut-être certains films ou réalisateurs qu’il aurait un peu oubliés, négligés ou méconnus. Je propose des analyses plus ou moins détaillées ainsi que des synthèses mais, en revanche, je n’apporte que très peu un regard purement subjectif sur un sous-genre, une œuvre ou un auteur : ce n’était pas mon objectif. Vous évoquiez l’encyclopédie du cinéma fantastique et de s-f de Jean-Pierre Andrevon sortie il y a un an, avec laquelle je n’entends pas rivaliser. Je pense que cette dernière est très différente de mon livre, son approche est surtout critique et se veut exhaustive, mais j’ose espérer que les deux puissent être complémentaires…

Quel éclairage sur le genre souhaitez-vous transmettre à travers ce dernier ouvrage ?

Je dirais qu’un de mes objectifs principaux serait de faire réfléchir mon lecteur sur les rouages d’un film, d’essayer d’en mieux comprendre les mécanismes, les ressorts, de creuser tout ce qui touche à la mise en scène de la peur. Cet objectif nécessite que mon lecteur aille parfois découvrir à droite ou à gauche des pans méconnus du cinéma de genre (je pense notamment au fantastique mexicain). Mon but est aussi d’essayer de le guider en mettant par exemple en parallèle certains « classiques » (L’Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel) avec des films beaucoup moins connus utilisant des thèmes identiques ou similaires et qui lui font donc écho. On peut citer ici, par exemple, le film anglais Unearthly Stranger de John Krish ou Luci lontane d’Aurelio Chiesa. Et puis, bien sûr, tout au long du dictionnaire, je ne perds jamais de vue la dimension historique, culturelle et sociétale des thèmes, des formes ou des figures. Le cinéma de la peur, sans doute plus que les autres, se nourrit de son rapport à l’époque et la société au sein desquelles il est produit. Et c’est là l’un de ses attraits majeurs.

Vous êtes issu du milieu universitaire mais vous optez ici pour un langage clair, accessible à tous. S’agit-il d’un choix personnel ou éditorial ?

C’est un choix délibéré de ma part, je suis de plus en plus convaincu que l’on peut atteindre une même profondeur d’analyse sans nécessairement utiliser le « jargon » universitaire. Je pense que mon précédent ouvrage, consacré à Joe Dante, en dépit d’une volonté d’examiner en détail son œuvre, allait déjà dans le sens d’une utilisation d’un langage assez simple. Cette orientation devrait me permettre de toucher un public un peu plus large tout en conservant la même exigence intellectuelle.

A ce propos justement, quel(s) type(s) de lecteurs visez-vous avec ce Dictionnaire ?

Même s’il est difficile de répondre avec certitude, disons que j’espère toucher deux types de lecteurs principaux. D’une part l’amateur plus ou moins éclairé, le bon connaisseur de cinéma fantastique et/ou de science-fiction qui continue à acheter régulièrement des livres spécialisés. J’espère lui apporter quelques points de vue et éclairages nouveaux ou différents sur un genre qu’il aime et qui demeure en constante évolution. D’autre part, j’aimerais aussi toucher la personne moins informée, le néophyte qui s’intéresse au genre mais de façon plus occasionnelle ; un dictionnaire peut paraître un bon outil pour consolider son intérêt, sa curiosité…

Quel est selon vous l’avenir du livre de cinéma en France ?

Il paraît évident que les ventes les plus remarquables continuent de se faire avec des biographies d’acteurs ou de réalisateurs très connus, des albums… J’ai en revanche l’impression que les essais, notamment ceux qui portent sur le cinéma de genre, s’adressent à un lectorat en partie conquis d’avance, ce qui me semble représenter un nombre malheureusement limité de personnes en France, et que réussir à convaincre les gens au-delà de ce cercle n’est pas toujours évident.

Quels sont vos projets ? Avez-vous d’autres essais en cours d’écriture ?

En ce moment, je suis en train de travailler, pour le compte d’un éditeur de Poitiers, Le Lézard noir, à la traduction d’un livre anglais sur le cinéma érotique japonais. Sur le plus long terme, j’ai commencé une monographie consacrée au réalisateur Samuel Fuller pour les éditions Rouge profond.

Entretien réalisé le 27 octobre 2014.
Merci à Frank Lafond pour sa passion et sa disponibilité.

Cliquez ici pour lire la critique du livre.



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Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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