Un texte signé Quentin Mazel

USA - 2012 - Richard Bates Jr
Interprètes : Annalynne McCord, Traci Lords, John Waters, Malcolm McDowell, Ariel Winter , Roger Bart


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BIFFF 2013DossierFEFFS 2012L'Étrange Festival 2012review

Excision

L’Étrange Festival nous donne la possibilité, chaque année, de découvrir des petits films comme des grands, des très attendus comme des méconnus. EXCISION fait partie de ces films particulièrement attendus par le public.

Pauline est une jeune adolescente pas comme les autres. Une mère dominatrice et psychorigide, très portée sur la religion, un père passif et une sœur atteinte de mucoviscidose constituent sa famille. Ce sont, cependant, les fantasmes et rêves érotiques nécrophiles voire hygrophiles de Pauline qui la rendent si particulière.

C’est le casting en or massif composé pour EXCISION qui constitue l’attrait principal du film. En effet, on y retrouve Annalynne McCord dans le rôle principal, actrice devenue un symbole du glam-trash après sa découverte dans la série NIP/TUCK. Elle nous livre une très bonne prestation sous des traits méconnaissables. C’est l’ex-porno star Traci Lords, qui nous éblouit dans son rôle de mère stricte et autoritaire. C’est avec une justesse et un soupçon d’humour que la protégée de John Waters, nous livre cette belle interprétation. En parlant de John Waters, le pape du trash est lui aussi présent au casting, dans le rôle d’un prêtre paroissial. Un rôle assez amusant quand on connaît la carrière de John Waters. On retrouve aussi Malcolm McDowell, acteur qu’il n’est plus utile de présenter tellement son oeuvre est considérable. Rappelons simplement qu’il interprétait le très rebelle Alex DeLarge dans le film de Stanley Kubrick, ORANGE MECANIQUE.

EXCISION est mis en scène grâce à une prise de vue horizontale et particulièrement frontale. On notera aussi le nombre très limité de mouvements de caméra. C’est ainsi, principalement une ambiance « géométrique » qui ressort du métrage. La mise en scène et le choix de réalisation mettent ainsi en avant les décors et les ambiances topologiques. On force alors un certain regard du spectateur sur le sujet, qui sent, la plupart du temps, les personnages encadrés par des décors chimériques et étouffants. Au final, on en renvient à des considérations très théâtrales. La forte utilisation du plan moyen et du demi-ensemble renforce ce sentiment « artificiel » et construit.

Scénaristiquement parlant, EXCISION se concentre sur la vie de cette jeune adolescente perdue et non adaptée au monde qui l’entoure. Grâce à la mise en scène, on comprend tout de suite le sentiment de Pauline de ne pas rentrer dans les « cadres » ou les normes de son milieu et de s’y sentir prisonnière. Ainsi, EXCISION s’applique à mettre principalement en scène la déviance d’un individu incapable de reconnaître la différence et de s’adapter à un univers rigide. Ce milieu rigide et austère symbolisé par la structuration très géométrisée et théâtralisée de la mise en scène est assez pertinente. Elle renvoie à des considérations structurales entre le fond et la forme logique.

On notera les séquences de fantasmes de Pauline, qui rythment tout le film et l’évolution de ses désirs morbides. Ces scènes sont sûrement les plus belles réussites du métrage. Ainsi, c’est dans une hyper théâtralisation et dans la construction d’une certaine fixité symbolique ésotérico-érotique des plans, mais aussi dans une saturation des couleurs que le jeune réalisateur Richard Bates Jr. arrive à transmettre toute l’importance et l’étrangeté des fantasmes de son héroïne. On pense alors avec plaisir à Jodorowski ou à Yves Klein à travers son utilisation répétitive et indépendante du bleu.

C’est cependant le manque de diversité dans la mise en scène et le trop peu d’évolution dans sa narration que EXCISION montre ses premières faiblesses. En effet, le sentiment que le film n’avance pas et l’absence de réelle intrigue rendent, au final, le métrage d’assez moyenne facture. Ainsi, Richard Bates Jr. n’arrive jamais à nous faire oublier qu’ EXCISION est originellement un court-métrage qui a été gonflé de façon maladroite en long-métrage.

Le final très réussi, n’accède pas, par exemple, au sentiment fort auquel il prétend. C’est peut-être par la façon légèrement « mollassonne » d’amener cette séquence finale, qui donne le sentiment d’une conclusion avortée.
EXCISION est donc un film qui n’arrive pas à la hauteur de son casting et de sa prétention. Il en reste cependant, un plaisir coupable très appréciable. Le film de Richard Bates Jr. s’apprécie sûrement le mieux dans de bons fauteuils de cinéma et entouré de passionnés près à applaudir le moindre débordement moral. EXCISION est donc avant tout un film de festival.

… Un film parfait donc pour le Brussels International Fantastic Film Festival qui l’y programmait en 2013, quelques mois après son passage à l’Etrange Festival 2012.

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).






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Article rédigé par : Quentin Mazel

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