Good boy (2022) – Méfiez vous du prince charmant
GOOD BOY est un film d’horreur high-concept qui tient son idée jusqu’au bout malgré son petit budget.
Sigrid, jeune étudiante, fait la rencontre de Christian sur une application. Christian est beau, charmant, et le courant passe immédiatement entre eux si bien qu’ils passent la nuit ensemble. Mais au matin, Sigrid découvre que le chien de Christian est en fait un homme dans un costume de chien. Effrayée, elle décide de s’en aller et de ne plus jamais lui adresser la parole. Sa colocataire la convainc cependant de reprendre contact avec celui qui paraît pourtant être le prince charmant… Si l’on excepte bien sûr cette histoire de chien…
Un high concept efficace
GOOD BOY exploite à fond son concept de base qui s’avère extrêmement puissant. N’importe qui ayant quelques connaissances en BDSM ou ayant eu vent des furies ne peut s’empêcher d’y songer en voyant Frank, l’homme costumé en chien, semblant vivre comme tel.
Cependant GOOD BOY adapte ce concept de fétichisme et le replace dans un cadre bien plus simple et ordinaire. Chez Christian tout est si blanc, si propre. Le costume n’est pas fait de latex, mais plutôt de fausse fourrure, donnant l’impression d’un jeu innocent. C’est ça tout le génie du film : jouer avec les apparences et semer sans cesse le doute, tant dans la tête des personnages que du spectateur.
Dans la vaste maison de Christian, les meubles et leur disposition donnent l’impression d’être tout droit sorti d’une publicité pour IKEA. Certes, le film nous vient de Scandinavie, mais ce n’est pas l’unique explication. La volonté de montrer que chez Christian tout n’est qu’apparence, superficialité est évidente. Tout comme sa recherche de la compagne idéale sur un site de rencontre. Son besoin de tout contrôler l’isole du monde et le rend incapable de s’y adapter. À l’inverse, Sigrid est impulsive, vivante, simple, vraie… Et ce n’est pas qu’une apparence qu’elle se donne…
GOOD BOY fonctionne également, car il n’y a guère de fioriture dans son écriture. Tout ce qui est montré et dit sert la narration. Jusqu’à la fin. Le film ne se perd jamais en explications inutiles, n’essaie pas d’en faire trop. Il se contente de l’essentiel et joue sur les attentes du spectateur pour rendre son dernier acte le plus efficace possible.
Plus encore, son réalisateur a cherché, avec succès, à rendre son film surprenant. Les retournements de situations s’enchaînent, laissant le spectateur sans cesse en haleine.
Un tournage en huis clos
Ce travail minutieux est dû à Viljar Bøe qui en est à son troisième long métrage. Son premier, TIL FREDDY, confronte son héros à un message venant du futur lui annonçant qu’un de ses amis va le tuer. Son second métrage, THEODOR, est également un thriller, mais sans l’aspect fantastique.
En soi, il n’y a pas vraiment de surnaturel dans GOOD BOY. Le film est plutôt dans l’incongru, voire le surréalisme et, clairement, dans l’horreur. Car la situation va très vite déraper pour les protagonistes.
Conçu avec un tout petit budget, le film a été tourné dans deux maisons appartenant à la famille du réalisateur et l’appartement de Sigrid est une simple chambre.
Le nombre de décors limité tout comme la décoration minimaliste imposée par le budget créent, comme souvent dans le cinéma horrifique, une sensation de huis clos et d’enfermement qui sied parfaitement au sujet du film.
Le casting est à l’instar de l’image : simple et efficace. Peu nombreux, les comédiens sont tous suffisamment talentueux pour nous faire croire à l’histoire un peu folle qu’on nous conte.
Ainsi, Gard Løkke, qui incarne Christian, a la gueule d’ange de l’emploi, mais sait aussi parfaitement jouer toute une palette de jeux pour distiller le doute.
Face à lui, Katrine Lovise Øpstad Fredriksen incarne la pétillante Sigrid.
Sa colocataire, jouée par Amalie Willoch Njaastad, qui a tourné dans une mini-série appelée ALEX, est peut-être celle qui a la plus longue carrière entre tous.