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« Le monde visible est chimère, la réalité se trouve dans les rêves de la nuit ». Cette phrase poétique qu’il écrivait à côté de sa signature résume bien l’incroyable univers littéraire du grand Edogawa Rampo. Rampo (dont le pseudonyme est un hommage à Edgar Allan Poe qu’il admirait) fut l’un des maîtres du roman policier et du macabre japonais – comme son prédécesseur américain le fut en son temps. On parle souvent à propos de ses oeuvres de Ero-Guro, genre qui mêle érotisme et grotesque. Qu’on en juge avec la géniale nouvelle sadique La chenille (adaptée en 2005 dans RAMPO NOIR) ou avec son incroyable roman d’horreur érotique La bête aveugle (qui donna lieu à un beau film du même titre dans les années 60). Seuls 6 volumes de Rampo ont été traduit en France aux éditions Picquier, mais tous méritent largement d’être découverts. Lire Rampo c’est pénétrer dans un monde de folie totale, à la beauté malsaine.
Son oeuvre fut abondamment adaptée au Japon. Les occidentaux s’y mettent enfin puisque Barbet Schröder réalise INJU, d’après La proie et l’ombre. Ainsi le populaire Lezard noir devint un film (du même titre) de Kinji Fukasaku en 1968, qui acquit même une jolie réputation en nos contrées. Le lézard noir décrivait une enquête mouvementée du détective favori de Rampo, Kogorô Akechi. Akechi intervient dans HORRORS OF MALFORMED MEN à la toute fin de l’histoire surgissant comme un diable de sa boite pour dénouer les nombreux mystères de l’intrigue. Procédé qui pourra dérouter ou décevoir certains. En effet, si le film de Teruo Ishi, maître du film de tortures et du Ero-Guro cinématographique, contient des éléments horrifiques, c’est aussi un film policier. C’est dire si, par ce mélange des genres, HORRORS OF MALFORMED MEN s’avère représentatif du style Edogawa Rampo !
Le héros amnésique mêne ainsi une enquête sur ses origines en prenant la place d’un disparu qui lui ressemble étrangement. Peut-être était-ce lui ? Son enquête le conduit sur une île où son père, complètement fou, joue les docteurs Moreau en créant des monstres, comme d’inédits siamois formés d’un duo mâle défiguré/ très jolie fille.
HORRORS OF MALFORMED MEN donne le ton dès les premières images qui montrent le héros prisonnier d’un asile d’aliénés peuplé de femmes pour le moins hystériques.
Ishi nous entraîne à la suite de son personnage principal dans une intrigue de plus en plus folle et bizarre, avec une apothéose dans l’île du savant ( ?) fou. Les créatures qu’on y découvre sont très surprenantes. La forme (théatralité, éclairages, maquillages) illustre ici magnifiquement le fond pour plonger le spectateur incrédule dans le monde complètement dingue et cruel de Rampo. A noter que le scénario présente plus d’un point commun avec le roman L’île panorama (nom du héros imposteur et de sa femme, usurpation de l’identité d’un sosie, île bizarre, révélations policières par un Kogorô et feu d’artifice final pour le moins particulier), que l’on relira utilement. L’idée folle de la « chaise humaine », que nous ne déflorerons pas ici, se retrouve quand à elle dans la nouvelle du même titre (recueil La chambre rouge). .L’adaptateur a donc mélangé ici différents textes (et sans doute bien d’autres, que nous ne connaissons pas)… Pourquoi pas, puisque l’esprit est totalement maintenu. On a aussi droit à un joli meurtre qui évoquera bien des choses aux fans de James Bond qui ont vu ON NE VIT QUE DEUX FOIS et ses ninjas… Roald Dahl, scénariste, aurait-il lu Rampo ?
HORRORS OF MALFORMED MEN est un voyage halluciné et hallucinant dans l’un des univers les plus originaux qui soient. Pour preuve cette scène démentielle où une femme affamée mange les crabes qui dévorent le cadavre de son amant !
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Article rédigé par Patryck Ficini
Ses films préférés - Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà