Imprint
Annulé par la chaîne américaine Showtime ainsi que par Mick Garris lui-même, l’épisode de Takashi « DEAD OR ALIVE » Miike est définitivement le plus violent de cette première saison de la série Masters Of Horror. Garris a d’ailleurs fait le choix d’interdire la diffusion au Pays de l’Oncle Sam afin que la sortie Dvd bénéficie d’une version non censurée. Au final, IMPRINT fut acheté et programmé par la chaîne anglaise Bravo. A quand une initiative de la sorte de la part des chaînes françaises ?…
Dans le Japon du 19ème siècle, le journaliste américain Christopher recherche désespérément la prostituée dont il était tombé amoureux mais qu’il a été contraint d’abandonner : la belle Komomo. Sa quête l’amène sur une île mystérieuse où il fait la connaissance d’une péripatéticienne à la moitié du visage déformé. Ne voulant pas divulguer son identité à Christopher, elle lui révèle néanmoins ce qu’il est advenu de son amour perdu et en profite par là même pour dévoiler sa propre histoire…
Miike met ici en images un scénario de Daisuke Tengan, le fils du célèbre réalisateur Shohei Imamura (L’ANGUILLE, LES PORNOGRAPHES…). Un scénar jusqu’au-boutiste qui cumule toutes les atrocités possibles et imaginables : inceste (via des flashbacks sur le passé de la prostituée sans nom), parricide, infanticide et fratricide sont de la partie. Seul l’insecticide manque à l’appel… La violence de l’épisode atteint d’ailleurs son paroxysme lors d’une douloureuse séquence de torture où la pauvre Komomo se voit enfoncer des aiguilles dans des endroits peu sympathiques (ongles, bouche…). Sûrement la scène qui a posé problème à Showtime pour la diffusion hertzienne.
Reste à savoir si ces sévices subis par certains personnages servent réellement l’histoire ou non. Ceux qui apprécient Miike pour ses écarts de violence incontrôlés risquent sûrement d’y trouver leur compte car IMPRINT va loin dans la souffrance physique. Quoi qu’il en soit, on a tout de même l’impression de regarder une oeuvre purement gratuite. La violence paraît vaine car Miike joue la carte de la surenchère pour impressionner son monde. A l’inverse, la violence de VISITOR Q était sensée car elle témoignait d’un véritable malaise social au sein de la société nippone. A sa manière, Miike faisait voler en éclats les repères familiaux afin de montrer un pays à la dérive. Bref, il y avait une véritable consistance dans ce long métrage ; la brutalité de certains passages servait fort bien le propos du cinéaste. Dans IMPRINT, on dirait que la violence s’impose d’elle-même sans queue ni tête. Il fallait qu’elle soit présente juste pour être présente, ce qui est fort dommage.
Cela mis à part, il convient de souligner l’énorme point noir de l’épisode : le jeu d’acteurs. Il faut garder à l’esprit que IMPRINT était destiné au marché américain. Donc, en dépit d’un tournage sur le sol nippon (au lieu de Vancouver pour la plupart des autres opus de la série), on constate avec amertume que les actrices ne sont pas faites pour jouer dans la langue de Shakespeare. S’il y avait un intérêt à prendre un réalisateur asiatique, c’était par évidence pour apporter un bol d’air frais à la saga. A quoi bon prendre Miike si c’est pour voir des Japonaises parler affreusement anglais. C’est tout bonnement ridicule, d’autant plus que l’action et l’histoire sont purement ancrées dans un contexte nippon. Bonjour la cohérence dans tout ça… Billy Drago, le seul Américain de l’équipe, est quant à lui particulièrement mauvais dans son rôle de journaliste. Il surjoue à l’extrême et ridiculise de ce fait son personnage.
Sinon, les costumes sont plutôt réussis. Bien qu’irréalistes et volontairement tape-à-l’oeil, les coupes de cheveux et les vêtements de Komomo et de la prostituée défigurée sont mignons. Un élément qui contribue plus que jamais à rendre cet épisode extravagant. Les décors, bien que peu nombreux, demeurent eux aussi corrects et collent bien à l’époque.
Il est donc déplorable de constater que Miike a eu une fausse liberté d’action. Comment était-il sensé apporter sa touche personnelle en devant tourner dans une langue qui n’est pas sienne ? En dehors de cet écart linguistique, IMPRINT apparaît comme un épisode assez vain, qui veut trop en faire pour satisfaire son monde.