Interview Alda Teodorani
UN ALTRO RACCONTO / Le Gambe di Leonardo
Le Gambe di Leonardo est une nouvelle qui devait initialement être insérée dans mon recueil Organi, dans lequel une écrivain fabrique son homme idéal avec les morceaux de ses amants, mais il n’a pas été accepté par l’éditeur Stampa Alternativa parce qu’il ne le jugeait pas en accord avec les autres. C’est inspiré d’un fait réellement advenu, car à 24 ans j’étais tombée amoureuse d’un jeune homme de 17 ans… Par chance c’est la seule fois où c’est arrivé mais le charme de ce garçon n’était pas en rapport avec son âge 😉 Le reste est inventé. Je m’imaginais moi-même pendant que j’écrivais, parce que j’en suis vraiment la protagoniste, et ça a été super de voir Chiara réciter mon rôle ! Dommage que le titre du film soit différent de celui de la nouvelle (ce n’était pas un grand titre mais UN ALTRO RACCONTO non plus…) parce que dans les autres cas ce n’est pas arrivé. J’ai cassé les pieds à Chiara avec 3000 messages et coups de fil parce que j’étais terrorisée à l’idée que le film sorte en DVD sans les références à la nouvelle ou sans une note qui en dise au moins le titre. Ce n’est pas facile pour un écrivain de céder ses propres travaux ainsi, surtout quand ils figurent dans un livre déjà imprimé dont l’éditeur donne son autorisation sans problème et sans demander de l’argent en contrepartie (La signora delle torture, publié par Addictions) . Dans ce cas j’aurais désiré que nous soyons au moins récompensés avec le titre original. Ce n’est pas arrivé et ça me déplait, je le dis très franchement.
NUOVA EDIZIONE :
Ici, Chiara Pavoni est l’une des protagonistes. C’est une actrice toujours disponible qui, à ce que l’on m’a dit, ne demande pas de compensation financière pour son travail. C’est une personne très sympathique. Ce film (extrait de la nouvelle homonyme écrite pour le projet Grande Macello, une parodie neonoir de l’édition italienne de Big Brother) me plait beaucoup. Je trouve vraiment inquiétant le protagoniste qui, apparemment normal, se transforme en monstre parce qu’il ne supporte pas la vanité et la vacuité des personnes qui l’entourent et tue au nom d’idées… sidérales 😉
Une curiosité : quand j’ai écrit la nouvelle je n’avais même pas vu une émission de Il Grande Fratello, malgré l’extraordinaire succès obtenu en Italie- peut-être justement pour ça ! – mais ensuite, voyant quelques extraits ça et là (et aussi des émissions semblables, que je considère complètement inutiles), je me suis aperçue que ma nouvelle avait visé juste !
L’AMORE RITROVATO
Encore Chiara Pavoni, qui ne craint pas de montrer son corps si généreux. J’aime dans ce film l’ambiance décadente et vraiment dark, ténébreuse. J’adore le protagoniste, très grand, avec ces mains gigantesques ! J’aime à mourir aussi : l’hôtel choisi pour tourner quelques scènes, la femme de chambre si semblable à la femme qui tient le cristal dans SUSPIRIA, l’histoire romantique de la vampire condamnée à tuer celui qu’elle aime parce qu’elle ne parvient pas à dominer son instinct. Ceci est l’élément le plus important dans la condition du vampire, une figure littéraire et cinématographique tellement significative qu’elle me fait penser que, quelque part, cet être existe vraiment.
La nouvelle est très courte et minimaliste, seulement en partie accentuée, et s’inspire d’un concert que j’ai vraiment vu à Vérone, celui de Neil Young il y a bien longtemps. J’y ai connu un garçon anglais. C’était un des techniciens qui suivaient le Tour, ce fut un vrai coup de foudre, aussi tendre qu’il peut l’être pour une fille de 16 ans (même pas un baiser) mais je tombais éperdument amoureuse de lui. Bien sûr je ne l’ai plus jamais revu. Dans cette nouvelle, j’ai voulu mettre un peu de cette atmosphère.
FIORE
Ce film est dirigé par un de mes lecteurs historiques, c’est son troisième court-métrage. Je l’admire parce qu’il a réussi à faire une œuvre de qualité avec budget zéro et aucun acteur professionnel. Je le vois, lui et ses amis, un peu comme les Tom Sawyer de la situation, toujours près à faire des ballades qui les portent vers les aspects réels de notre vie.
Giulio a su capter plus que tous les autres les atmosphères présentes dans mes nouvelles, cette périphérie dégradée que Rome n’a jamais rien fait pour cacher, l’incurie qui entoure cette cité si belle où personne ne fait rien pour les autres et où tous se comportent comme s’il était obligatoire de la violer et de la souiller. Rome, pleine de bouteilles de plastique vides même dans les lieux les plus suggestifs comme le Tevere, qui déborde de déchets. Les deux protagonistes, à leur début ou à peine plus, sont attendrissantes avec leur aspect fragile. S’il y a une chose qui m’a frappée dans cette initiative, c’est la mobilisation de tout le monde. Ce n’est pas rien et ça m’a profondément marquée. Ces filles se sont levées à l’aube pendant plusieurs jours d’affilée, avec le froid et le sommeil qui les accompagnaient pendant qu’elles jouaient. Un applaudissement tout particulier à la colonne sonore. Je juge FIORE comme un bon produit et j’ai pleuré d’émotion quand je l’ai vu. Par dessus tout, c’est l’un de mes premiers textes, dédié à l’un de mes amis : l’histoire de deux amies qui se trouvent face à la tragédie et à la désolation de la mort causée par le cancer.
IL VIRUS
Je trouve ce film extrêmement efficace : il multiplie les situations gore comparé à mon texte, tout en le suivant de très près. C’est une histoire libératrice, celle d’une personne qui tombe amoureuse de celui qui l’utilise.
La nouvelle est née de l’exigence d’écrire sur une manœuvre très fréquente dans les situations amoureuses, celle qui naît quand un homme, qui a la peur atavique de ne pas être aimé, cherche à dominer le rapport en manipulant les autres. C’est typique des gens petits qui voudraient démontrer ne pas l’être.
Christian a réalisé un très bon produit, insérant dans le DVD qu’il distribue des bonus vraiment agréables.
PICCOLE ANNOTAZIONI PER UN AMORE IMPOSSIBILE
J’ai connu il y a longtemps une fille qui a inspiré la nouvelle à l’origine du film. Je n’écris pas fréquemment sur l’adolescence, c’est ma limite, je ne parviens pas à trouver cela intéressant. Et pourtant l’histoire d’un amour, la dangerosité d’une jeune fille, si fragile et innocente en apparence, m’ont poussée à écrire cette nouvelle.
Gianni Catani a tourné le film en vrai professionnel et pour le faire a dépassé de nombreuses difficultés. Le film est magnifiquement dirigé, avec une très bonne photographie. Les protagonistes sont fantastiques et l’équipe technique impeccable. J’espère sincèrement qu’il a rencontré son public et qu’il a donné satisfaction à son réalisateur.
SAMANTHA 2
J’ai vu le film une seule fois, à l’occasion de la présentation de l’initiative APPUNTAMENTI LETALI à Rome. Adapté d’une nouvelle à laquelle je tiens beaucoup, parce qu’elle est dédiée à une amie qui a perdu la personne qu’elle aimait, c’est peut-être l’unique film qui m’a donné des problèmes dès le scénario. En fait, le script prévoyait que la protagoniste se suicide en proie au remord, alors que dans la nouvelle, elle prend tranquillement la place de la rivale en s’emparant de sa vie.
Le remord n’est jamais présent dans mes textes, cela ne m’appartient pas. J’ai ainsi demandé de modifier le scénario car il était convenu que mes thèmes fondamentaux ne seraient pas bouleversés. La chose a beaucoup gêné le réalisateur qui a déclaré dans une interview sur internet avoir mal travaillé à cause des modifications que je lui demandé d’apporter Le film, porté par une belle atmosphère rêveuse, a malheureusement le défaut d’une mauvaise sonorisation. Du moins était-ce le cas à la projection et cela en a ruiné la vision.