Sueurs Froides en version papier

Au sommaire du numéro 37 : Dossier Val Lewton, Nancy Drew, Biographie de Ulli Lommel, la saga Flower and Snake, la franchise Leprechaun, entretien avec Patrice Herr Sang, Entretien avec Marian Dora.
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Royaume-Uni - 1968 - Tony Richardson
Interprètes : Trevor Howard, Vanessa Redgrave, John Gielgud, David Hemmings

Un texte signé Nassim Ben Allal

La charge de la brigade légère

S’il reste comme un grand classique du cinéma mondial et la pierre angulaire de la filmographie de son auteur, LA CHARGE DE LA BRIGADE LEGERE n’est pas le seul titre de gloire de l’œuvre de Tony Richardson. Après un début de carrière à la BBC, Richardson signe de grands films comme TOM JONES et LA SOLITUDE DU COUREUR DE FOND et mènera une belle carrière en réalisant des films comme NED KELLY (avec Mick Jagger), POLICE FRONTIERE (avec Jack Nicholson) ou encore L’HOTEL NEW HAMPSHIRE avant de disparaître prématurément en 1991 et de laisser derrière lui un ultime long-métrage posthume, le mélo BLUE SKY interprété par Tommy Lee Jones et Jessica Lange. Cependant, si le nom de Richardson renvoi immédiatement à LA CHARGE…, ce n’est pas un hasard tant le film adopte un ton et un point de vue décalé sur un évènement historique des plus dramatiques tout en restant attaché, sur la forme, à un traitement académique.
Angleterre, 1854. Alors que la guerre de Crimée s’annonce, mettant les forces russes face à une alliance anglo-franco-turque, les soldats de la reine Victoria se préparent au combat. Sous les ordres de supérieurs alcooliques, véritables gamins uniquement préoccupés par des sujets mineurs et une féroce concurrence interne pour le pouvoir, les soldats du régiment de cavalerie font ce qu’ils peuvent pour se montrer à la hauteur d’un uniforme sali par leurs supérieurs. Parmi eux, seul le Capitaine Nolan (incroyable David Hemmings), essaye de mettre de l’ordre dans le bazar ambiant…ce qui lui attire les foudres de l’état-major. Quand enfin, tombe l’ordre de démobilisation, rien ne change, bien au contraire. C’est ainsi que le 25 octobre 1854, lors de la bataille de la Balaklava, la brigade légère de la cavalerie britannique charge les défenses russes. Plus de six cent hommes sont menés au combat par des gradés incompétents. L’opération est un désastre.
La dernière ligne de ce résumé ne constitue en rien un spoiler : cette charge est restée tristement célèbre et a, dès 1854, fait l’objet d’un long poème signé Alfred Tennyson, qui tenait plus du pamphlet que de la poésie. De plus, la guerre de Crimée est étudiée dans tous les manuels d’histoires et le cinéma s’est penché sur son cas par quatre fois avant que Tony Richardson n’y apporte sa contribution. D’abord, en 1898, puis en 1912 et 1914 avant que Michael Curtiz, futur réalisateur de CASABLANCA, n’en filme l’une des plus célèbres versions avec en tête d’affiche Errol Flynn et Olivia de Havilland. Mais autre temps, autres mœurs. Là où Michael Curtiz dépeint la volonté et l’héroïsme de soldats menés à la boucherie, Tony Richardson s’attache à dépeindre par le menu le quotidien de soldats en souffrance et de gradés incompétents planant à des années-lumière de la réalité militaire. Tenant à la fois du film de guerre le plus âpre (l’ombre de John Ford n’est jamais loin) tout comme de la farce (DOCTEUR FOLAMOUR n’est sorti que quelques années plus tôt), cette version de LA CHARGE DE LA BRIGADE LEGERE est un véritable réquisitoire contre la bêtise humaine, la plus vraie et donc la plus triste, celle qui a toujours existé et qui existera toujours et ses effets quand ce sont les décideurs qui en sont atteints. Sur une structure rappelant le futur FULL METAL JACKET, le réalisateur s’attache à dépeindre le quotidien de la cavalerie dirigée par des enfants gâtés alcooliques en conflits ouvert les uns contre les autres, obsédés par la bonne chère et la bonne chair. Ironique sans jamais tomber dans le cynisme, Richardson s’offre même le luxe d’illustrer son propos par des transitions animées qui rappellent les Monty Pythons par leur design mais aussi leur humour mordant et leur point de vue ironique sur la guerre.
Voilà près de 160 ans que la brigade légère a chargé, près de 45 ans que le film est sorti et malheureusement, l’une comme l’autre sont toujours autant d’actualité.



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Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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