Les Pirates de la côte
Production sympathique aux moyens corrects, LES PIRATES DE LA CÔTE est joyeusement mis en scène par Domenico Paolella, un solide artisan du bis italien ayant tâté, des années ’40 à la fin des seventies, de toutes les modes en vogue à la Péninsule. On lui doit quelques plaisants péplums (HERCULE DEFIE SPARTACUS, HERCULE CONTRE LES TYRANS DE BABYLONE, MACISTE CONTRE LES MONGOLS, L’ENFER DE GENGHIS KHAN,…), des swashbuckler, ou « films de pirates » pour les francophones (LE BOUCANIER DES ÎLES, LA TERREUR DES MERS), des espionites (003 AGENT SECRET), des westerns (DJANGO PREPARE TON EXECUTION) et même des Nunsploitation (UNE HISTOIRE DU 17ème SIECLE, LES RELIGIEUSES DU SAINT ARCHANGE). Il emballe donc avec une certaine fougue ce récit certes prévisible mais riche en rebondissements, scènes de combats navals et autres abordages se terminant par de jolis duels à l’épée. L’intrigue, pour sa part, aligne les clichés du genre mais n’en demeure pas moins agréable.
Le capitaine Monterrey vogue vers Santa Cruz à bord d’un galion espagnol armé de quarante canons. Après de nombreuses attaques de pirates, le fier marin a, en effet, reçu l’ordre de convoyer un important chargement d’or vers l’Espagne qui se prépare à une guerre contre l’Angleterre. Cependant, une vile traitrise conduit Monterrey à la disgrâce : accusé de trahison il est condamné à mort mais, en raison de ses hauts faits passés, sa peine est commuée en prison à vie. Heureusement, le capitaine parvient à s’emparer du navire sur lequel il est détenu et décide de rallier les pirates, espérant prouver, au final, son innocence. Il ne tarde pas à comprendre que les boucaniers sont renseignés sur les agissements des Espagnols par le gouverneur de Santa Cruz en personne.
LES PIRATES DE LA COTE a tout du divertissement sans prétention, le genre de long-métrage qui, jadis, faisait le bonheur des petits et des grands scotchés devant leur télévision par ses récites trépidants au rythme soutenu. Aujourd’hui, les plus cyniques ricaneront devant la romance très gnan gnan, les naïvetés du scénario ou le manque de punch des combats mais les nostalgiques passeront encore un bon moment devant ce lointain ancêtre de nos modernes PIRATES DES CARAÏBES.
Dans le rôle principal, l’amateur retrouvera avec plaisir un visage familier du cinéma populaire de « grand papa » en la personne de Lex Barker. Cet Américain athlétique (1919 – 1973) débute sa carrière par de petits rôles avant d’accéder à la célébrité via la RKO lorsqu’il reprend, à 30 ans, le rôle de Tarzan, récemment délaissé par Johnny Weissmuller. Après TARZAN ET LA FONTAINE MAGIQUE, Lex Barker jouera quatre fois de plus le fameux Homme Singe avant d’abandonner à son tour le personnage à Gordon Scott. L’acteur enchaine alors les tournages, essentiellement dans des westerns, côtoyant par exemple Randolph Scott dans le plaisant LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER d’André de Toth ou le FAR WEST 89 de Ray Enright. Polyglotte (il parle français, espagnol, italien et allemand), l’acteur se tourne ensuite vers l’Europe pour poursuivre une carrière marquée par le cinéma d’aventures et particulièrement le « film de pirates ». On le voit en tête d’affiche dans des productions d’intérêt divers comme LE FILS DU CORSAIRE ROUGE ou ROBIN DES BOIS ET LES PIRATES mais aussi, dans un petit rôle, dans LA DOLCE VITA. En 1963, Lex Barker trouve la consécration en incarnant le héros des romans de Karl May, Old Shatterhand, dans LE TRESOR DU LAC D’ARGENT. Dès l’année suivante, une séquelle est lancée et Lex Barker partage la vedette avec Pierre Brice, alias Winnetou, dans LA REVOLTE DES INDIENS APACHES. De nombreuses suites et décalques suivront durant toutes les années ’60, comme LES CAVALIERS ROUGES, LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES, WINNETOU 3, etc. Après avoir incarné une septième et dernière fois Old Shatterhand dans WINNETOU UND SHATTERHAND IM TAL DER TOTEN , Barker disparaît des grands écrans et se consacre à la télévision, faisant divers apparitions dans des séries avant une crise cardiaque fatale qui le frappe à 53 ans.
LES PIRATES DE LA COTE reste un bon exemple de son jeu et le montre rusé, charmeur, bondissant et habile stratège. Un héros inflexible confronté à des pirates sans honneur et à un gouverneur corrompu. Sans grande surprise, le film s’offre toutefois quelques scènes originales comme ce radeau de naufragées attirant, par leurs charmes, les marins dans un piège. Pour une production italienne des sixties, la photographie est belle, les décors plaisants et les costumes colorés, ce qui donne à l’ensemble un charme très appréciable.
Les amateurs de piraterie n’ont donc aucune raison de se priver de cette série B rondement menée.