L’Invasion Martienne
Une poignée d’extraterrestres décide un beau jour de venir visiter notre jolie planète dans le but de la faire coloniser par leurs troupes de gorgons (en fait de simples homards). Ainsi ils espèrent, grâce à l’atmosphère particulièrement avantageuse de la Terre, créer une réserve suffisante de nourriture pour leur peuple et ce pour des décennies.
En sortant de leur soucoupe l’un d’entre eux abat un pauvre chien qui passait par là, ce qui révolte considérablement Derek qui va alors s’enfuir dans l’Amérique des 50ies. Les martiens dépêchent alors Thor, le plus cruel d’entre eux, pour traquer le renégat tandis que dans leur grotte, cachée aux yeux des hommes, les Gorgons grossissent à vue d’œil.
L’INVASION MARTIENNE fut réalisé en 1959 dans une période cinématographique qui aura vu un nombre incalculable de titres comportant le mot « teenager ». Il y eut I WAS A TEENAGE WEREWOLF, I WAS A TEENAGE MUMMY (!) et même I WAS A TEENAGE FRANKENSTEIN (!!). Cependant il ne s’agit pas ici d’un simple film d’exploitation comme il y en eut tant à l’époque mais bel et bien d’un vrai film de passionné, Tom Graeff, dont le rêve était de faire du cinéma. En fait de cinéma, Tom Graeff ne réalisa que ce film-là mais en occupa à peu près tous les postes techniques. Il écrivit le scénario, créa la musique, les effets spéciaux, les costumes, prit en charge la photographie…Les acteurs du film, pour qui l’expérience sera elle aussi unique, sont d’ailleurs pour la plupart crédités à la production.
Cet engouement dont a fait preuve l’équipe du film permet au métrage de sortir du lot grâce à un rythme globalement bien dosé et à des trouvailles qui restent un trésor pour tout bon cinéphile. Au premier rang on soulignera le fameux pistolet laser désintégrateur (en fait un simple jouet pour enfant), utilisé avec beaucoup d’astuce et repris bien plus tard par Tim Burton pour son MARS ATTACKS.
L’ambiance fifties très touchante que donne Tom Graeff à son film donne également un cachet supplémentaire à L’INVASION MARTIENNE.
Cela dit l’essentiel du capital sympathie d’un métrage tel que L’INVASION MARTIENNE vient évidemment de son côté « fauché ». Ainsi, pour les effets spéciaux, on ne retiendra que l’atterrissage totalement raté de la soucoupe volante et, des gorgons, le spectateur ne verra que des pattes géantes s’agitant frénétiquement depuis une grotte.
De même le jeu des acteurs provoque souvent l’hilarité. La palme revient tout de même à Bryan Grant, l’interprète de Thor le chasseur, et ses rictus cruels complètement surjoués. Dans le rôle du gentil martien, David Love (joli pseudonyme !) ne s’en sort pas bien mieux, arborant le métrage entier de grands yeux ahuris qui ne semblent pas vraiment comprendre l’histoire dont il est le héros.
Le costume que recouvre les martiens sont dans le même registre. Pour l’anecdote ils sont vêtus de simples bottes tout à fait normales…mais recouvertes de chaussettes noires !
Etonnant également la présence non créditée au générique de Paul Blaisdel qui aida Tom Graeff aux effets spéciaux. Paul Blaisdel, rappelons-le,fut le créateur de l’improbable alien de IT CONQUERED THE WORLD, du monstre mutant de THE DAY THE WORLD ENDED, tous deux de Roger Corman, mais aussi des martiens bizzaroïdes de THE INVASION OFTHE SAUCER MEN d’Edward L.Cahn.
Métrage donc totalement fauché mais tellement attachent de la science-fiction des années 50, L’INVASION MARTIENNE a gagné au fil des années sa réputation de film culte avec des références plus ou moins appuyées de nombreux réalisateurs de maintenant.
Un documentaire est même sorti l’an dernier comportant des interviews de personnalités du bis aussi influentes que Roger Corman ou Lloyd Kaufman et des images du tournage. Joli conclusion pour l’un des spectacles les plus décalés de la science-fiction américaine.