Goregoyles 2
C’est en 2003, et non sans un certain succès, que la firme canadienne indépendante de distribution Helltimate mettait sur le marché un dvd double programme intitulé GORGOYLES. Quatre ans plus tard, Helltimate propose un GORGEGOYLES 2, double programme façon grindhouse (terme désormais très à la mode depuis le diptyque Tarantino/Rodriguez) contenant deux films d’une heure, indépendant l’un de l’autre, tournés en toute indépendance avec les moyens du bord.
Présentés par Uncle Vicious, sorte de gardien de la crypte version redneck, les deux films sont de qualités totalement inégales.
Premier métrage, CLEAN, signé par Alexandre Michaud, déjà scénariste de l’un des deux segments de GOREGOYLES premier du nom, est une variation gore autour d’une thématique proche du TAXI DRIVER de Scorcese.
Crane, jeune homme solitaire en crise, ne supporte plus le monde dans lequel il vit. C’est alors qu’il découvre une sorte de club regroupant un certain nombre d’hommes partageant les mêmes sentiments que lui. Cependant, il ne s’agit pas pour eux de refaire le monde en descendant bières sur bières, mais bien de passer à l’action au moins une fois par an en exécutant une personne qu’ils jugent « polluante ». Mais ce qu’ils ignorent tous, c’est que Crane va les trouver souillant pour sa propre sensibilité et va s’escrimer à les faire disparaître à tour de rôle lors d’une très longue nuit…
Souligné par une bande originale très metal, le film d’Alexandre Michaud aligne consciencieusement ce qu’il faut de sexe et d’effets gore réussis, avec notamment l’idée d’une pelle qui sert à démembrer les corps. Sang et tripes abondent, le twist grâce auquel les chasseurs deviennent à leur tour des proies est plutôt bien utilisé mais le film souffre cependant de quelques défauts handicapants.
En effet, d’un premier degrés total, CLEAN se prend trop au sérieux ce qui crée un certain humour involontaire. Crane, le héros, apparaît comme un rebelle aux considération philosophiques sur l’état du monde assez creuses et passe-partout ce qui diminue la portée volontairement politique du film, noyée dans une esthétique trop peu travaillée pour vraiment avoir d’impact.
THE WALKERS n’entretien tellement pas de rapports avec CLEAN qu’il est légitime de se demander pourquoi il figure sur le même dvd.
Après un braquage, Cathy et Bill Walker, Bonnie and Clyde des années 2000, sont obligés de se cacher dans une forêt alors qu’ils sont poursuivis par Bradey et Atkins, deux policiers têtus.
Pour le quatuor commence alors une longue et éreintante poursuite qui se transformera en une descente aux enfers aussi bien psychologique que physique.
Excellent exemple de ce qu’il est possible de faire avec un micro-budget et les moyens techniques du bord, THE WALKERS est un thriller psychologique aux envolées gore magnifiées par une mise en scène au cordeau et une tension qui ne retombe jamais.
Se hissant sans complexe au rang de série B carrée, le film ne renonce pas pour autant aux clichés (le flic hargneux et son trauma) ni aux longues scènes dialoguées qui freinent le rythme. Cependant, son esthétique naturaliste et ses scènes barbares jamais gratuites lui permettent de susciter l’adhésion. La palme revient à Tara Rheaume qui pousse son personnage de Cathy Walker jusqu’au bout de sa logique halluciné avec un talent rare. Ce voyage au bout de l’enfer, intense, tendu est une réussite.