Mega Shark vs Crocosaurus
Après le combat titanesque du mégalodon avec un poulpe géant, le lieutenant Mc Cormick, qui travaille à bord du cuirassé USS Gibson sur des recherches liées aux squales, n’est pas certain de la mort du requin géant. Confronté à des signaux que son supérieur lui demande d’identifier, il devine la trace de la créature. Malgré ses mises en garde, le commandant décide d’ignorer la menace. Conformément aux prédictions du lieutenant, le monstre attaque le bâtiment, semant la destruction et la mort sur son passage, tuant au passage la fiancée de Mc Cormick.
Pendant ce temps, au Congo, l’aventurier – un peu fraudeur – Nigel Putnam se voit confier la mission de traquer un crocodile gigantesque qui décime la population des mines voisines. Non sans avoir risqué sa vie dans le processus, il capture le saurien et décide de l’emmener faire un tour en bateau, de l’autre côté de l’Atlantique. Il n’avait pas prévu la rencontre des deux monstres au milieu de l’océan.
Leur hostilité naturelle conduit l’agent Hutchinson et l’amiral Calvin à envisager de se débarrasser des deux géants aquatiques en les faisant s’affronter, avec l’aide des experts que sont Mc Cormick et Putnam. Mais l’entreprise est de taille, c’est le cas de le dire.
Ces dernières années, les requins et autres monstres marins ont eu le vent en poupe: du thriller aquatique (The Reef, 2010) au blockbuster en 3D (Piranha 3D, la même année), en passant par le faux docu (Cloverfield, 2008), ils ont nagé dans toutes les eaux. The Asylum ne pouvait pas rester sur le sable à regarder passer la vague.
C’est pourquoi, en 2009, ils ont l’idée saugrenue de faire s’affronter un mégalodon d’environ un kilomètre de long et une pieuvre géante, deux ennemis préhistoriques figés dans la banquise par la dernière glaciation et qu’une erreur humaine va libérer. Mega Shark vs Giant Octopus est un véritable succès – pensez donc, c’est le premier film du catalogue Asylum à avoir les honneurs d’une sortie en salle, et dans plusieurs pays, s’il vous plaît.
Forts de cette réussite, ils décident de faire une suite. Mega Shark reprend du service et va donc combattre cette fois-ci un crocodile géant. Comment un reptile né dans la jungle congolaise peut se retrouver confronté à un requin préhistorique au milieu de l’Atlantique? Par un tour de passe-passe scénaristique. Disons-le tout de suite, le script ne s’embarrasse pas avec la vraisemblance. En effet, nos deux monstres vont semer la terreur sur une bonne partie de la côte Est des USA avant de se crêper le chignon dans les eaux volcaniques d’Hawaï. Et l’équipe d’experts, qui semble prendre plaisir à perdre son temps dans un hélicoptère, va suivre les bêtes sauvages dans tous leurs déplacements.
Les solutions les plus impossibles vont être envisagées – VRAIMENT impossibles, comme les arcs électriques générés par une centrale nucléaire projetés sur les deux monstres pour les griller. La rigueur scientifique n’est pas non plus un des points forts du scénario.
La qualité de la mise en scène permet tout juste de différencier ce film d’une oeuvre amateure: il ne faut pas s’attendre à de l’originalité dans la forme avec Christopher Douglas-Olen Ray. Les plans sont simples, prévisibles.
Sans moyens suffisants, les effets spéciaux sont aussi tout juste passables, ressemblant fort aux cinématiques du début de la Playstation. Ce qu’on pouvait reprocher au premier opus reste valable, mais difficile de leur en vouloir. L’aspect bricolage fait partie du charme de ces deux productions.
Car quel intérêt de regarder un film d’une aussi piètre qualité, demanderez-vous. Mais pour le fun, bien sûr!
Tout est bon pour en mettre plein la vue, avec de maigres moyens. Alors on passe d’un cuirassé à un sous-marin nucléaire, d’un hélicoptère à un jet de l’Armée de l’Air, d’une forêt congolaise à une plage hawaïenne. On voyage beaucoup avec MSvsC. Quand les productions mainstream boostées aux dollars se contentent parfois d’une poignée de décors différents et de quelques séquences en plein air, The Asylum multiplie les lieux. On n’en voit toujours que le strict nécessaire, il est vrai, mais l’imagination fait le reste, et on peut se persuader de la grande diversité des endroits visités.
Et alors que Mega Shark et le poulpe n’avaient droit qu’à un seul combat dans le premier film, quoique amusant, les rencontres sont nombreuses ici entre les deux créatures, toutes différentes et plus originales les unes que les autres. Parce qu’après tout, on s’en fiche de la vraisemblance quand on voit un crocodile géant affronter un requin gigantesque au milieu du canal de Panama.
MsvsC est un film d’aventure et d’action, mais aussi un buddy movie. Pour incarner les deux experts qui vont devoir travailler ensemble, Jaleel White et Gary Stretch.
Le premier est connu pour avoir joué le nerd à lunettes et à bretelles Steve Urkel dans la série des années 90 La vie de famille. Il a depuis bien grandi, et interprète avec plus de retenue le lieutenant Mc Cormick.
Gary Stretch, de son côté, n’a pas grand chose à son actif, mais est très crédible en baroudeur blasé à la Indiana Jones.
Entre les deux personnages, une vieille histoire est suggérée, mais jamais développée, ce qui est bien dommage. Leur dynamique est intéressante, même si forcément très clichée: l’aventurier téméraire face au militaire discipliné.
Entre les deux, l’agent Hutchinson, une beauté froide et intransigeante interprétée par Sarah Lieving, une habituée des productions The Asylum.
Et pour conclure ce cast, Robert Picardo dans le rôle de l’amiral Calvin. Comme White, il est connu des télévores, puisqu’il est apparu aussi bien dans Star Trek: Voyager que dans les séries Stargate.
Pas de grandes stars au générique, donc, mais des acteurs qui sont contents d’être là et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes.
En résumé, Mega Shark vs Crocosaurus est relativement mauvais en terme cinématographique, mais c’est aussi pour ça qu’il est bon. Il est décomplexé, il ne s’interdit aucune possibilité sous prétexte de vraisemblance, il offre juste un spectacle, certes fauché, mais terriblement jouissif.
Pour une soirée entre potes autour d’une pizza et d’un pack de bières.