Monolithe de Shaun Hutson, le retour d’un roi du gore
on doit Monolithe à l’écrivain britannique spécialisé dans l’horreur rentre-dedans (comprenez bien saignante façon Splatter-punk), Shaun Hutson (né en 1958) Pilier de la collection Gore, livrant pour cette série littéraire quelques perles comme LA MORT VISQUEUSE (adapté en film de façon plutôt plaisante par Juan Piquer Simon) ou LE CRANE INFERNALE, sans oublier le très déjanté LES LARVOIDES. Après huit romans publiés chez Gore, on retrouve Hutson chez les concurrents de Maniac pour VICTIMES puis chez Bragelonne avec NEMESIS et LETTRES MORTES. Quelques nouvelles dans des anthologies young adults (pour la MIDNIGHT LIBRARY) ou des apparitions dans des recueils (LE NOUVEAU THRILLER SORT DE L’OMBRE) puis une longue absence avant un retour via NOS PLUS BEAUX EFFETS GORE, hommage orchestré par David « Bis Bazar » Didelot à la collection mythique du Fleuve Noir.
L’école britannique du gore
D’où un regain d’intérêt pour Huston : réédition intégrale de LA MORT VISQUEUSE (sous son titre original de SLUGS) et traduction de ce MONOLITHE écrit en 2015 et traduit près de dix ans plus tard chez nous. Enfin le retour ! Car Hutson reste une valeur sûre du genre même si le regretté Daniel Riche estimait qu’il écrivait comme un pied et que ses bouquins gagnaient grandement à être amputé de dizaine de pages et tripatouillés à la traduction. Passons. Certes, Huston n’est pas un grand styliste et il ne fait guère dans la dentelle. Tout à l’efficacité, avec une énergie brute qui renvoie au heavy metal et à Iron Maiden dont Hutson est un grand fan mais plutôt la version « à fond la caisse » que la version prog on le suppose.
Page turner saignant
Bref, Hutson balance des intrigues parfois conventionnelles (SLUGS décalque les RATS de James Herbert, maitre étalon de l’agression animale bien sanglante à l’anglaise) ou parfois délirante (LES LARVOIDES, EREBUS). Ce MONOLITHE se situe entre les deux : une histoire intéressante mais assez rapidement prévisible et des personnages plutôt minces ; des défauts compensés par un rythme haletant façon page-turner qui multiplie les chapitres très courts (une centaine, la plupart de 3 ou 4 pages). L’action avance donc rapidement et donne envie de lire la suite, avec suffisamment de passages saignant pour relancer l’intérêt (sans verser dans l’excès splatter punk toutefois).
Une intrigue (trop?) classique
On regrette cependant une fin assez précipitée et plate et un ennemi un peu trop classique dans ses motivations usant d’une créature certes moins commune que les vampires et les loups-garous mais déjà bien connue des fans d’épouvante. L’ensemble reste toutefois plaisant et distrayant et ne devrait pas décevoir les amateurs d’horreur « série B » à la britannique, dans un genre fréquenté par le James Herbert des débuts ou Graham Masterton.