Une Nuit avec Graham Masterton
Incontournable de la collection Terreur, Masterton a subi, comme bien d’autre, la désaffection des éditeurs pour l’horreur au tournant des années 2000. Quelques livres au Fleuve Noir puis chez Bragelonne… Et une éclipse d’une dizaine d’années avant que l’Écossais ne soit accueilli chez le petit éditeur belge Livr’S. En 2024 il revient en France chez Faute de Frappe avec un recueil partiellement inédit composé de cinq nouvelles joliment illustrées : Une Nuit avec Graham Masterton. Deux de ces histoires furent jadis publiées dans la revue Phénix, une autre dans Science-Fiction Magazine et deux autres sont totalement inédites en français.
Cinq petites horreur…
Au programme ? Du fantastique et de l’horreur dans le style typique du Britannique. On commence avec « Les voisins de l’enfer », un récit d’épouvante psychologique qui se termine sur une scène choc. Une belle entrée en matière. « Observateurs » est davantage axé sur le malaisant avec des passages assez glauques. L’intrigue est quelque peu linéaire et prévisible jusqu’à sa chute attendue mais le métier de Masterton est suffisant pour en rendre la lecture agréable. « AU rythme des ténèbres » nous parle d’un objet possédé, ici un peignoir. Masterton n’a jamais craint de donner dans le déjanté, voire le grotesque, et malgré quelques facilités l’histoire, qui ressemble à un conte de la crypte, fonctionne. « Sous les draps » se veut plus onirique, quelque part entre la Fantasy et l’horreur. Là aussi le déroulé est assez classique mais le tout se lit avec plaisir.
« Le fils de la bête » sera probablement la nouvelle la plus polarisante du recueil Une Nuit avec Graham Masterton. D’un côté on salue l’imagination complètement en roue libre de l’auteur qui mélange tueur en série violeur, femme flic enceinte d’une créature monstrueuse et mutants sangsues avides de sang. De l’autre on se dit qu’il pousse un peu le bouchon avec un récit complètement capilotracté et pratiquement absurde. Mais cette lecture n’en reste pas moins plaisante.
Ce recueil de bonne facture vient rassurer les fans de Masterton qui auront – enfin ! – du nouveau à se mettre sous la dent. Vu les nombreuses nouvelles encore inédites (comme en témoignent notamment ses anthologies anglaises « fear… ») on espère que ce tome sera suivi d’autres livraisons assorties, si possible, de quelques commentaires de l’auteur au sujet de chacun des textes proposés.
Dans l’attente de la suite…
