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Japon - 2006 - Shinya Tsukamoto
Interprètes : Ryuhei Matsuda, Masanobu Ando, Shinya Tsukamoto

Un texte signé Michaël Guarné

Nightmare Detective

NIGHTMARE DETECTIVE est à la fois ultra classique et vraiment surprenant. Classique car l’univers de l’auteur de BULLET BALLET est rapidement identifiable : une ambiance urbaine malsaine et oppressante, des couleurs désespérément froides (Tsukamoto utilisant une fois de plus des filtres bleutés, comme sur TOKYO FIST notamment), des personnages qui veulent se suicider, un fond sonore volontairement agressif et dérangeant (du Chu Ichikawa pure souche)… Bref, du Tsukamoto tout craché ! Néanmoins le sujet abordé le différencie de ses autres films en ce sens que le réalisateur nippon n’avait jusque là pas encore abordé le genre fantastique. Ses premiers longs-métrages (TETSUO, DENCHU KOZO…) étant peut-être plus macabres et étranges que véritablement fantastiques.
NIGHTMARE DETECTIVE a en fait un petit côté X-FILES car on est amené à suivre l’enquête policière d’une nouvelle recrue, le lieutenant Keiko Kirishima, épaulée en cela par son supérieur campé par le charismatique Ren Osugi. Ce dernier interprète donc un détective comme dans la série MPD PSYCHO du barré Miike. Son personnage a une vision plutôt terre à terre des évènements tandis que la nouvelle venue est prête à considérer des éléments paranormaux pour faire avancer leur affaire.
Une affaire somme toute mystérieuse, dans laquelle plusieurs personnes se seraient inconsciemment suicidées en se mutilant violemment. Seul point commun entre les victimes : un appel téléphonique à destination d’une seule et même personne : le dénommé Zéro, interprété par Tsukamoto lui-même. Les défunts semblaient par ailleurs tous être en plein cauchemar lorsqu’ils se tailladaient. Keiko Kirishima fait donc appel à Kyoichi Kagenuma, le seul à pouvoir remonter jusqu’à Zéro grâce à son don : la possibilité de s’immiscer dans les rêves des gens…
Personnage énigmatique, le Nightmare Detective est incarné par le flegmatique Ryuhei Matsuda, que l’on a pu voir dans OTAKUS IN LOVE et TABOU par exemple. Son physique colle assez bien à son personnage troublé et peu bavard. Choix de casting étonnant, Keiko Kirishima est campé par Hitomi, une chanteuse de J-pop (l’équivalent de la variété française, mais avec une sacralisation de l’artiste beaucoup plus poussée qu’en France) qui s’en sort bien malgré son manque d’expérience en tant qu’actrice. Son charme marque même une réelle rupture avec l’univers nihiliste propre à Tsukamoto qui prend un malin plaisir à la filmer en gros plan à de nombreuses reprises. Le réalisateur nous impose donc une certaine douceur féminine qui contraste bien avec la dureté des faits. Ainsi, les automutilations sont sanglantes à souhait et on reconnaît bien là le Tsukamoto de TETSUO, celui qui voulait détruire sa propre chair afin de se transcender, de passer à un autre stade…
Le point noir de ce NIGHTMARE DETECTIVE est sûrement son déroulement. On a vite fait de se demander si on est dans le rêve d’un des protagonistes ou dans la réalité. La mise en scène nous embrouille facilement et la compréhension globale s’en trouve un peu amoindrie. Ce qui est d’autant plus dommage vu la richesse scénaristique liée à ce personnage pouvant accéder aux confins oniriques d’autrui.
Au final, NIGHTMARE DETECTIVE demeure un Tsukamoto correct ; on peut néanmoins s’interroger sur l’intérêt de la mise en chantier de sa suite… Quoi qu’il en soit, NIGHTMARE DETECTIVE premier du nom, loin d’atteindre la perfection d’un TOKYO FIST, arrive quand même à faire oublier HAZE, son précédent moyen-métrage, qui était franchement plat et soporifique.



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Article rédigé par : Michaël Guarné

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