Sabata
L’aventurier Sabata récupère l’argent dérobé dans une banque et fait chanter les notables à l’origine du hold-up…
Frank Kramer (alias Gianfranco Parolini) réalise ici la première aventure de Sabata, un personnage dont le look et le style rappellent autant SARTANA, dont il avait d’ailleurs filmé les débuts l’année précédente, que le colonel Mortimer de ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS, de Sergio Leone. Un héros déjà interprété par Lee Van Cleef, comme quoi rien ne se perd dans le western spaghetti !
Très élégant, tout de noir vêtu, Lee Van Cleef offre ici une interprétation sans faille de grand professionnel. Sa classe est incroyable ! Sabata est un personnage ambigu, et l’on ne sait trop s’il vise la justice (il se prétend souvent soucieux de légalité) ou son profit personnel. Sans doute un peu des deux ! A la fin, lorsqu’on lui demande qui il est vraiment, il répond par un propos énigmatique, et l’on n’en saura pas plus…
Pour l’entourer, quelques alliés pittoresques : un Mexicain lanceur de couteaux (Pedro Sanchez), un indien acrobate (le fameux Nick Jordan, célèbre pour son agilité) et, surtout, l’étonnant Banjo, incarné avec talent par William Berger. Un joueur de banjo, comme son surnom l’indique, aux bottes chargées de grelots qui annoncent son arrivée, avec, bien sûr, sa musique. Les thèmes musicaux de Sabata et de Banjo, composés par un Marcello Giombini inspiré, sont excellents.
Le sujet du film en vaut un autre, sans plus, mais les péripéties sont sympas et les gunfights impeccables. SABATA est un très efficace film d’action avec beaucoup d’humour. La réalisation de Parolini est soignée et sert très bien l’histoire.
Parmi les méchants, l’excellent Franco Ressel, habitué de ce type de rôles est assurément l’un des meilleurs dans sa partie. Quelques tueurs, également assez curieux, sont chargés d’éliminer un Sabata devenu gênant. Notamment un Mexicain, qui menace de tuer Sabata… lorqu’il aura fini de s’esclaffer ! Et d’éclater aussitôt de rire… On découvre également un faux prêtre, joué brièvement par Allan Collins/Luciano Pigozzi.
Parmi les facteurs qui concourent à la réussite de SABATA, il ne faut pas oublier quelques gadgets, comme une winchester à la portée plus longue que prévu, un derringer qui tire aussi par la crosse ou une canne lance-projectiles… Et le surprenant banjo-carabine de William Berger ! Nous sommes en plein gadget-western. C’est farfelu et plaisant, même s’il est dommage que ces fameux gadgets ne soient finalement que des armes particulières. Un peu facile à la longue. Les scénaristes des MYSTERES DE L’OUEST sont assurément allés plus loin que les Italiens dans le mélange James Bond/western…
Le duel Sabata/Banjo, à la fin, est sans doute un peu bâclé, mais son résultat est réjouissant.
SABATA est donc un western prenant, entièrement voué à distraire le spectateur sans chercher à lui apporter autre chose que du plaisir, et il est indéniable qu’il y parvient largement.