Survival of the Dead
C’est la fin du monde: les morts sont revenus à la vie et même l’armée ne semble pouvoir les contenir… Devant la catastrophe, certains désertent et trouvent refuge sur Plum Island, au large du Delaware. Quoi de mieux qu’une île pour échapper à L’Enfer ? Et s’ils se trompaient…
On ne présente plus le père du zombi, connu pour insérer une critique sociale et une réflexion sur le pouvoir des images au traditionnel film de zombi. Il est le réalisateur et le scénariste du cultissime THE NIGHT OF THE LIVING DEAD (1969), de ZOMBI (1978), ou encore de DAY OF THE DEAD (1986), SURVIVAL OF THE DEAD est le troisième volet de la trilogie des « Deads » réalisé par Georges A Romero. Elle comprend: LAND OF THE DEAD (2005), GEORGES ROMERO’S DIARY OF THE DEAD (2008) et GEORGES ROMERO’S SURVIVAL OF THE DEAD (2009). A noter que ce dernier volet se place dans la continuité directe du précédent.
Trucider des zombis à longueur de temps n’est pas une sinécure: n’importe qui, même un soldat aguerri, risque d’y perdre sa notion du Bien et du mal et son humanité. La métamorphose est si rapide que les survivants doivent être prêts à massacrer leur meilleur pote. Autant d’horreur est épuisant pour les nerfs. Même les soldats désertent l’armée : il s’agit de survivre et ils appliquent la règle du chacun pour soi, n’hésitant pas à braquer les autres survivants. A la recherche d’un peu de calme et de tranquillité, ils atterrissent sur Plum Island, alors en pleine guerre d’idées… : Tuer ou non les zombis ? Là est la question.
Avec LAND OF THE DEAD, Romero inaugure le zombi certes lent, mais capable de réflexion, peut-être même d’intelligence et d’évolution. Il poursuit, dans SURVIVAL OF THE DEAD, sa réflexion, et prend le contre pied des films actuels de zombis. Romero choisit une autre direction: pour lui, c’est l’homme qui pose problème, pas le zombi…Ce dernier obéit juste à sa nature cannibale. Tandis que l’homme reste un prédateur implacable, une menace, y compris pour lui-même : que devient l’humanité quand une mère n’est plus en mesure de protéger ses enfants ou qu’un père se sent contraint de supprimer sa fille… A travers cette réflexion, Romero met en abîme son œuvre, mais aussi toutes les œuvres d’horreur contemporaines, continuant à interroger la violence. Pas question de proposer une violence complaisante, Romero s’attarde plutôt sur les relations entre les personnages, comme si le zombi n’était qu’un révélateur et s’amuse à travers les codes du western à tourner en dérision les vieilles valeurs misogyne et protectionniste de retour en cette veille de fin du monde. La scène finale du duel est, à ce titre, d’une ironie éloquente.
Le film compte aussi de très belles idées visuelles gores, pleine de drôlerie, et tendant plus vers la poésie Gore que la frénésie cannibale. Les effets spéciaux, pour un si petit budget, sont soignés. On pense à la séquence des tête sur les piques, celle de l’attaque des zombis dans l’eau, (non décidemment, ils ne faut pas les prendre pour des décérébrés !), la tête qui s’enflamme, des yeux qui s’exorbitent ou encore cette magnifique morte sur son cheval noir digne des légendes, preuve que le zombi appartient bien à notre mythologie.
L’ironie et l’humour noir sont présents tout au long de ce petit film sans prétention: aucun des deux camps ne sort grandi de ce duel. Et le propos sur la nature humaine est rien de moins que pessimiste faisant de l’homme un éternel survivant, prompt au massacre, qui tue lui-même ses possibilités d’espoir d’une vie meilleure. Car si ce SURVIVAL OF THE DEAD n’a pas l’agressivité de ces petits frères, on pense notamment aux REC 1 et 2 de Jaume Balaguerô (2007/2008), ou à 28 SEMAINES PLUS TARD de Juan Carlos Fresnadillo (2007), deux grandes réussites dans le genre; son propos n’en est pas moins mordant. A noter que SURVIVAL OF THE DEAD a été présenté à La Mostra de Venise de 2010. C’est un peu le cadeau plein d’ironie, à la limite de la parodie, de Romero aux nouvelles générations, avec le risque de ne pas plaire au plus grand nombre…