Le Journal érotique d’une thaïlandaise
Paul (Jean-Marie Pallardy) est un photographe très connu, et les plus belles filles posent pour lui à travers Paris (entre autres Marilyn Jess dans le montage du début). Lorsqu’il surprend sa femme au milieu d’une partouze, il ne parvient pas à accepter cette débauche et décide de s’enfuir. Par une heureuse coïncidence, son chef l’envoie à ce moment-là travailler en Thaïlande avec deux belles filles (Brigitte Lahaie et France Lomay). Ce que les deux modèles ne savent pas, c’est que Paul est en réalité un agent secret, et qu’il doit retrouver deux collègues disparus. En Thaïlande, Paul tombe amoureux de Clito (!), une fille locale (Sylvie Cointre), et commence à négliger sa mission.
Malgré le résumé prometteur – un film érotique en Thaïlande, ça a l’air exotique, après tout – , LE JOURNAL EROTIQUE D’UNE THAILANDAISE est loin d’être la meilleure œuvre dans la filmographie de Jean-Marie Pallardy. S’il a réalisé ses meilleurs films dans les années 70 – et encore, il n’a jamais vraiment été un bon réalisateur – , les années 80 le voyaient en déclin. LE JOURNAL EROTIQUE D’UNE THAILANDAISE n’est donc pas une complète perte de temps, mais il est loin de convaincre. Les éléments qui auraient pu sauver ce film ne sont malheureusement pas exploités. Ainsi, le côté action et aventure est complètement ignoré. À part quelques scènes de dialogue qui confirment la mission secrète de Paul, et une scène – très courte – de bagarre, Jean-Marie Pallardy ne nous offre aucun des frissons et des moments d’excitation qu’on associe aux films d’actions cheaps et énergiques. Quel gâchis ! À la place nous sont offertes des scènes interminables d’acteurs se promenant et posant dans les décors thaïlandais. On a l’impression que Pallardy le réalisateur a capitulé devant Pallardy le touriste. Finalement, il commet le crime ultime de tout réalisateur, et ennuie le spectateur.
Pourtant, tout n’est pas perdu dans LE JOURNAL EROTIQUE D’UNE THAILANDAISE. Tout d’abord, il faut mentionner la présence de la sublime Brigitte Lahaie parmi les acteurs. Si elle n’a pas grand chose à faire, si ce n’est supplier Paul de lui faire l’amour sauvagement – il faut dire que Jean-Marie Pallardy sait quand même se mettre en scène dans ses propres films – , la seule vision de son corps suffit à satisfaire ses fans. Au moins dans un premier temps : comme le film est plutôt soft, il ne nous est pas offert beaucoup à nous mettre sous la dent. Les adorateurs de Marilyn Jess seront encore plus déçus, étant donné qu’elle ne partage l’écran avec Jean-Marie Pallardy que pendant quelques minutes au début.
Si les prises interminables des localités thaïlandaises sont parfois à mourir – d’ennui, bien sûr – , Jean-Marie Pallardy arrive à quelques occasions à réveiller – inconsciemment ? – l’accro du cinéma bis en nous, et s’aventure timidement dans le mondo. Ainsi, il nous offre une séance de strip thaïlandais, où la danseuse fait couler de la cire chaude sur ses parties délicates, et décide de cacher des œufs cuits – sans vouloir gâcher la surprise, c’est là où vous l’avez probablement imaginé. Une autre séquence nous montre des dompteurs de crocodiles, l’un d’eux allant jusqu’à mettre sa tête dans la bouche d’un des reptiles. Malheureusement pour les plus endurcis d’entre nous, ça se termine là, et personne n’est dévoré.
La mise en scène est à la hauteur de ce qu’on attend de Jean-Marie Pallardy, et la seule scène de bagarre est plutôt bien filmée. Ceci vaut aussi pour Jean-Marie Pallardy acteur, ce qui est moins bon signe, Pallardy ayant toujours été meilleur réalisateur qu’acteur. S’il s’est attribué le rôle de photographe – rôle qu’il semble aimer en tant qu’ancien modèle – , il ne convainc pas du tout en tant qu’agent secret. Par manque de charisme, on ne le voit pas en James Bond français tombeur de filles, et le fait qu’après une demi-heure, les deux agents disparus sont oubliés en faveur des attractions locales montre que Jean-Marie Pallardy n’y croyait pas vraiment non plus.
LE JOURNAL EROTIQUE D’UNE THAILANDAISE n’est pas la première œuvre à visionner pour se familiariser avec la filmographie de Jean-Marie Pallardy. C’est loin d’être un bon film, et sûrement une des œuvres qualitativement mineures de son auteur. On reconnaît certains élément chers au réalisateur – les belles filles bien sûr, l’obsession pour la photographie et le monde des modèles, le machisme des hommes, un certain romantisme de roman de gare – , ce qui permet d’intégrer ce film dans son œuvre, mais on ne peut reconnaître ces éléments qu’après avoir vu d’autres de ses films. Ce film se laisse donc regarder, mais n’apporte finalement rien de plus à une quelconque compréhension de l’univers de Jean-Marie Pallardy. Pour les complétistes de Pallardy, donc, ou ceux qui adorent les BLACK EMANUELLE pour leur côté “scènes touristiques”.