The Undying Monster
Cette série B courte (60 minutes) semble davantage ressortir du policier à la Sherlock Holmes que de l’horreur mais traite pourtant du thème de la lycanthropie, lequel venait d’être remis au gout du jour avec la sortie du LOUP-GAROU de la Universal. On retrouve même dans THE UNDYING MONSTER un petit poème, réminiscence avouée des quelques vers du LOUP-GAROU expliquant l’origine de la malédiction.
20th Century Fox apporte donc son eau au moulin des monstres poilus avec cette intrigue largement inspirée du « Chien des Baskervilles » de Conan Doyle. A mi-chemin entre l’épouvante et le « murder mystery, l’intrigue nous présente Oliver Hammond et sa sœur Helga, descendants d’une famille maudite. Alors que Oliver revient vers sa demeure en compagnie de Kate O’Malley, il est attaqué par une créature mystérieuse qui s’en prend si vivement à la pauvre Kate que la jeune femme se trouve plongée dans le coma, entre la vie et la mort. Mais ce n’est pas, loin de là, la première victime de la malédiction ! Le sort funeste s’acharnant sur les Hammond remonte en effet à plusieurs siècles, plus précisément depuis le temps des croisades, et Craig, inspecteur en chef de Scotland Yard, décide d’envoyer ses deux meilleurs limiers mener l’enquête. Le très érudit et scientifique Robert Curtis débarque donc à Hammond Hall en compagnie de Cornelia Christopher. Le premier est un sceptique se refusant à admettre l’existence du surnaturel tandis que sa compagne s’y montre nettement plus réceptive. Nos deux enquêteurs tentent de découvrir la vérité mais les Hammond sont peu coopératifs : leurs serviteurs dissimulent manifestement quelques secrets et le médecin de la famille n’hésite pas à détruire certains indices. Quel est donc le secret dissimulé par cette lignée maudite ?
John Brahm, le réalisateur de THE UNDYING MONSTER, débuta sa carrière au milieu des années ’30 et aborda de nombreux genres. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il mit en scène trois films d’épouvante : THE LODGER, HANGOVER SQUARE et ce UNDYING MONSTER de bonne tenue. A partir des années ’50, Brahm se reconvertit et travailla essentiellement pour la télévision jusqu’à sa retraire à la fin des sixties. Sa mise en scène se révèle intéressante et use efficacement des décors gothiques, de la brume et des contrastes entre la clarté et les ténèbres, opposant également l’ambiance archaïque d’un manoir perdu dans la lande aux nouveautés scientifiques. Le détective découvre ainsi l’identité du coupable en ayant recours aux techniques les plus modernes, comme l’analyse spectrographique. Le « couple » formé par nos deux enquêteurs préfigure en quelques sortes les Mulder et Scully de X-FILES même si, sans doute davantage en conformité avec les préjugés de cette époque, la demoiselle se montre crédule tandis que le mâle jure uniquement par la science.
THE UNDYING MONSTER n’est toutefois pas exempt de défauts, reprenant par exemple un procédé déjà envisagé pour LA FELINE et même LE LOUP-GAROU, à savoir « et si tout cela n’existait que dans la tête du meurtrier ? ». Le film suggère en effet que le tueur souffre de lycanthropie, à savoir la maladie mentale, et n’est pas un loup-garou au sens strict du terme. Pourtant cette explication rationnelle assénée lors d’un final peu convaincant contredit totalement la course-poursuite précédente détaillant l’homme loup sous son aspect animal. La scène où il est abattu par la police (aucune balle d’argent ne semble nécessaire) et retrouve dans la mort son aspect humain se révèle d’ailleurs fort réussie mais se trouve en complète contradiction avec la conclusion rationnelle et sentencieuse voulant qu’il s’agisse simplement d’un dérèglement mental. Donc, insiste le scénariste, notre loup-garou n’est pas un vrai « monstre » mais bien un homme ordinaire se changeant en loup car il souffre d’un déséquilibre psychique. Soit ! Le pouvoir de la suggestion ayant ses limites voir le personnage couvert de fourrure courir tel une bête féroce laisse donc perplexe. Néanmoins, ce final assez idiot excepté, THE UNDYING MONSTER déroule une intrigue agréable à suivre et dotée d’un rythme alerte. Le métrage ne durant qu’une petite heure, il était difficile de trainer en route et le cinéaste choisit astucieusement de se concentrer sur son intrigue principale et de ne guère en dévier, aboutissant à une œuvre carrée et bien emballée fort agréable à suivre.
Production sympathique mais un peu trop verbeuse pour convaincre totalement, THE UNDYING MONSTER n’en reste pas moins une intéressante variation sur le mythe du loup-garou et un métrage tout à fait efficace pour les nostalgiques de l’épouvante des années ’40.
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