Dr Renault’s secret
Petite production très prévisible, DR RENAULT’s SECRET s’inscrit dans la lignée des séries B traitant de savant fous avides de manipulations scientifiques délirantes, une thématique assez classique dans le cinéma d’épouvante d’avant la Seconde Guerre Mondiale.
L’intrigue débute par l’arrivée d’un médecin américain, Larry Forbes, dans un petit village de France. Il vient rendre visite à sa fiancée, Madeleine, nièce de l’éminent Dr Renault. Pourtant, dès la première nuit passée dans l’auberge du village, le Dr Forbes échappe à une tentative de meurtre. Les soupçons se portent rapidement sur un ancien repris de justice, Rogell, mais l’attitude de Noel, le serviteur du Dr Renault semble également étrange, en particulier son idolâtrie pour la belle Madeleine. Le bon docteur Renault n’aurait il pas pratiqué l’une ou l’autre expérience contre nature sur son serviteur?
DR RENAULT’s SECRET déroule un scénario assez linéaire dont les révélations, censément étonnantes, se révèlent finalement fort attendues. Le spectateur comprend rapidement que le Dr Renault aime transformer les animaux en être humain, suivant la tradition inaugurée par son quasi homonyme, le Dr Moreau. Les sources d’inspiration de DR RENAULT’s SECRET sont donc à chercher du côté de « L’ile du Dr Moreau » de H.G. Wells mais aussi dans le roman « Baloo » de Gaston Leroux, déjà précédemment adapté à deux reprises au cinéma. L’idée du savant fou transformant ses assistants (ou parfois lui-même !) en singe (l’intérêt de cette « grande avancée scientifique » restant souvent à démontrer) fut d’ailleurs exploitée à plusieurs reprises durant les années ’30 et ’40 à travers des films comme, par exemple, L’HOMME SINGE ou LE SINGE TUEUR. Néanmoins, ce DR RENAULT’s SECRET s’apparente davantage à un mystère surnaturel qu’à un « pur » film d’épouvante. On y retrouve ainsi le lieu confiné (une vaste demeure), les événements étranges, les suspects au lourd passé, le flic chargé de l’enquête mais dépassé par la situation et le héros, individu ordinaire mais obstiné, plongé par hasard dans une intrigue complexe dont il parviendra à dénouer les fils.
Aux cotés de John Shepperd et Lynne Robert, incarnant respectivement le Dr Forbes et sa fiancée, nous retrouvons deux figures familières du cinéma bis de l’Age d’or. Le savant fou Renault est ainsi joué par George Zucco, vu dans LES AVENTURES DE SHERLOCK HOLMES, LA MAIN DE LA MOMIE, LA TOMBE DE LA MOMIE, LE FANTOME DE LA MOMIE, TARZAN ET LES SIRENES ou encore LA MAISON DE FRANKENSTEIN.
Le serviteur simiesque est, pour sa part, interprété par J. Carrol Naish, dont la carrière éclectique va de SAHARA (avec Bogart) à RIO GRANDE en passant par LA MAISON DE FRANKENSTEIN et LA BETE AUX CINQ DOIGTS même si son dernier film fut nettement moins prestigieux puisqu’il s’agit du fameux nanar DRACULA Vs FRANKENSTEIN de Al Adamson. Bref, des habitués du fantastique effectuant leur travail avec application. Même si le « monstre » est en apparence le serviteur, le scénario le rend plus pathétique que terrifiant et le « vrai méchant » reste le Dr Renault lui-même, englué dans ses rêves mégalomanes et cherchant à concurrencer Dieu lui-même.
Un des grands avantages de DR RENAULT’s SECRET réside dans sa durée restreinte (à peine 58 minutes) qui permet idéalement au cinéaste de garder un rythme alerte en dépit d’un déroulement plutôt linéaire et prévisible. Le métrage bénéficie, en outre, d’un budget correct et le climax, situé dans un moulin, se montre plutôt efficace et original.
Si il ne s’élève pas vraiment au-dessus de la masse des séries B des années ’40 mélangeant mystère, fantastique, horreur et théorie pseudo-évolutionnistes à la Darwin, DR RENAULT’s SECRET reste suffisamment satisfaisant pour justifier une vision. Les nostalgiques apprécieront donc cette production divertissante et rondement menée.