Une prière avant l’aube
Billy Moore est un boxeur anglais expatrié en Thaïlande. Il s’enfonce, doucement mais sûrement dans la drogue. Arrêté pour possession de stupéfiants, il se retrouve dans l’enfer carcéral asiatique. Pour survivre, il se pliera aux règles de la prison, allant jusqu’à user de ses poings pour obtenir ses doses. Jusqu’à ce que l’administration pénitentiaire l’autorise à participer à un tournoi de combat de boxe. La victoire lui permettrait de régler ses dettes, mais aussi de se prouver qu’il est encore capable de battre ses démons.
Véritable plongée en enfer, UNE PRIÈRE AVANT L’AUBE, est l’histoire vraie de Billy Moore, adaptée d’après l’autobiographie du boxeur anglais. Le film ne fait pas dans la dentelle. Le réalisateur français, Jean-Stéphane Sauvaire n’épargne ni la violence des coups, ni les corps mis à rude épreuve par la prison. Sa caméra effleure les peaux meurtries avec amour mais aussi dureté. L’image est toujours belle, embrassant les états d’âmes de notre héros, dans une esthétique soignée. L’œil de la caméra ne se détournera jamais, comme l’œil du héros ne parvient à se fermer face aux sévices subis par lui ou ses autres camarades de détention.
De la violence jusqu’à la tendresse, que ce soit éprouvé dans l’amitié ou l’amour charnel, tout est filmé avec un rapprochement des corps, et une recherche de percevoir la texture de la chair et de la peau. Il y a presque une obsession de la peau, filmée en gros plan, de ce balet des corps, imbriqués les uns dans les autres lorsqu’ils tentent de trouver le sommeil à même le sol, ou dans les combats, dans cette rencontre violente qu’il y a sur un ring de boxe. La mise en scène cherche à sacraliser le corps, jusque dans cette séquence de tatouage ressemblant à un baptême.
Cette obsession du corps, cette recherche de la violence, cette expiation dans l’action se retrouve dans l’univers qu’il dépeint dans PUNK un téléfilm que Jean-Stéphane Sauvaire a précédemment réalisé pour Arte mais aussi dans son premier et percutant film JOHNNY MAD DOG. Pour incarner le jeune Billy, il choisit Joe Cole qui s’est fait notamment remarquer dans la série PEAKY BLINDERS où il incarne un jeune délinquant ayant soif de pouvoir et de responsabilité au sein de l’organisation criminelle familiale. Face à lui, un casting exclusivement thaïlandais avec Vithaya Pansringarm, remarqué dans ONLY GOD FORGIVES.
UNE PRIÈRE AVANT L’AUBE ne ressemble pas vraiment aux films carcéraux, à l’exception peut-être de la série OZ qui s’attachait à filmer chaque personnage non pas comme un archétype grossier mais comme un humain ayant ses raisons pour la violence dont il fait preuve. Par bien des aspects, le film ressemble plutôt à un ROCKY, par l’utilisation de la boxe comme le seul moyen de s’extraire de son quotidien, de combattre ses démons et de se racheter.
Passé à Cannes, dans la sélection officielle, puis à L’Étrange Festival, ainsi qu’au Festival Britannique de Dinard, le film commence à se faire une petite réputation et à bénéficier de critiques élogieuses.