Vacanze Per un Massacro
Un évadé (Joe Dallessandro) veut récupérer son butin dans une maison isolée où une couple et une belle-soeur (Lorraine de Selle), accessoirement maîtresse du mari, passent leurs vacances…
Difficile de croire que c’est le réalisateur de MILAN CALIBRE 9, LE BOSS et PASSEPORT POUR DEUX TUEURS, trois pièces maîtresses du policier italien, qui signe ce tout petit film. Et pourtant ! il s’agit bien de Fernando di Léo. Certes, il a dû bénéficié d’un budget microscopique pour ce huit-clos : presque un seul décor, 4 comédiens, une évasion pour le moins minimaliste au début…, mais ce n’est pas une raison. Non, le vrai problème de VACANZE PER UN MASSACRO (dont on cherchera vainement le massacre ou la « folie » du titre en anglais), c’est son manque absolu de tension. Nous sommes en présence d’un thriller sans la plus petite goutte d’angoisse… En fait, on dirait que le film a été pensé pour montrer un maximum de scènes érotiques tout en suivant une intrigue policière quasi inexistante – presque un scénario-prétexte de porno !
Des scènes chaudes qui sont longues, nombreuses et efficaces : le couple qui fait l’amour tandis que Lorraine de Selle se caresse délicatement ; le mari, au matin, qui plonge la tête entre ses jambes tandis que Dallessandro joue les voyeurs ; cette même Lorraine qui aguiche Joe Dallessandro par des positions très explicites (difficile d’y résister, c’est clair !) ; son « viol » qui s’achève en rapport plus que consenti (belle image de la femme…) ; la scène où Dallessan-dro force le mari et la belle-soeur à faire l’amour devant la légitime épouse… Et, enfin et surtout, notons le fait que Lorraine de Selle (CANNIBAL FEROX, WILD BEASTS), passe quasiment tout le film nue ou à demi nue ! Son corps est complaisamment exploité, et il faut reconnaître que cela réjouira l’amateur de jolies femmes. Rarement vu un film noir insister autant sur une anatomie féminine, à part dans une délirante série B de Jean-Pierre Mocky, LA MACHINE A DECOUDRE. D’ailleurs, Lorraine de Selle est en fait le grand atout de VACANZE PER UN MASSACRO, avec le final meurtrier et la nerveuse musique de Luis Enrique Bacalov. Au moins en partie extraite de MILAN CALIBRE 9, elle confirme de ce fait le statut fauché de l’entreprise…
Peut-être que ce parti pris sexy attirera l’érotomane, mais force est de constater que celui qui viendra chercher ici un bon polar ne sera absolument pas rassasié. L’intrigue tient sur du papier à cigarette ; elle paraît incroyablement étirée pour atteindre la durée réglementaire (moins d’une 1 H 30 !) et ne contient pas le moindre suspense. Les 3 otages n’attirent guère la sympathie (le mari est même chasseur, c’est dire…). Leur développement psychologique se réduit à rien. Quant au bandit, il n’a lui non plus aucun intérêt. Joe Dallessandro ne joue pas du tout la comédie ; le regard désespérément vide, il n’est ni impressionnant ni séduisant. On a rarement vu jeu d’acteur plus insipide.
La réalisation est juste fonctionnelle. Le scénario d’une extrême platitude est écrit par di Leo lui-même. Du moins jusqu’à la fin où Di Leo se réveille et fait preuve d’un peu plus de talent. La scène où le mari et la belle-soeur nymphomane attaquent Dallessandro en comptant s’emparer du magot (et en espérant la mort de l’épouse ! on ne vantera jamais assez l’immoralité du bis italien…) est fort bonne. Tournée au ralenti, elle voit les deux amants violemment flingués par le fugitif. Tout aussi chouette est la dernière scène, surprenante et brutale.