Zeiram
Le cinéma asiatique – japonais en l’occurrence – a cela de remarquable qu’il a très souvent fait évoluer ses genres fondateurs de façon cohérente, en adéquation avec les demandes du public. C’est certainement pour cela qu’il produit depuis des décennies maintenant des oeuvres de divertissement de haute volée.
Au tout début des années 90, le « Kaiju Eiga » a déjà soufflé ses trente bougies depuis six ans. Trente années bien remplies par une quantité astronomique de productions GODZILLA, MOTHRA, RODAN et consorts. C’est alors que de jeunes réalisateurs sous influence arrivent sur les plateaux avec l’idée d’entamer une refonte du style.
ZEIRAM découle de cette volonté.
La scène d’introduction, filmée en noir et blanc, nous présente le Zeiram : un démon venu d’une autre planète, créé semble-t-il dans l’unique but de tout détruire sur son passage. Ce prologue nous montre le monstre au prise avec un groupe de militaires. Accompagné d’une musique martiale de très bon aloi, cette entrée en matière s’avère assez impressionnante.
Par la suite nous retrouvons le Zeiram, qui a réussi à s’échapper, en dérive dans l’espace avec comme nouvelle cible notre jolie planète bleue. Il est poursuivi par Iria, une chasseuse de prime, elle aussi venue d’un autre monde, flanquée de son acolyte, une intelligence artificielle nommée Bob. Tous deux ont prévu de faire atterrir et d’éliminer la créature dans un espace dimensionnel parallèle appelée « La Zone ». Seulement voilà, deux petits électriciens tout ce qu’il y a de plus normal font irruption et sont eux aussi balancés dans cette zone parallèle, dépeuplée et sombre, où seules les constructions sont encore visibles.
ZEIRAM est un film à la croisée des chemins. Il peut être défini comme un « Kaiju Eiga » moderne du point de vue de son scénario. Ici, l’unique but, prétexte à de nombreux combats, est la recherche puis l’élimination du monstre.
De ce point de vue, la mission est réussie : le film présente pour l’époque des effets visuels très réussis. Le Zeiram en question est d’ailleurs un monstre humanoïde esthétiquement travaillé. Comme surmonté d’un large chapeau qui lui cache le visage et lardé de vêtements poussiéreux d’un autre âge, son apparence est angoissante. Cette angoisse est renforcée par le fait qu’à aucun moment le spectateur n’est renseigné sur ses origines, ses motivations ou ses pouvoirs. Il semble être gouverné par un visage féminin greffé à son « chapeau », qui s’anime de temps en temps d’un sourire cruel. On trouve également chez ce personnage de petites touches de sadisme bienvenues. On le voit par exemple sortir un bout de chair blanchâtre de ses entrailles et le jeter au sol. La tête puis le torse d’un être humain grimaçant sortent alors de la bouillie avant que le Zeiram ne les piétine férocement.
Ce côté « Kaiju Eiga » en plus violent est ici accolé à une touche de « Sentaï » apportée principalement par Iria, la chasseuse de prime. Son costume bionique ainsi que ses armes rocambolesques relèvent de ce style souvent galvaudé par les « Power Rangers » et consorts. Sa personnalité est très peu effleurée, faute de scènes pour la mettre en valeur. Iria est juste une chasseuse de primes bien décidée à accrocher une nouvelle victime à son tableau de chasse. Les deux terriens sont là, quant à eux, pour apporter une touche comique à l’ensemble ainsi qu’un contrepoids à Iria. Débarqués dans « la Zone » bien malgré eux, totalement dépassés par les événements, ils mettront pourtant, comme de bien entendu, leur pierre à l’édifice en aidant à la difficile destruction du Zeiram.
ZEIRAM est vraiment un film d’action rondement mené, bourrin car rempli non-stop d’explosions et de cascades. Keita Amakemia, le réalisateur, est un spécialiste des effets spéciaux, ce qui explique très certainement la large préférence donnée à l’action. Quand à l’évolution de l’histoire, très basique au demeurant, les rebondissements se ramassent à la pelle et ne paraissent jamais vains.
Bref : pari réussi. ZEIRAM est un excellent divertissement, à ranger aux côtés d’un GODZILLA FINAL WARS avec lequel il partage cette mixité réjouissante « Kaiju Eiga » / « Sentaï ».