retrospective

Mother’s Day (1980)

MOTHER’S DAY sorti en 1980 raconte comment deux fils rednecks vivant avec leur mère vivent complètement retirés de la sociétés dans une cellule familiale très déviante. Trois jeunes femmes citadines partant camper non loin de la maison de cette inquiétante famille vont être enlevés par les deux fistons qui leur réservent un sort guère enviable.

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Le film a été réalisé par Charles Kaufman, le frère de Loyd Kaufman qui a fondé la Troma. Cette boîte de production s’est spécialisée dans les films à tout petit budget où le sexe, le gore et la violence se croisent, une sorte d’hommage aux films d’exploitation avec des films volontairement nanar qui pour certains sont devenus culte comme TOXIC AVENGER ou TROMEO AND JULIET. Ainsi l’on retrouve la marque de fabrique de cette société de production dans ce film où l’on frôle le nanar en de nombreuses occasions.

MOTHER’S DAY possède un titre qui colle bien à l’image idyllique de cette famille forcément dysfonctionnelle. Dans le cinéma d’horreur, les exemples de mauvaise mère pullulent. De Rosemary qui est persuadé que son fils est un démon à madame Bates qui jusqu’après sa mort continue de malmener son fils, les mères sont souvent possessives, prêtes à faire n’importe quoi pour garder leurs rejetons près d’elles. Du moins, la mère Koffin est dans ce moule là. Proche de l’archétype de Morticia Addams, elle aime que ses deux fils soient tout sauf normaux, et cultive chez eux les traditions redneck en vigueur dans tout bon film américain de ces années là, un genre qu’ont illustrés MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE, LA COLINE A DES YEUX et DELIVRANCE.

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Ainsi les deux rejetons d’une mère pareille sont voués à kidnapper les trois pauvres jeunes femmes assez stupides pour choisir de camper sur leurs terres (du moins les considèrent-ils comme tel). Forcément, la chair fraîche et plutôt attirante de ces jolies filles des villes est irrésistible pour les deux grands garçons. S’ensuit alors une scène incroyablement longue où l’une des filles est maltraité, humiliée, violée dans un spectacle grotesque que jouent les deux garçons pour leur mère. Une scène vraiment malsaine puisque la mère regarde ses deux fils violer une femme en les encourageant avec le comportement d’une mère poule. On imagine d’ailleurs que c’est elle qui leur a enseigné tout cela.

Adoptant la forme d’un rape and vengeance, MOTHER’S DAY oscille entre les points de vues, ceux de la famille déviante et celui des survivantes qui finissent par se détacher et se venger des deux abrutit qui les ont enlevées. Comme dans I SPIT ON YOUR GRAVE l’archétype culte du film Rapt and vengeance, littéralement viol et vengeance, on se trouve face à des scènes à la limite de l’insoutenable. Le viol étant de plus inclus dans une mise en scène si grotesque que sa victime semble souffrir plus encore. C’est la même violence d’image que celle très évocatrice de ORANGE MECANIQUE de Stanley Kubrick.

Ici l’humour habituel de la Troma est quelque peu absent. Certes la famille est souvent risible mais il y a quelque chose de profondément malaisant qui retient le rire du spectateur. Les deux fils sont effectivement complètement bouffons aussi bien par leur attitude et leur crétinerie de bas étage que l’accoutrement qu’ils ont et l’aspect caricatural est renforcé par l’attitude théâtrale de la mère, mais il y a toujours quelque chose de malsain pas si éloigné de la famille de Leatherface dans MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE (plutôt proche du 2 d’ailleurs). Les mises en scènes de mini scénettes de viol, les costumes que les deux fils et surtout la mère portent, les jeux de rôles auquel toute la famille semble jouer, y compris dans les moments de vérité quand les deux frères se battent ou quand la mère possessive évoque l’ombre de sa sœur destructrice, Queenie, pour empêcher ses enfants de quitter le nid rendent le tableau bizarre et carnavalesque. En somme, l’humour est trash, acide et forme une pilule assez dure à avaler pour le spectateur.

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Les héroïnes que forment les trois jeunes femmes enlevées ont un rôle finalement minime en comparaison. Bien que chacune soit très bien caractérisées et que le girl power qu’elles forment n’est nullement minimisé par la mise en scène. Au contraire, on sort assez vite du côté scooby gang qu’elles ont, un peu ridicule au début, pour dévoiler une rage peu commune. Finalement pour Abbey, la petite brune qui semble chétive depuis le début, cette aventure est une révélation qui lui permet indirectement d’affronter sa mère possessive et malade qui évoque l’ombre de la mère de Norman Bates au début du film par ses insultes et son intolérance envers sa fille. Même si ce conflit est intéressant, comme le personnage de Trina est plus complexe qu’il n’y paraît, les filles sont néanmoins très pâlottes en comparaison de cette famille, la version au final redneck de la famille Addams.

MOTHER’S DAY en dépit de son humour lourdingue reste un film profondément malsain, féministe et révélateur de son temps. Par la manière dont il parle du cinéma de genre et dont il en rit avec le public, l’on peut voir un témoignage de ce qui se faisait à l’époque et surtout de l’esprit qui se détachaient du cinéma d’exploitation, un curieux mélange de girl power féministe et d’un esprit misogyne, où l’on se moque des bouseux tout en projetant toute sorte de fantasmes sur eux. Un film quasi culte qui a eu un remake en 2010 où tout l’humour avait d’ailleurs disparu.

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