Un texte signé Faye Fanel

USA - 1950 - George Sherman
Titres alternatifs : The Sleeping City
Interprètes : Richard Conte, Coleen Gray, Richard Taber


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retrospective

Brigade secrète (1950) – L’enfer médical

George Sherman, réalisateur de Brigade secrète, fait partie des réalisateurs hollywoodiens ayant contribué à donner une notoriété aux divertissements de série B. Il est particulièrement connu pour ses westerns mettant en avant la culture amérindienne, tels que Comanche. Il excelle également dans d’autres genres cinématographiques comme le polar. C’est un spécialiste de film à petit budget tourné rapidement tout en cherchant à apporter une touche d’originalité.

Brigade secrète 01

Le petit théâtre criminel

Le meurtre d’un interne met la police en alerte. Un officier est envoyé en infiltration à l’hôpital pour découvrir le secret que cache le personnel.
Dans la première partie de Brigade secrète, nous retrouvons un polar classique des années 50. Le récit est structuré autour du témoignage de différents témoins qui progressivement dévoilent le contexte et suscitent le doute. La mise en scène, bien que simple, est très efficace. Elle permet de placer le public en enquêteur prêt à résoudre le mystère.

Les témoins se montrent immédiatement secrets et hostiles, rendant impossible pour les enquêteurs d’en apprendre davantage sur la vie et les circonstances de la mort de la victime. À ce stade du récit, il est décidé d’envoyer un policier ayant une expérience médicale pour espionner les suspects. Sa connaissance constitue le seul moyen de comprendre la victime et de résoudre son meurtre. Cette partie est mise en scène de manière théâtrale, elle est assez courte dans sa durée et son montage.

Il faut souligner que la résolution de l’énigme n’est pas la clé de Brigade secrète. Le spectateur comprend rapidement les tenants et aboutissants grâce à la caméra qui insiste lourdement sur certains panoramas ou objets, brisant ainsi le rythme du récit. Le véritable crime, mis en scène par Sherman, se trouve dans la vie hospitalière.

Brigade secrète 02

L’hôpital, cet enfer

Au travers de ce long métrage, le spectateur suit la vie d’un hôpital. Pour protéger les membres du corps médical et sa réputation, le maire de New York insiste auprès de la production pour rappeler en introduction qu’il s’agit d’une fiction. Le personnel est exemplaire et l’hôpital moderne offre tous les soins.

Si le public est familier du ton sombre et désespéré de la série Urgences, il n’est pas surpris de retrouver une ambiance similaire dans les années 50. Le manque d’argent et la charge mentale subie par les internes les poussent à la dépression et à l’autodestruction. Les victimes sont désespérées et deviennent des choses facilement manipulables et remplaçables. L’hôpital est filmé comme un labyrinthe dont on ne peut s’échapper. Lors de la visite guidée, les internes se rendent vers les cuisines. La caméra filme les escaliers avec un effet de profondeur prononcé. Celle-ci apporte une sensation de vertige avant de se terminer dans la fumée dégagée par les cuisines. Les médecins entrent en enfer. Les scènes de vie quotidienne finissent de planter le triste décor, montrant des médecins noyant leur désarroi sous des blagues sexistes et des tentatives de séduction envers les infirmières.

L’aspect criminel découle de la dureté de ce milieu. Ne pas pouvoir se soigner par manque d’argent et de temps est un vrai problème toujours pas résolu aux États-Unis. La mise en scène sobre et assez figée de Sherman permet de mettre en avant les émotions et le poids porté par les personnages. Il cherche sans cesse les visages pour resserrer son cadre au plus près lors des séquences de soin et de doutes. Les personnages sont sans cesse torturés. L’homme à tout faire contrôlant les paris apparaît comme un diable pactisant avec ces pauvres âmes pour mieux les faire souffrir et les punir.

La série Scrubs compare l’hôpital à un monstre avalant ses victimes jusqu’à l’épuisement. C’est exactement l’effet produit par la mise en scène de Sherman. La caméra ne laisse aucun répit aux protagonistes. La pression mentale ne s’arrête jamais et vole toute leur force. Lors d’une scène de soin, Rowan traite un patient diabétique. Cet homme, infirmier sur le front, se met à trembler face à son patient en prenant conscience qu’un mauvais diagnostic pourrait être fatal. Le personnage est un interne dont la seule supervision se fait par l’infirmière en chef.

Il n’y a pas assez de médecins pour s’occuper des étudiants. Cet exemple permet ainsi de mieux comprendre la comprendre l’état d’esprit de ces internes et pour leur mauvais choix les a conduits à la mort. Brigade secrète n’est pas un polar, mais un drame social dénonçant les inégalités et les problèmes du système de santé américain. Malgré le message imposé par le maire de New York, il est impossible d’occulter la puissance tragique du récit.

Brigade secrète 03
Brigade secrète 04

Une belle découverte

Il serait réducteur de simplement considérer Brigade secrète comme un petit polar sans ambition. Cet aspect n’est qu’un prétexte pour parler d’un drame qui reste tristement d’actualité.





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Spécifications du DVD/Bluray sur le site de Sin'Art

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TEST DU BLU-RAY/DVD :



Elephant film poursuit sa collection des maîtres avec une autre œuvre de George Sherman avec cette édition. Le matériel de base étant très abimé, tout n'est pas optimal au niveau du son, mais l'édition s'en sort très bien au vu du contexte. Le film est présenté par Eddie Moine.

Les + :

- la présentation du film et de son contexte de production par Eddie Moine

Les - :

- Le son pas toujours optimal
- Pas de version française


Pour approfondir le sujet, nous suggérons :
La femme et le monstre - Critique

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Article rédigé par : Faye Fanel

Ses films préférés : Chantons sous la pluie, The Thing, La maison du diable, Evil Dead 2, Fire walk with me... Ses auteurs préférés - JRR Tolkien, Stephen King, Amélie Nothomb, Lovecraft, Agatha Christie... J’adore le cinéma d’horreur et parler de mes nombreuses passions dans mes podcasts sur James & Faye ainsi que sur le site Les Réfracteurs.

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