Un texte signé André Quintaine

USA - 1944 - Sam Newfield
Titres alternatifs : The Monster Maker
Interprètes : J. Carrol Naish, Ralph Morgan, Tala Birell, Wanda McKay, Terry Frost, Glenn Strange, Alex Pollard...


Avant de commencer votre lecture, nous avons besoin d'un retour. Au choix :
- Pour la visibilité, partagez l'article sur vos réseaux en cliquant sur les logos en dessous du titre du film.
- Pour améliorer le référencement, laissez un commentaire en bas de l'article.
- Pour rester en contact, abonnez-vous à la newsletter.
- Pour soutenir financièrement notre éditeur Sin'Art, faites un don de 5, 10 ou 15 euros.

Vous pouvez aquérir aussi pour 8,80 € le n°37 de Sueurs Froides au format papier

Vous appréciez notre travail, c’est important pour nous motiver à continuer. Merci et bonne lecture !

retrospective

Créateur de monstres – Poverty Row de luxe

Créateur de monstres bénéficie d’une spécificité scénaristique obligeant les producteurs à quelques folies budgétaires. En effet, le héros de l’histoire se voit frappé par une terrible maladie qui déforme son visage et nécessite donc la confection d’un masque… Et suscitant la promesse d’un monstre joliment kitsch.

Le Docteur Igor Markoff voit en la fille du célèbre pianiste Lawrence le portrait craché de son épouse décédée bien trop tôt. Afin de forcer le consentement du paternel à lui donner la main de sa fille, le gredin inocule au pianiste une étrange maladie… L’acromégalie, qui provoque un renflement grotesque de l’extrémité des membres de ses victimes…

Cette maladie étrange existe bel et bien. Des personnalités célèbres en souffrent, comme Richard Kiel, alias le Requin, ennemi de James Bond dans L’Espion qui m’aimait (1977) et Moonraker (1979).

Créateur de monstres 04a

Une série B+

Le masque parfaitement effrayant dont est affublé Ralph Morgan ne représente pas la seule dépense consentie par la modeste PRC. La compagnie, membre à part entière des poverty row ayant prospéré du muet jusqu’au milieu des années 50, venait alors tout juste de faire l’acquisition des studios Chadwick. Un investissement que la PRC met à profit en offrant à Créateur de monstres des décors audacieux, comme cette séquence d’ouverture se déroulant dans un théâtre. Avec un peu d’imagination, ces décors rivalisent même avec ceux des opulentes productions de l’Universal.

En 1944, la présence d’un singe dans une cage est un passage obligé des films fantastiques de l’époque. Synonyme de contrées lointaines et étranges non domestiquées par l’Homme Blanc, le gorille assurait son petit effet sur les foules. Aussi confortable soit-il, le budget de Créateur de monstres ne permet cependant pas de s’octroyer la participation d’un gorille en chair et en os. En conséquence, les producteurs décident de faire appel à un acteur en costume.

Sous l’accoutrement, on trouve l’un des spécialistes de l’exercice puisque le bonhomme s’est prêté au jeu durant plusieurs décennies. Dès 1932, Ray Corrigan enfile le déguisement à l’occasion de Tarzan, l’homme singe. Adventures of Captain Africa: Mighty Jungle Avenger! en 1955 constitue sa dernière singerie, après bien d’autres comme Bela Lugosi Meets a Brooklyn Gorilla (1952) ou encore Nabonga (1944). Une spécialité rigolote, mais un peu triste, pour un acteur qui avait su incarner les héros populaires comme dans le serial Undersea Kingdom (1936).

Quoi qu’il en soit, force est de constater que la série B forme aussi un petit monde dans lequel le cinéphile retrouve avec plaisir les mêmes acteurs…

Créateur de monstres 01

Le monde fascinant de la série B

Ainsi, le Docteur Igor Markoff est incarné par J. Carrol Naish. Ici, il use de son accent allemand qui le range immédiatement dans la catégorie des vilains, puisque nous sommes alors en 1944. Le comédien a déjà joué les émigrés inquiétants… Par exemple on le voit prendre du plaisir à hypnotiser les jolies blondes dans Dr. Renault’s Secret (1942). Sa carrière ne sera néanmoins pas entièrement dédiée à la série B, puisqu’il peut aussi parfois intégrer la somptueuse Universal, comme à l’occasion de La Maison de Frankenstein (1944).

L’acteur s’illustre ensuite dans d’innombrables petits rôles à l’occasion de films plutôt insignifiants. On retient néanmoins The New Adventures of Charlie Chan (1957), une série dans laquelle il endosse le personnage du célèbre détective chinois délaissé par Warner Oland. Finalement, Naish met un terme à sa carrière en 1971 après avoir joué sous la direction d’Al Adamson dans Dracula contre Frankenstein… Il était probablement grand temps de prendre sa retraite…

À l’inverse, le visage bienveillant de Ralph Morgan lui permet de jouer des personnages plutôt positifs. Mais pas seulement. Par exemple, dans Night Monster (1942) avec Bela Lugosi et Lionel Atwill, il se venge des médecins qui ont fait de lui un handicapé. Dans Condemned to Live (1935), Morgan est cette fois-ci tragiquement condamné à commettre de tristes méfaits après que sa mère a été mordue par une chauve-souris vampire.

Créateur de monstres peut déjà s’enorgueillir d’un beau casting, mais c’est sans compter sur la présence d’une star qui ne l’était pas encore : Glenn Strange. Celui qui remplacera Boris Karloff dans le rôle de la créature de Frankenstein dès La Maison de Frankenstein (1944), joue ici l’homme de main brutal au service des sombres desseins du Dr Markoff.

Au sein des rôles féminins, Tala Birell incarne l’assistante du toujours sinistre scientifique. Mais la jolie Roumaine, un temps considérée comme la nouvelle Greta Garbo par les studios, incarne un personnage autrement plus positif. Elle bénéficiera même du droit au bonheur lors du happy end.

Enfin, Wanda McKay, qui joue la fille du pianiste Anthony Lawrence, n’en était pas alors à son premier rôle de victime puisqu’elle subit le harcèlement de Bela Lugosi dans Voodoo Man (1944), ainsi que dans Le Monstre de Minuit (1942). Créateur de monstres ne s’avère pas non plus son premier film avec Sam Newfield. En effet, la jeune femme est également de la fête à l’occasion du Corbeau noir (1943), probablement l’un des meilleurs films du plus célèbre des réalisateurs de poverty row…

Créateur de monstres 05

Retour sur terre

Pas vraiment talentueux, Sam Newfield reste néanmoins un véritable touche-à-tout en matière de cinéma, capable d’assumer tous les postes : scénariste, producteur, réalisateur… Et Quels que soient les genres : western, fantastique, film de propagande antinazi…

Mais la quantité ne fait pas pour autant la qualité et Créateur de monstres ne démontre pas le contraire. Les poverty row s’avèrent souvent rébarbatifs par leurs aspects théâtraux. C’est néanmoins un peu moins le cas ici.

Toutefois, la séquence suivant la libération du singe, que Markoff souhaite utiliser pour se débarrasser de son assistante trop curieuse, fait clairement office de remplissage. En effet, la dizaine de minutes de pellicules consacrée à l’affaire n’a en réalité que peu de rapport avec le sujet principal de l’histoire.

Bien sûr, Sam Newfiled ne sait pas, en outre, créer une atmosphère. Le rythme ne se révèle pas non plus un élément qui le passionne. Mais, pour le reste, Créateur de monstres se laisse voir sans déplaisir, grâce à sa fine équipe et les moyens financiers mis à la disposition de l’ouvrage.





Acheter chez Metaluna, c'est soutenir Sueurs Froides - Merci !

Spécifications du DVD/Bluray sur le site de Sin'Art


Disponible en VOD chez Shadowz

Pour approfondir le sujet, nous suggérons :
The Death Kiss - Critique

BANDE ANNONCE :


Chers lecteurs,
aidez-vous à financer le site
et de nouveaux numéros de Sueurs Froides
en versant un don à notre éditeur.



Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

Article rédigé par : André Quintaine

Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks... Passionné de cinéma de genre, oeuvre également sur les blogs ThrillerAllee consacré au cinéma allemand et L'Écran Méchant Loup dédié aux lycanthropes au cinéma

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

6 + 2 =

Share via
Copy link