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Dominique les yeux de l’épouvante, réalisé en 1979 par Michael Anderson, oscille entre la hantise et le thriller paranoïaque, faisant le pont entre deux époques et deux genres.
David et Dominique Ballard forment un couple bourgeois vivant dans l’aisance. Malheureusement, l’amour ne les unit plus. Faisant chambre séparée, ils ne se comprennent plus et ne se supportent plus. Affectée par cette atmosphère et par une chute dans les escaliers, Dominique commence à voir des choses étranges une fois la nuit tombée, à entendre la voix de son époux l’appeler, à dire et faire des choses dont elle n’a pas le souvenir par la suite. Rêve-t-elle ou s’agit-il d’une machination dont elle serait la victime ? Après tout, la richesse du couple vient de sa famille…
Modeste production britannique, Dominique, surnommé Les yeux de l’épouvante, est réalisé par Michael Anderson. Ce dernier vient d’une famille liée au théâtre, lui préfère le cinéma. Il s’y engage après la Seconde Guerre mondiale. En 56, avec son adaptation du Tour du monde en 80 jours, il remporte un Oscar et un Golden Globe. Il va ensuite se rendre à Hollywood où il réalisera Doc Savage Arrive, L’âge de Cristal, mais aussi Orca. Il revient en Angleterre pour tourner Dominique à la fin des années 70.
Petite production musclée.
En dépit d’un budget limité, le film bénéficie d’un casting assez flamboyant avec la présence de Cliff Robertson qu’on a pu voir dans Les 3 jours du Condor de Sydney Pollack, Spiderman 2 de Sam Raimi ou encore Obsession de Brian de Palma. Incarnant le mari, il jette souvent des regards intenses à la caméra. Jean Simmons dans le rôle de Dominique est tout en retenue et en réserve. C’est une actrice de l’âge d’or d’Hollywood qu’on a pu voir dans Spartacus, Le narcisse Noir ou encore Les grandes espérances. À côté de ces deux comédiens à l’impressionnante carrière, Simon Ward avec sa « gueule » d’ange parvient parfaitement à capter l’attention du spectateur. On a pu le voir dans Supergirl, les Hauts de Hurlevent ou encore L’ultime attaque.
Derrière la caméra aussi, des efforts sont faits. Des plans de grues et de traveling impeccablement cadrés semblent se répondre et être construits en miroir. Ce qui n’est pas illogique puisque le film lui-même est construit dans sa narration en miroir. La troisième partie répondant à la seconde qui elle-même répond à la première. Tout n’est que jeu d’illusion ou inquiétantes apparitions. Pour les mettre en scène, ces étranges hallucinations, des lumières dignes d’un giallo apparaissent, du rose, du vert, du violet qui viennent ajouter aux émotions éprouvées par les personnages, mais surtout, qui viennent coller une couleur à un personnage.
L’époux se trouve souvent éclairé d’une lumière rose, quand il est près de la serre notamment, ce qui n’est pas sans rappeler une scène fatale de Deathtrap de Sidney Lumet, mais il peut aussi se retrouver cerné par le vert, couleur souvent associée à la peur comme à l’espoir. Ici on la suppose plutôt dans la première idée. À cela s’ajoutent des décors qui, passant devant l’objectif, viennent enfermer les personnages, comme les barreaux d’un escalier, l’étroitesse d’un couloir ou l’encadrement d’une porte. Un long couloir d’où jaillit souvent une lumière forte, presque spectrale, aveuglante qui ne permet pas de distinguer nettement ce qu’il y a au bout.
Entre deux genres, la maison hantée et le thriller paranoïaque.
Le film peut également évoquer La nuit de tous les mystères, où un couple en crise invite un certain nombre d’hôtes dans une maison hantée. Toutes les scènes se déroulant dans la serre peuvent faire penser à un autre film de ce genre : La maison du diable de Robert Wise. Ces références semblent explicitement choisies pour ancrer le métrage dans une tradition de films fantastiques. Dominique les yeux de l’épouvante oscille sans cesse entre le long-métrage de hantise, le gothisme baroque et le thriller paranoïaque. Par certains aspects, quand la femme soupçonne son mari d’essayer de la rendre dingue, on peut aussi songer à Gaslight de 1944 où un époux essaie de rendre folle sa femme en changeant l’intensité lumineuse et feignant que rien n’a changé. En un sens, Dominique évoque lui aussi la position de l’épouse dévouée dans un rôle qui enferme le personnage, l’oppresse et l’amène à la folie. La bourgeoisie paraît dès lors un piège mortel qui va se refermer sur les personnages.
On peut toutefois regretter le manque de moyens qui donne à certains plans un aspect vidéo. On sent qu’on a tenté de tirer le maximum d’une pellicule sous-exposée lors du tournage, pour certains plans. De même, le mixage du film laisse à désirer. Lors des silences, un souffle apparaît, manifestement dû à un excès de grain.
TEST DU BLU-RAY/DVD
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Le coffret est très beau, en grande partie grâce à l’illustration de son affiche. Le film couché sur le disque n’a pas été restauré, par conséquent, l’image est parfois un peu granuleuse et trop contrastée. Certains plans tirent un peu vers le rose, signe d’usure de la pellicule. Néanmoins, les couleurs et les effets lumineux restent parfaitement perceptibles. Au son, on sent du souffle qui est lié au mixage original du film, un peu trop léger. Les effets sonores restent parfaitement compréhensibles. Points positifs: Points négatifs: => Achetez chez notre partenaire Metaluna=> Spécificités du DVD/Bluray sur le site de Sin'Art |
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Article rédigé par Sophie Schweitzer
Ses films préférés - Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà - Ses auteurs préférés - Oscar Wilde, Sheridan LeFanu, Richard Mattheson, Stephen King et Poppy Z Brite