Urbzn – Guy Kermen – gore breton
Avec deux livraisons chez Trash, Héca-Tomb chez Zone 52 et le très réussi Acid Cop déjà chez Karnage (sous le pseudo de Zaroff), Guy Kermen apparait comme un vétéran du roman gore / Splatterpunk français.
Ici nous suivons Mil Daskal, surnommé “de manière éculée, le Stephen King Français”, auteur le plus vendu de l’horreur, parti pour un salon littéraire dans un bled paumé de Bretagne. Pas très heureux de s’y rendre, notre romancier, mais son éditeur, Pilgrim & Folk, insiste. Donc Mil obéit. Un contexte qui permet à son alter égo Guy Kermen de nous en apprendre davantage sur ses influences: Thomas Harris, Robert Bloch, le John Saul des débuts (époque “Blackstone”), Jack Ketchum, Shaun Hutson, John Russo et Necrorian.
On le voit, Kermen est un enfant de la collection Gore (et des J’ai Lu Ténèbres et autres Pocket Terreur sans doute). Mais revenons à Mil, qui reçoit l’invitation d’un étrange comte adeptes des VHS et des vieilles séries françaises, comme celles de Franju. Il rencontre également sa fille, Roselyne, et voit ses souvenirs enfouis remontés à la surface, lié à un foyer pour mineurs déficients, à Negru Voda. Et le roman de plonger dans l’horreur bien réelle du régime roumain de Ceausescu.
Etonnamment, Urbzn mêle cette trâme historique intéressante à une plus classique intrigue très torture-porn. “On dirait Hostel” déclare même le héros qui assiste à un snuff-movie diffusé sur Internet. Le roman se transforme en une sorte de survival plutôt plaisant avec le quota requis de gore et de passages pornos mais on regrette quelque peu le côté mystérieux et plus original de la première partie. Comme si Kermen / Zaroff avait rassemblé deux intrigues indépendantes pour les lier en un unique récit certes divertissant mais un brin bancal.
Urbzn est d’ailleurs plus long que la moyenne des parutions Karnage et s’approche des 200 pages.
Si on peut préférer le mieux tenu Acid Cop, cette nouvelle livraison reste un roman gore efficace et les scories précitées sont balayées par l’épilogue. Une conclusion “meta” dans laquelle le romancier invite ses “frères de sang” (les autres auteurs de la collection) pour une touche d’humour bienvenue.