Destination Amityville de David Didelot
On le sait (ou pas), le fanéditeur / écrivain / spécialiste du bis David Didelot, auteur de ce DESTINATION AMITYVILLE, se passionne pour certaines affaires criminelles mystérieuses et irrésolues. Entre autre Jack l’éventreur, le monstre de Florence et la tuerie d’Amityville.
Cette dernière se déroule le 13 novembre 1974 dans la petite ville d’Amityville, jumelée avec Le Bourget en France. Ronald DeFéo Junior y assassine ses parents et ses frères et sœurs d’une balle dans la tête. Les voisins n’entendent rien. La légende d’Amityville est en marche.
Le meurtrier présumé (depuis il est fortement suggéré que sa sœur, Dawn, l’ait aidé) déclare avoir « entendu des voix ». Il serait, pour faire court, possédé. C’est la thèse reprise dans le meilleur volet de la franchise cinématographique, « Amityville 2 : le possédé ».
Mais l’histoire ne s’arrête pas là puisque la famille Lutz emménage dans la propriété, situé au 112 Océan Avenue. Ils fuient 28 jours plus tard en affirmant que la maison est hantée.
L’écrivain Jay Anson en tire un roman (présenté comme une histoire vraie) qui connait un énorme succès. Son adaptation cinématographique (un brin décevante mais néanmoins supérieure à sa réputation) transforme la maison coloniale en mythe. Elle devient l’archétype de la maison hantée. C’est d’ailleurs un des rares reproches que l’on peut faire au roman de Didelot : personne (excepté un geek amateur de films d’horreur) ne semble connaitre l’histoire. Admettons. Car le cinéma s’empare de la légende pour une interminable (et souvent minable) série de films.
Après un troisième volet en relief tout juste passable et une tripotée de direct to vidéo (ou téléfilms) dont on sauvera le très sympa « Amityville It’s about time » c’est l’orgie. A la suite des 8 films « officiels » et du remake potable de 2005 on dénombre une trentaine de productions pour la plupart fauchées aux titres risibles. « Amityville Emmanuelle », « Amityville Shark House » et même « Amityville Vibrator ». N’en jetez plus. Un peu de sérieux s’il vous plait ! Et heureusement, ce roman retrouve un ton sérieux bien éloigné des dernières gaudrioles cinématographiques.
Avec DESTINATION AMITYVILLE, David Didelot envoir quelques petits Français en fin de scolarité pour Amityville. Là, un frère et une sœur issus d’une famille dysfonctionnelle s’apprêtent à revivre le destin des DéFéo. De son côté la baraque ravive les instincts d’une enseignante frustrée. Et une truie surnaturelle apparait… La tragédie va-t-elle se reproduire cinq décennies plus tard ? Qui pourrait l’arrêter si ce n’est, peut-être, un vieux flic sur le retour et sa femme agonisant d’un cancer en phase terminale.
Après ses livraisons dans la collection Karnage, ses recueils hommages « Nos plus beaux effets gore » et son « Clito Vidéo » sous pseudo, Didelot nous embarque vers Amityville…
Alors maison hantée ? Influence maléfique ? Folie meurtrière ? Arnaque ou possession ? Disons que le surnaturel se manifeste frontalement mais que diverses interprétations restent plausibles. D’ailleurs le bouquin est préfacé par le petit fils des Warren qui, bien sûr, revendique la réalité des expériences paranormales familiales vécues par les héros de la saga « Conjuring ». La progression se déroule donc de manière efficace : quelques événements étranges, une présence du Mal de plus en plus prégnante et un final où l’enfer se déchaîne. Comme dans « Amityville la maison du diable » mais de manière encore plus spectaculaire, sexuelle et explicite.
Pour les amateurs de récits fantastiques, les « fans » d’Amityville ou ceux qui apprécient un mélange d’épouvante suggestive, d’horreur psychologique et de passages démonstratifs, ponctués par des saynètes érotiques, DESTINATION AMITYVILLE, comme l’aurait dit un célèbre guide, « mérite le voyage ».