Le Pic de Dante – Rallumer la flamme (1997)
À la fin des années 90, le film catastrophe connaît un retour en force dans les salles obscures. En 1996, le public frissonne avec Twister et Daylight. En 1998, la fin du monde est au centre des métrages Armageddon et Deep Impact. En 1997, ce sont les volcans qui déchaînent les passions. Le pic de Dante et Volcano s’affrontent pour tenter de réchauffer les cœurs des spectateurs, malheureusement, ces derniers restent de marbre lors de leurs sorties.
Les vidéos club permettent de raviver la flamme entre les spectateurs et ces deux longs-métrages. De nos jours, Le Pic de Dante revient souvent dans la liste des bons films catastrophes.
Le métrage met en vedette Pierce Brosnan, auréolé par le succès de Goldeneye et Linda Hamilton, la cultissime Sarah Connor de Terminator. Ce couple Star doit affronter l’éruption volcanique, mais également l’explosion de leurs sentiments
Une catastrophe en règle
Le genre du film catastrophe fait son apparition dans les années 30 aux États-Unis, pendant la Grande Dépression. Les histoires mises en scène servent à représenter et à exorciser les angoisses de la population. Il fait un retour remarqué dans les années 70, durant la guerre du Vietnam, pour ensuite disparaître à nouveau et revenir sur le devant de la scène dans les années 90. Les films catastrophes mettent en scène des bouleversements naturels ou des tragédies causées par la science, telles que le nucléaire ou les virus. C’est un genre assez codifié qui vise à aborder les problématiques de la société actuelle tout en délivrant un message souvent positif et réfléchi.
Le Pic de Dante remplit parfaitement le cahier des charges. Dans une petite ville qui célèbre son succès et l’arrivée de nouveaux investisseurs, Harry Dalton, un volcanologue, est contacté par la maire de la ville suite à un tremblement de terre. Ce petit pitch met en lumière l’un des tropes du genre, l’avidité. Les héros se retrouvent toujours confrontés à la convoitise financière d’antagonistes qui méprisent les règles et mettent en danger les autres. On retrouve également un couple de héros qui tentent d’avertir les autres sans être pris au sérieux. Il faut ajouter un personnage bourru qui refuse de quitter sa maison, mettant ainsi en danger le reste du groupe. Pour compléter la liste, citons le chien en danger de mort, mais qui s’en sort de façon miraculeuse. Tous ces éléments sont soutenus par un casting souvent cinq étoiles et la mise en avant du travail d’équipe et de la famille.
Le rôle du film catastrophe est de susciter la peur tout en offrant un grand spectacle. Le métrage doit divertir sans heurter. Pourtant, il a bien plus à offrir, comme c’est le cas pour Le Pic de Dante. Inspiré du célèbre incident du mont Saint Helens, Roger Donaldson aborde le puritanisme américain au travers du coup de foudre des personnages principaux en quête de résilience.
Le faux message
On peut dire du Pic de Dante qu’il s’agit d’un film avec un message écologique, mettant en garde contre la cupidité qui peut dénaturer la nature. Ce message est clairement présent à travers le refus de l’administration de la ville et des supérieurs du docteur Dalton d’écouter les avertissements par peur de perdre un investissement. La nature, dans toute sa grandeur, les punit avec une mort flamboyante.
Les exemples abondent, et l’un des plus frappants survient lorsque le pilote d’hélicoptère demande de l’argent pour effectuer des sauvetages. Son appareil s’écrase, terrassé par les cendres du volcan. Le message écologique est un classique du genre, offrant au public une leçon simpliste et une invitation à protéger la nature. Cependant, il apparaît davantage comme une obligation plutôt qu’une véritable prise de conscience. Cet aspect ne constitue pas réellement l’intérêt du film. Le cœur du Pic de Dante réside dans la relation entre le docteur Dalton et Rachel Wando, la maire.
L’explosion du désir
Les deux héros ont vécu la perte d’un amour et se sont pétrifiés. De plus, ils sont jugés et rabaissés par leur entourage. Harry n’est plus pris au sérieux par ses collègues depuis qu’il est en deuil. Ses hypothèses et ses analyses sont systématiquement remises en question, comme s’il était devenu fou. L’enquête de Harry au Pic de Dante est utilisée par son chef comme un moyen de s’en débarrasser. De son côté, Rachel jongle entre ses fonctions de maire et de mère célibataire. Dans les deux cas, elle est remise en question, que ce soit par le conseil municipal ou sa belle-mère, et on la juge incompétente.
Donaldson choisit de filmer ses personnages en parallèle de l’évolution du volcan. Les premiers remous symbolisent leur mal-être et leur désir de sortir de l’immobilisme dans lequel les personnages se sont enfermés. Le deuxième incident survient après une première tentative de séduction de Dalton. Le troisième se produit lorsque les autres protagonistes comprennent leur attirance et tentent de les séparer en prétextant qu’ils ne voient pas la réalité et font perdre de l’argent à la ville. Il faut attendre 53 minutes pour que le volcan explose enfin au moment où les deux protagonistes cèdent physiquement à leur désir.
Le long métrage raconte l’histoire de deux personnes qui retrouvent le goût de vivre grâce à un coup de foudre. Leur entourage condamne cette relation en la réduisant à une action égoïste nuisant au bien d’autrui. Malgré les apparences, l’Amérique représente une société très puritaine et figée. Pour s’épanouir, le couple doit se rebeller. Cet électrochoc qui réveille à la fois le volcan et les amoureux se produit lors d’une réunion du conseil municipal.
Dalton utilise la métaphore d’une grenouille dans une mare pour expliquer la situation. Si l’eau devient subitement chaude, la grenouille quitte la mare pour se protéger. Mais si l’eau se réchauffe lentement, le batracien ne s’en rend compte que trop tard et se laisse mourir. Cette analogie représente le parcours des personnages. C’est l’étincelle qui fait exploser leur conscience, à l’image de l’éruption volcanique. À partir de ce moment, la mise en scène cesse d’être figée pour rester en mouvement constant. Les personnages avancent toujours, prenant la fuite pour se libérer de ce cadre répressif tout en affrontant les éléments déchaînés.
Sous la cendre
Le Pic de Dante n’est pas un film catastrophe classique, mais un long-métrage sur la résilience et la redécouverte de l’amour. Roger Donaldson livre un divertissement touchant grâce au travail de Pierce Brosnan et Linda Hamilton. Ce duo touche par la simplicité de ses sentiments et sa force. Le métrage n’oublie pas de faire frissonner grâce à ses scènes spectaculaires de coulée de lave. Une œuvre qui ne laisse pas de marbre.